Décryptage

Alternance : et si vous vous formiez dans une école d’entreprise ?

campus veolia refectoire
Les apprentis de Veolia sont hébergés dans une résidence hôtelière sur le campus. © Veolia
Par Sandrine Chesnel, publié le 28 juin 2012
1 min

Steelcase, Veolia Environnement, Danone… les entreprises sont de plus en plus nombreuses à créer leurs écoles pour former en alternance leurs futures recrues. Avantage pour l’étudiant : toucher un salaire et avoir la (quasi) garantie d’un emploi à la sortie. Comment ça marche ? Réponses en 7 questions.

Une école d’entreprise, quèsaco ? L’expression recouvre des réalités différentes mais une offre commune : il s’agit d’une formation développée à l’initiative d’une entreprise, pour satisfaire ses besoins en recrutement.

Ainsi de l’école des ventes Steelcase, lancée à la rentrée 2012 par cet acteur important du mobilier de bureau : “Les écoles de commerce ne préparent pas aux métiers de la vente interentreprises, explique Philippe Robineau, directeur de l’École des ventes Steelcase. Or nos vendeurs s’adressent à des responsables d’entreprises, à des responsables des achats, pas aux clients privés. Avec cette école, nous allons former à nos méthodes des vendeurs de haut niveau, qui connaissent très bien nos produits.”

L’entreprise créé rarement une école de toutes pièces – elle s’appuie le plus souvent sur des partenaires extérieurs (écoles, universités, chambres de commerce et d’industrie, fédérations professionnelles), qui assurent tout ou partie de la formation en adéquation avec les demandes de l’entreprise. Avantage de la formule : vous êtes certain que votre formation sera en phase avec le poste que vous occupez, contrairement à ce qui arrive dans certaines formations en alternance. “J’ai été formé sur les mêmes machines que celles qui servent dans l’entreprise, confirme Geoffrey, qui prépare un BTS (brevet de technicien supérieur) avec le Campus Veolia Environnement. Il y a donc une corrélation complète entre mes cours et mon travail sur le terrain.”

Est-on assuré d’être embauché en CDI dans l'entreprise où l'on a été formé ?

Oui, souvent.

À l’issue de votre formation, si vous avez décroché votre diplôme et que votre alternance s’est bien passée, vous avez toutes les chances d’être embauché par l’entreprise qui vous a formé. Il faut comprendre que la raison d’être de ces formations en alternance “maison” est d’assurer à l’entreprise des recrutements sécurisés de jeunes ayant des compétences attendues. Si l’entreprise a investi de l’argent dans votre formation, ce n’est certainement pas pour vous laisser partir une fois votre diplôme en poche ! L’embauche n’est donc pas garantie, mais presque.

Pour rassurer leurs futurs apprentis (et leur donner envie de venir se former chez elles), certaines entreprises vont jusqu’à préciser dans les contrats qu’un poste sera proposé au jeune à l’issue de son alternance s'il a satisfait à tous les critères (obtention du diplôme, validation du profil par les maîtres d’apprentissage). C’est le cas chez Veolia. “Environ 70 à 80% des jeunes que nous formons signent un CDI (contrat à durée indéterminée) à l’issue de leur formation explique Manuèle Lemaire, directrice du Campus Veolia France. Les 20 à 30% restants continuent leurs études, vont chercher du travail dans une autre entreprise ou se réorientent vers d’autres projets.”


En effet, même si l’entreprise qui vous a formé vous offre un poste à l’issue de votre formation, vous n’êtes absolument pas tenu de l’accepter.À l’École des ventes de Danone, on admet l’idée que tous les jeunes formés ne resteront peut-être pas dans l’entreprise à l’issue de leur formation : “Nous attirons des profils bac+2 qui s’autocensurent parfois et ne candidatent pas spontanément chez nous, contrairement aux bac+5, explique Marion Barthelemy, responsable RH de la direction commerciale Danone Produits Frais France. Constituer un vivier de ressources formées et diversifiées pour notre recrutement tout comme développer l'employabilité de ces jeunes sont nos deux objectifs. Avec pour finalité que chaque jeune puisse se valoriser sur le marché de l'emploi. À l’issue de la première promotion de 16 apprentis, 3 ont signé un CDI chez nous, 3 ont été embauchés dans une autre entreprise, 8 ont continué en master à l’École des ventes Danone, et 2 nous ont quittés pour mener à bien des projets personnels.”

