Décryptage

Lycées bloqués : comment rattraper les cours perdus ?

Le 31 mars 2016, le lycée Hélène-Boucher à Paris était bloqué, mais pas fermé.
Certains lycées comptabilisent 7 ou 8 blocages en 2016, soit plus d'une semaine de cours perdue, selon le SNPDEN. © Nicolas Tavernier/REA
Par Laura Taillandier, publié le 13 mai 2016
1 min

Le blocage des lycées contre la loi El Khomri aurait entraîné une perte de 10 % du troisième trimestre pour certains élèves, selon le SNPDEN, syndicat de chefs d'établissement. Des lycéens peuvent-ils être pénalisés aux épreuves du baccalauréat ? Comment rattraper le retard accumulé dans les révisions ? Décryptage.

Les lycéens étaient moins nombreux à battre le pavé, jeudi 12 mai 2016, pour protester contre la loi travail. En cause : l'échéance du baccalauréat qui approche. Dans les établissements, l'heure est aux révisions et même aux premiers oraux. 

"Des épreuves ont déjà commencé pour les sections européennes, les langues ou les enseignements facultatifs", souligne Philippe Tournier, le proviseur du lycée parisien Victor-Duruy, à la tête du syndicat de chefs d'établissement, le SNPDEN-Unsa. "Il y a les oraux du bac, les épreuves des BTS, les stages en lycées professionnels, observe également Rachid, porte-parole de la Fidl. Les circonstances se prêtaient moins à la mobilisation", concède-t-il. 

Une perte de plus d'une semaine de cours...

Si la très grande majorité des élèves a repris le chemin des cours ou celui de la salle d'examen, le blocage des lycées aura représenté une perte de 10 % du troisième trimestre pour certains élèves, selon Philippe Tournier. Voire plus dans les lycées où la mobilisation continue. "Des lycées en sont à 7 ou 8 blocages, soit plus d'une semaine de cours perdue sur la dizaine que compte le dernier trimestre", alerte-t-il.

"Comme la fréquence des mobilisations a été marquée le jeudi, le hasard de l'emploi du temps fait que des élèves ont perdu beaucoup d'heures de cours dans une matière en particulier", relève le chef d'établissement, qui fait part de son inquiétude pour les plus fragiles. "Il n'y aura pas un problème d'échec en masse au baccalauréat, mais il y aura des dégâts individuels", prévient-il. 

... qui se rattrape comment ?

Comment récupérer les heures perdues ? Des solutions peuvent déjà se trouver au niveau de l'établissement. "Les professeurs vont essayer de rattraper les choses en mettant les bouchées doubles pendant leur cours, mais ils n'auront alors pas le temps d'organiser des séances de révisions juste avant l'examen", explique Philippe Tournier. Quant à mettre en place des cours de rattrapage,  "ce n'est pas évident de trouver le temps car il n'y a plus beaucoup de semaines de cours".

La Fidl, de son côté, se veut rassurante : "Il ne s'agit pas, à proprement parler, de cours de remplacement, mais on s'organise, témoigne Rachid. Les professeurs nous distribuent des fiches, les élèves se passent les cours. On rattrape comme lorsque l'on est absent, détaille-t-il. Les CPE et les enseignants nous rappellent que le baccalauréat approche et qu'il faut se mettre à réviser, mais ils ne sont pas particulièrement alarmants." 

Pas d'indulgence de la part des correcteurs

En revanche, l'organisation lycéenne ne "compte pas du tout" sur une éventuelle indulgence des correcteurs au bac. Surtout que "personne ne sera capable de faire la corrélation entre une copie ratée à cause de ces heures de cours perdues ou une autre", note Philippe Tournier. Selon lui, la seule solution pourrait être que l'équipe éducative écrive un commentaire sur le livret scolaire pour prévenir le jury. 

De son côté, le ministère de l'Éducation nationale prévient qu'aucun aménagement n'est prévu par rapport à cette situation. L'anonymat des copies rend en effet impossible la prise en compte de ce type de situation particulière, souligne-t-il. 

Miser sur le travail personnel 

La Fidl insiste donc sur l'importance du travail personnel pour rattraper le retard. Si vous êtes dans ce cas, n'hésitez pas à en parler avec vos professeurs. "Ils ont l'habitude que des cours sautent en mai-juin et ils anticipent", explique Jacky Majda, professeur de maths au lycée Jean Drouant et membre du Snalc. Son établissement a connu plusieurs blocages cette année. "Si l'élève a des questions, il faut qu'il contacte par mail son professeur. Des cours de rattrapage peuvent être mis en place sur l'heure du déjeuner pour les élèves volontaires. Des enseignants peuvent mettre en ligne leurs cours sur leur blog", note-t-il. 

Toutefois, pas de recette miracle : "C'est le travail personnel régulier qui paie, souligne-t-il. Il y a de nombreux sites qui permettent de voir le programme ou de s'exercer." Alors, à vous de mettre le turbo pour réviser les parties du programme à côté desquelles vous êtes passé ! 

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