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Bac de philo : L'Etat - Fiche de révision

L'Etat philosophie
L'Etat philosophie © Adobe Stock
Par Les Bons Profs, partenaire de l'Etudiant, publié le 04 mai 2023
11 min

L’État est un ensemble organisé d’institutions dont le but est de garantir le bon fonctionnement de la société. Cependant, il est important de se rappeler que la domination, la force et la violence sont des caractéristiques qui appartiennent essentiellement à l’État. En effet, l’État est un pouvoir coercitif qui est nécessairement supérieur à celui de la société. La puissance de l’État est considérablement plus importante que celle de la société. Max Weber a ainsi défini l’État comme le « monopole de la violence légitime ». Cela soulève la question de savoir si l’État limite la liberté. À première vue, il peut sembler que oui, étant donné que l’État est un pouvoir coercitif. On pourrait donc penser qu’une société sans État serait plus libre. Cette position est celle de l’anarchisme, qui prône une société sans État.

Les sociétés sans États - Analyse philosophique

Il est possible de considérer sérieusement la position anarchiste en constatant que des sociétés sans État ont déjà existé. Ces sociétés ont été étudiées par l’anthropologue Pierre Clastres au XXe siècle, dans son livre intitulé La société contre l’État. D’après lui, les sociétés indiennes d’Amérique du Sud sont des exemples de sociétés sans État. Clastres explique qu’il y a deux façons d’aborder une société sans État :

· La première consiste à penser que ces sociétés n’ont pas atteint leur but naturel qui serait de se doter d’un État. Elles seraient alors considérées comme des sociétés primitives, archaïques, restées en marge de l’Histoire.

· La seconde façon de voir les choses est de considérer que ces sociétés refusent délibérément de se doter d’un État. Selon Pierre Clastres, cette seconde option est la bonne. L’idée selon laquelle toute société aurait pour finalité naturelle de se doter d’un État est, à ses yeux, de l’ethnocentrisme.

Bien que ces sociétés soient dépourvues d’un État et donc d’un pouvoir coercitif, cela ne signifie pas qu’elles sont totalement dépourvues de pouvoir. Pierre Clastres critique la position ethnocentrique selon laquelle le pouvoir ne peut être que coercitif. Dans ces sociétés, le pouvoir s’incarne plutôt dans la figure du chef indien, qui n’a pas le même rôle qu’un chef d’État. Sa fonction consiste à résoudre les conflits en utilisant sa parole, selon Clastres. Il s’agit donc d’un pouvoir différent, qui s’oppose à celui du chef d’État car il ne repose pas sur la contrainte. Le rôle du chef indien dans la résolution des conflits n’est pas de les trancher, mais plutôt de les résorber. Il doit convaincre les parties en conflit de renoncer d’elles-mêmes à leur querelle, sans recourir à la contrainte.

Cela se fait par sa parole, qui n’a pas un caractère impératif mais persuasif. Le chef indien doit utiliser ses mots, en évoquant notamment l’exemplarité des Anciens, pour convaincre les individus de mettre fin au conflit. Il le fait grâce à son prestige, qui est différent de l’autorité du chef d’État. Le prestige est un pouvoir qui est accordé à celui qui en bénéficie par ceux sur qui il s’exerce, et qui ne peut pas être capitalisé.

Ainsi, dans ces sociétés, le pouvoir existe bel et bien, mais il ne repose ni sur la contrainte ni sur l’État, bien que ces sociétés soient tout de même politiques. Toutefois, certains pourraient faire valoir que la limite de ce modèle de société réside dans sa faible densité démographique. En effet, dès lors que la population s’accroît, la nécessité d’un État semble devenir inévitable.

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État et liberté : ce qu'il faut retenir pour le baccalauréat

Comment justifier la domination de l’État sur la société, alors qu’elle semble être une violence exercée sur cette dernière ? Selon l’argumentaire républicain, cette domination est légitime et justifiable uniquement si elle sert la liberté. En d’autres termes, la puissance étatique est nécessaire pour garantir la liberté des individus en entravant la domination des hommes sur les autres. Le monopole de la violence exercé par l’État est indispensable pour éviter la guerre de tous contre tous. En limitant la liberté individuelle, l’État garantit la sécurité de tous, ce qui est une condition essentielle pour une liberté effective. Cette conception est exprimée dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1793.

