Reportage

Prix Charlie Hebdo : tourner le bac en dérision, c'est possible !

Les trois lauréates et les membres du jury du Prix Charlie 2016
Les trois lauréates et les membres du jury du prix Charlie Hebdo 2016. © Photo fournie par l'auteur
Par Julie Chapman, publié le 10 juin 2016
1 min

Le prix Charlie Hebdo a été remis mercredi 8 juin 2016 à trois lauréates, deux lycéennes et une étudiante. La première édition du concours littéraire du journal satirique tournait autour du bac. De quoi inspirer de nombreux jeunes…

Un succès. Pour la première édition du concours littéraire de “Charlie Hebdo” sur le thème “Et si on remplaçait le bac par…”, le journal a reçu 1.349 textes de collégiens, lycéens et étudiants. “Une souffrance tant par le nombre que par la qualité, ironise Iegor, collaborateur du journal et membre du jury qui devait les départager. Nous avons reçu beaucoup de textes sur Koh Lanta ou Hunger Games.” Les 9 membres du jury ont sélectionné 10 finalistes avant de laisser la main au public qui avait une semaine pour choisir son favori.

Trois lauréates, trois registres différents

Et les trois léaurates sont... Alice, Aurélie et Enora ! Trois jeunes filles, trois textes et trois registres différents.

Alice, 18 ans, étudiante en BTS design graphique option communication et médias numériques, est à l'image de son texte : complètement décalée. Elle a décidé de raconter l'histoire du fantôme d’un bachelier écrasé par un camion poubelle. “Un ami m’a dit : à force d’être tête en l’air, tu vas te faire écraser par un camion poubelle. L’idée était trouvée”, explique-t-elle en riant. Ce n’est pas sa première expérience littéraire. Elle rêve qu'un jour un de ses romans fantastiques soit édité. Passionnée de dessin, elle aimerait se lancer dans la BD.

Alice, Enora et Aurélie, lauréates du Prix Charlie 2016

Alice, Enora et Aurélie, trois jeunes filles, trois textes et trois registres différents. // © Photo fournie par l'auteur

Aurélie, élève en première S de 17 ans, elle, est allée chercher l'inspiration du côté de la médiatisation des migrants. Elle a ainsi osé faire un parallèle entre le bac et le parcours d'un migrant. “So Charlie" ! "Je connaissais l’esprit Charlie : humour noir, langage cru, images frappantes", explique-t-elle, le regard vif. À cette occasion, elle s’est découvert une passion pour l’écriture. Elle pense d'ailleurs se tourner vers la littérature. “Même si je ne me suis pas orientée dans cette voie au lycée, le monde du livre me plaît de plus en plus.”

Enora, lycéenne en seconde de 15 ans, a conquis les jurés par sa douceur et sa sincérité. En s'appuyant sur son vécu, elle raconte l’histoire d’une jeune fille qui n’entend pas et qui n'est pas entendue par le monde extérieur. Loin d’être une débutante, elle écrit quotidiennement. “Je reprends le résumé de certains livres ou films et je réécris l’histoire. J’écris aussi beaucoup de romans psychologiques ou fantastiques.” Fascinée par le monde du cinéma, elle aimerait devenir réalisatrice et pense investir la bourse Charlie [les lauréates ont reçu une bourse de 1.000 €, NDLR] dans son premier film, “dans quelques années”, précise-t-elle en riant.

Drôle et irrévérencieux : des critères de sélection

L’idée du concours a été lancée par l’écrivain et collaborateur de “Charlie Hebdo”, Iegor Gran. Coco, dessinatrice pour le magazine satirique, s'est portée volontaire pour être membre du jury. Avec ses compères, elle a sélectionné les 10 textes finalistes. “Certains membres avaient leur texte fétiche. Le mien, c'était ‘Ils me disent’, qui a été retenu d’ailleurs.” Un critère pour être sélectionné : être drôle et irrévérencieux. Le ton ironique, voire sarcastique, l’intelligence et encore l’engagement ont été clairement récompensés. “Et le côté je-me-fous-un-peu-des-codes aussi”, ajoute-t-elle.

Malgré l’écart d’âge des candidats (de 12 à 22 ans), la qualité des textes était proche. Elle se souvient de Narism, 13 ans. “Il avait la plume de quelqu’un de 20 ans !” Même si elle regrette une similitude entre les textes des trois gagnantes, elle félicite le parti pris des jeunes filles. “Elles ont fait ce pas de côté par rapport à l’actualité qu’on aime à ‘Charlie Hebdo’.”

Publiées dans l’édition du jour, les trois lauréates ont reçu une bourse qui leur permettra de réaliser leurs projets ou leurs études. Fière de cette première édition avec plus de 5.000 votants, l’équipe de “Charlie Hebdo” souhaite réitérer l’expérience. Et pourquoi pas lancer un autre concours, cette fois-ci sur le dessin et la caricature ?

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