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"Les Héritiers" : les élèves qui ont inspiré le film racontent

Par Assia Hamdi, mis à jour le 03 décembre 2014
1 min

En salles le 3 décembre 2014, le film "les Héritiers" est inspiré de l’histoire d’une classe de seconde de banlieue parisienne, lauréate en 2009 du premier prix du Concours national de la résistance et de la déportation. Pour l’Etudiant, les vrais élèves reviennent sur cette expérience marquante.

Les Heritiers // © Guy-FerrandisScène tirée des "Héritiers", avec entre autres Ariane Ascaride dans le rôle de la prof d'histoire-géo, et debout à gauche, Ahmed Dramé, scénariste et acteur principal. // © Guy Ferrandis / UGC.

Pour beaucoup d'entre eux, il y a "un avant" et "un après". Au départ réticents à participer au Concours national de la résistance et de la déportation, les élèves de la 2nde histoire de l'art du lycée Léon-Blum de Créteil (94) se sont finalement surpassés, sous l'impulsion de leur professeure principale et d'histoire-géographie, Anne Anglès. C'est ce cheminement qui a inspiré "les Héritiers", dont le jeune scénariste et acteur principal, Ahmed Dramé, est lui-même un ancien élève de cette classe.

"J'ai compris que des événements durs s'étaient déroulés"

En 2008, lorsqu'Anne Anglès propose à sa 2nde la plus "faible" de participer à ce concours, les élèves doutent. "On était le bonnet d'âne du lycée", se rappelle Magalie, 21 ans aujourd'hui. Pour la majorité de la classe, l'expérience est d'abord vécue comme une contrainte. "On voyait ça comme du travail en plus", se souvient Anaïs, actuellement étudiante en troisième année à Sup de co La Rochelle. "C'est aussi qu'on ne se sentait pas concernés par ce sujet", avoue Nelson, aujourd'hui diplômé d'un BTS (brevet de technicien supérieur) électrotechnique.

Petit à petit, pourtant, les élèves se laissent apprivoiser. "J'étais opposée au concours, se souvient Magali, très rebelle à l'époque, illustrée par le personnage de Mélanie dans "les Héritiers". Puis j'ai compris que des événements durs s'étaient déroulés. Ça m'a calmée." La classe a aussi été séduite par l'encadrement de leur professeure. "Si elle nous a proposé ce concours, c'est qu'elle nous faisait confiance", remarque Nelson, qui apparaît sous les traits de Max dans le film.

Magalie s'est aussi sentie valorisée. "J'étais mal vue de la prof au début de l'année. Puis, dans le cadre du concours, elle s'est intéressée à mon travail." En 2008, le thème du concours s'intitule "Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi". Leur rencontre avec Léon Zygel, qui fut déporté à leur âge, est une révélation. "Le fait que ce soit arrivé à des enfants m'a heurtée", se souvient Anaïs. En écoutant Léon, Nelson prend conscience " qu'il y a des problèmes plus graves dans la vie".

"Gagner ce concours, ça donne confiance en soi"

Après des mois passés à éplucher des livres et à consulter des photos et des films d'époque, la classe rend sa copie... et remporte le Premier Prix. Grande émotion pour les élèves. "Recevoir un papier officiel avec votre nom comme lauréat, c'est impressionnant", se souvient Nelson. "Ma réaction a été de me dire 'Ah oui, quand même, on n'est pas si bêtes que ça'", lance avec fierté Magalie. Bachelière littéraire, la jeune femme prépare en ce moment le concours d'officier de la gendarmerie.

"Maintenant, j'ai beaucoup plus de conversation sur le sujet", réalise Anaïs, qui espère bientôt partir étudier à HEC Montréal. "Gagner ce concours, ça donne confiance en soi", se réjouit Nelson, qui souhaite se lancer dans l'organisation de soirées. Même si le contexte n'a rien à voir, je me dis que si Léon n'a pas eu peur d'aller à l'encontre de personnes qui allait lui tirer une balle... je ne dois pas avoir peur d'organiser une soirée de 500 personnes." Une leçon de survie devenue leçon de vie.

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