Ce raisonnement a conduit à l’émergence d’une doctrine politique, le libéralisme, qui postule que la fonction de l’État envers la société est de protéger la liberté individuelle. Le libéralisme comporte deux pendants.

· Le libéralisme politique. Le concept de l’État minimal est fondé sur la neutralité philosophique de l’État. Selon cette idée, l’État doit garantir un espace de liberté à chaque individu, où il peut déterminer ce qui est le mieux pour lui. L’État doit jouer un rôle d’arbitre entre les différentes libertés, mais ne doit pas imposer une vision normative de ce qui constitue une vie bonne, belle, vraie, etc. En d’autres termes, l’État doit être philosophiquement neutre.

· Le libéralisme économique. Le libéralisme économique affirme que l’État ne doit pas intervenir dans le domaine de l’économie, au nom de la liberté. Selon cette théorie, le marché s’autorégule et l’État doit garantir la liberté des individus en ne s’immisçant pas dans leur vie économique. Cette idée trouve son origine dans la théorie de la main invisible d’Adam Smith. Ainsi, l’État est considéré comme garant de la liberté individuelle, bien que sa domination soit nécessaire au nom de cette liberté. C’est un paradoxe intrinsèque au libéralisme.

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Bac de philo : Socialisme, communisme

Dès le XIXe siècle, les socialistes ont vivement critiqué la position libérale, arguant que l’État libéral pourrait conduire à un état de grande pauvreté qui, à son tour, pourrait engendrer la soumission. Selon eux, si l’objectif de l’État est de garantir la liberté de tous les citoyens, il devrait intervenir dans le domaine économique pour garantir des conditions de vie minimales à tous, afin que personne ne soit obligé de se vendre à ceux qui possèdent des moyens de production et d’accepter des conditions de travail proches de l’esclavage. C’est pourquoi l’État devrait garantir des droits sociaux, tels que le droit à l’alimentation, à l’éducation et au logement, afin que chaque individu puisse avoir accès à ces besoins fondamentaux.
De plus, l’État doit également assurer aux personnes qui ne travaillent pas les ressources pour subvenir à leurs besoins. Ne pas le faire revient à manquer à son rôle de garant de la liberté de tous. Cette idée a conduit à la création du service public. En 1793, Robespierre souhaitait ajouter des droits sociaux à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, car il était sous-entendu que la liberté proclamée dans la Déclaration ne pouvait être pleinement réalisée si les conditions matérielles n’étaient pas satisfaites. Cependant, pour financer le service public, l’État doit prélever de la richesse auprès des personnes qui en ont et la redistribuer à celles qui n’en ont pas, ce qui implique une limitation de la liberté, en particulier de la propriété privée, ce qui est contraire au libéralisme.

Les communistes ont reproché aux socialistes leur position, arguant qu’ils atténuaient la domination plutôt que de l’éradiquer. Grâce au service public, la domination de l’État est moins brutale envers la société. Cette forme de domination moins violente est renforcée par le fait qu’elle est plus facilement tolérable et, par conséquent, moins susceptible de créer les conditions d’une révolution. Les communistes reprochent aux socialistes de réduire la domination plutôt que de l’abolir. S’ils cherchent à éliminer la domination de l’homme sur l’homme, ils doivent supprimer la propriété privée des moyens de production, qui est le principe même de cette domination. Les communistes cherchent à abolir la propriété privée des moyens de production pour créer une société sans classe, où ces moyens appartiendraient à tous. Marx soutient que l’État est forcément un instrument de domination qui sert la classe économiquement dominante. Ainsi, dans une société sans classe, l’État ne serait plus nécessaire. Cependant, les communistes et les anarchistes diffèrent sur la manière d’atteindre une telle société. Pour parvenir à une société sans classe, les communistes estiment qu’il est nécessaire de passer par une phase de dictature du prolétariat, où le pouvoir communiste prend le contrôle des institutions de l’État pour contenir toute révolte capitaliste éventuelle. Il faudra donc une période où l’État sera nécessaire, mais une fois la révolution accomplie, l’État se dissoudra naturellement.

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