Interview

Sophie Jehel : "l’Éducation nationale devrait répondre aux messages des jeunes"

Sophie Jehel, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à Paris 8
Sophie Jehel, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à Paris 8 © Sophie Jehel
Par Maxime François, mis à jour le 25 juin 2015
1 min

Messages, polémiques, pétitions en ligne… Vous avez été nombreux à vous épancher sur la Toile à la sortie des épreuves du bac. Rien que sur Twitter, les messages #bac 2015 ont dépassé le million. Sophie Jehel, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à Paris 8, juge cette mobilisation positive. 

Tout juste sortis des épreuves, les candidats au bac s’emparent des réseaux sociaux pour faire part de leurs impressions voire manifester leur mécontentement. Certains vont même jusqu’à demander le retrait d’exercices jugés trop difficiles. N’est-ce pas excessif ?

Ne soyons pas choqués que nos jeunes contestent sur le web. Il faut s’en réjouir. Nous avons là des adolescents qui ont trouvé de nouveaux moyens pour investir le débat public.  Et même s’ils n’ont pas forcément raison sur le fond et que certains messages  "s’enflamment", ces nouvelles formes d’expression obligent l’Éducation nationale à utiliser de plus en plus les réseaux sociaux, à adapter ses méthodes de communication. C’est-à-dire être à l’écoute des messages que l’on peut y trouver et à y répondre, qu’il y ait 1.000 signatures sur une pétition ou 11.000.

Quel sens donner à ces nouvelles formes d’expression ?

L’importance de la mobilisation montre le crédit que les jeunes accordent au bac. Il reste un rite de passage important vers les études supérieures. Le bac est dans la France de 2015, toujours une institution. Il n’y a rien d’étonnant que les jeunes aient recours aux réseaux sociaux pour en parler. Ils les utilisent dès l’adolescence. Twitter, en particulier, est un lieu d’expression qui renforce leur légitimité en leur offrant une grande visibilité et une réelle liberté de parole.

Mais tous ces messages laissent des traces sur Internet. Les candidats au bac doivent-ils prendre des précautions particulières avant de trop s’épancher ?  

Effectivement les messages restent sur le web dans le temps et pourront donc être retrouvés par de futurs employeurs par exemple. Les lycéens doivent être conscients de cela. Ils doivent donc s’exprimer avec correction et de manière respectueuse. C’est tout aussi important pour protéger leur vie privée que pour gagner en crédibilité dans le débat public. Que les parents se rassurent, la plupart des jeunes qui s’expriment sur les réseaux sociaux sont capables de raisonner. Dès l’âge de 16, 17 ans, ils ont conscience du fait qu’ils sont traçables par ces entreprises.

Les candidats au bac 2015 se sont particulièrement exprimés sur Twitter. Pourquoi selon vous ?

Lors de mes recherches, j’ai observé que la jeune génération accorde plus de confiance à Twitter qu’à Facebook car ils pensent y écrire des messages anonymes. C’est pourtant faux. Ils y racontent en 140 signes plus de choses à chaud sur leur vie personnelle et leurs préoccupations en général. Ils doivent donc être prudents.

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