Si l'on est embauché, est-ce au poste occupé pendant sa formation ?

Non, pas toujours.

La plupart des entreprises qui développent des formations “maison” en alternance sont de grandes entreprises, voire de gros groupes qui ont des implantations géographiques variées : elles ne peuvent pas vous garantir que vous serez embauché dans le service dans lequel vous avez fait votre alternance. Mais changer de service ou de secteur géographique sera sans doute plus intéressant pour vous, et facilitera le passage du statut d’ “apprenant” à celui de “salarié à part entière”. Ainsi Romain a été embauché comme chef de marché à l’issue de sa licence management préparée à l’École des ventes Danone : apprenti, il travaillait comme responsable de secteur, mais l’expérience qu’il avait acquise dans la grande distribution avant d’intégrer la formation Danone lui a permis de grimper les échelons un peu plus vite.

Les formations proposées en écoles d'entreprises permettent-elles de décrocher de “vrais” diplômes ?

Oui et non.

Tout dépend de ce que l’on entend par le mot “diplôme”. En alternance, que vous soyez en contrat d’apprentissage ou en contrat de professionnalisation, vous préparez toujours une formation reconnue, soit par le ministère de l’Éducation nationale, le ministère de l’Agriculture ou le ministère de la Culture (diplômes nationaux comme les licences, BTS, masters, etc.), soit par le ministère du Travail (titre professionnel ou certificat de qualification professionnelle : CQP). La formation que vous allez préparer peut donc être un “vrai” diplôme, mais aussi un titre professionnel ou un CQP, développé par une branche professionnelle pour satisfaire aux besoins de recrutements de ses entreprises.

Attention : si vous pensez continuer vos études après cette formation, mieux vaut choisir un diplôme national plutôt qu’un titre professionnel ou un CQP, dont l’objectif est l’insertion professionnelle et non la poursuite d’études. C’est la stratégie choisie par Laëtitia, qui a préparé à l’École des ventes de Danone une licence, puis un master 1, et qui compte bien poursuivre en master 2 l’année prochaine : “L’alternance n’était pas priorité ; je voulais surtout préparer un diplôme national et aller jusqu’au bac+5. Ce qui est possible chez Danone.”

Ces formations sont-elles reconnues dans une autre entreprise ?

Oui.

À moins de changer radicalement de secteur professionnel, vous ne devriez avoir aucun mal à “vendre” votre formation (et l’expérience acquise en alternance) dans une autre entreprise – c’est évident si vous avez préparé un diplôme national, qui répond aux même critères de qualité et de validation partout en France, mais c’est aussi vrai dans le cas d’un titre ou d’un CQP, qui a été validé par une branche professionnelle avant d’être proposé à la formation.

Pendant sa formation, peut-on bénéficier d’une aide au logement de la part de l’employeur ?

Cela dépend.

Certaines entreprises prennent en charge le logement de leurs apprentis pendant leurs périodes de cours : c’est le cas par exemple de la formation de Steelcase qui ouvrira en septembre à Strasbourg mais qui accueillera des jeunes de toute la France. Plus rares sont celles qui, comme Veolia sur son Campus Veolia Environnement, à Jouy-Le-Moutier (95), disposent d’un internat sur place : “C’est très agréable explique Geoffrey. Nous avons des chambres individuelles, le campus se trouve entre les champs et la forêt, c’est un gros plus pour moi qui habite loin, à Fontainebleau”.
 

Quel salaire peut-on toucher quand on fait son alternance dans une école d'entreprise ?

Cela dépend.

Au minimum, vous toucherez le salaire prévu par la loi en fonction de votre type de contrat, de votre âge, et de votre année d’études, soit de 349 à 1.090 € en contrat d’apprentissage, et de 769 à 1.118 € en contrat de professionnalisation. Mais certaines entreprises savent aussi se montrer plus généreuses : chez Veolia, par exemple, Geoffrey touche 1.064 € nets par mois, soit 20% de plus que le minimum prévu par la loi. Chez Danone, les salaires sont lissés sur la tranche haute pour qu’il n’y ait pas de différence entre les alternants, quel que soit leur âge.
 

Liens utiles
- École des ventes Danone
- Campus Veolia Environnement
- École des ventes Steelcase

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