Faire une licence générale en alternance à la fac, c'est possible !
Économie, informatique et même lettres modernes… À l'université, l'alternance en licence générale est encore rare mais possible. Un dispositif qui correspond à la demande de professionnalisation plus précoce des étudiants et peut servir à conforter un choix de spécialisation en master. Tour d'horizon et témoignages.
Alterner fac de lettres et apprentissage en entreprise, c'est possible ! C'est même le quotidien d'Oksana, 21 ans, qui effectue ainsi sa troisième année de licence de lettres modernes appliquées à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée, passant de Baudelaire, Sartre ou Corneille à la rédaction de cartons d'invitation pour des clients. "Le lundi et le mardi, je travaille sur mes missions de communication externe et interne pour RLF, une société de HLM à Paris : réalisation d'affiches pour informer les locataires d'un immeuble sur la répartition des frais de chauffage, rédaction d'un carton d'invitation pour l'inauguration d'une agence à Bordeaux, réalisation de devis de signalétique, etc. Et du mercredi au vendredi, je suis à la fac : cours magistraux sur l'autobiographie, la littérature du XXe siècle ou encore l'histoire de l'orthographe."
Des parcours encore assez rares
Oksana est une pionnière. Même si elle progresse, l'alternance dans les licences générales "classiques" est encore peu répandue dans les universités – en particulier dans les formations de lettres ! Si on exclut les licences professionnelles, qui s'y prêtent facilement, c'est au niveau du master que les possibilités sont les plus nombreuses, en contrat d'apprentissage ou en contrat de professionnalisation.
À l'université Paris 2 Panthéon-Assas, une seule des 32 formations ouvertes à l'apprentissage est une troisième année de licence générale : la L3 de droit… réservée aux sportifs de haut niveau ! Une situation symptomatique. L'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne n'affiche, de même, qu'une seule licence "classique" ouverte à l'alternance, le parcours MIAGE (méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises).
Des disciplines plus adaptées que d'autres
Certains parcours de licence sont tout entiers ouverts à l'alternance. À l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, la licence d'économie-gestion propose ainsi cette formule pour son parcours sciences et techniques du génie logistique. À l'université d'Évry-Val-d'Essonne, c'est le cas en licence AES (administration économique et sociale) mention gouvernance et encadrement des organisations.
On commence également à voir s'ouvrir à l'alternance des licences de sciences de l'éducation (à l'université Paris-Est Créteil-Val-de-Marne), des licences de cinéma-audiovisuel ou de communication (à l'université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, en contrat de professionnalisation).
Confirmer un choix de spécialisation en master
"En 2016, j'ai effectué ma L3 de gestion en apprentissage à Paris-Dauphine pour avoir un réel aperçu de la vie en entreprise et une première expérience de salariée", explique Clara, 20 ans, actuellement en master 1 marketing et stratégie. "L'apprentissage devait aussi me permettre de consolider mon choix de faire du marketing stratégique en master. Je ne me voyais pas choisir cette orientation sans avoir d'expérience en entreprise."
Surmonter les réticences des entreprises
Aujourd'hui, les entreprises embauchant en alternance privilégient encore les profils d'étudiants en master et en licence professionnelle. Ceux de L3 "classique" peinent donc parfois à décrocher un contrat : "Je n'avais pas réussi à trouver d'entreprise au forum de l'alternance organisé par l'université, se souvient Clara. Et parmi celles que j'avais contactées par moi-même, une seule m'a répondu – par la négative, en me précisant qu'elle ne recrutait des apprentis qu'à bac+4." Clara a fini par trouver son contrat chez Clear Channel grâce au réseau des anciens étudiants de sa formation.
"Les étudiants en lettres veulent se professionnaliser plus tôt"
Pourquoi avoir ouvert à l'apprentissage votre licence de lettres modernes appliquées à la rentrée 2017 ?
Parce que les étudiants le demandent ! Le profil des étudiants en lettres a changé en dix ans. Beaucoup conservent le goût de la littérature, mais tous ne souhaitent pas devenir professeurs de lettres. Nous devons donc ouvrir ces études au monde professionnel, même si on ne forme pas encore à un métier précis en L3.
Quel est le contenu des enseignements, en quelques mots ?
Les étudiants apprentis continuent d'acquérir une culture approfondie en lettres et sciences humaines. Il y a toujours un tronc commun aux parcours littéraires : littérature du XVIe siècle, théâtre du XXe siècle, littérature comparée… Mais, dès le premier trimestre, ils s'initient à la PAO [publication assistée par ordinateur] sur des logiciels comme InDesign en parallèle de leurs travaux dirigés de création littéraire.
Combien de places sont ouvertes à l'apprentissage cette année ?
Nous offrons 17 places. Début octobre 2017, seuls trois apprentis avaient signé un contrat d'apprentissage ; quatre autres étudiants étaient en recherche active d'un contrat. La formation a été montée avec le CFA [centre de formation d'apprentis] Descartes de Marne-la-Vallée. Nous avons trouvé une dizaine d'entreprises partenaires qui soutiennent le projet et accueillent des apprentis, comme Danone, L'Oréal ou La Ferme du buisson.
Quel est le rythme de l'alternance ?
Le rythme est de deux jours en entreprise et trois jours à l'université chaque semaine pendant les vingt-quatre semaines de cours. Le reste du temps, les étudiants travaillent à temps plein en entreprise, à raison de cent quarante jours par an au minimum.