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LES ESPACES MARITIMES : UNE APPROCHE GÉOSTRATÉGIQUE

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 05 février 2015
2 min

Les espaces maritimes : une approche géostratégique

Objectif du chapitre

  • Comprendre en quoi les espaces maritimes sont des territoires stratégiques dans la recomposition de l’espace mondial.

Problématique

Comment la mondialisation influe-t-elle sur la géostratégie des espaces maritimes ? En retour comment celle-ci est-elle révélatrice de la hiérarchie des puissances dans la mondialisation ?

1. La mondialisation accroît l’importance stratégique des espaces maritimes

La mer est essentielle pour la mondialisation.

  • Le transport maritime est vital pour l’économie mondiale : 90 % des échanges économiques mondiaux se font par la mer (approvisionnement en énergie, en denrées agricoles, en matières premières ; échanges de produits manufacturés…). Les progrès techniques de la navigation (augmentation des volumes et de la vitesse, réduction des coûts) et les progrès organisationnels (la logistique et l’intermodalité sont facilitées par l’utilisation des conteneurs) ont permis l’explosion des flux qui caractérise la mondialisation actuelle. Le trafic des porte-conteneurs a ainsi été multiplié par sept dans les vingt dernières années.

La mondialisation renforce la littoralisation des hommes et des activités.

  • Cette importance du commerce maritime renforce la localisation des hommes et des activités sur les littoraux et entraîne l’émergence de façades maritimes qui concentrent ports, grandes métropoles et ZES. Les façades maritimes les plus puissantes, la Northern Range en Europe, la façade Atlantique américaine et la façade de l’Asie pacifique deviennent de véritables interfaces à l’échelle mondiale.

Définition
  • Zone Économique Exclusive (ZEE) : définies lors de la conférence de Montego Bay en 1982, les ZEE sont des zones de 200 miles marins (370 km) à partir du trait côtier, où l’exploitation des ressources est la propriété exclusive de l’État. Les zones maritimes hors ZEE sont appelées « eaux internationales ».

  • Zone Économique Spéciale (ZES) : zones dans lesquelles les États donnent des conditions favorables aux entreprises pour qu’elles installent leurs activités (par exemple en Chine, sur le littoral, depuis les années 1980).

La concentration des flux entraîne la multiplication des flux.

  • Les flux empruntent des routes et des points de passage obligés : caps, canaux et détroits. L’importance stratégique de ces passages s’observe facilement sur une carte des flux maritimes. Ils attirent les actes de piraterie et de terrorisme, notamment dans la corne de l’Afrique. Trafics illicites et immigration clandestine (Détroit d’Ormuz, de Malacca) s’y multiplient.

  • Ces risques sont une des raisons qui expliquent la recherche de nouvelles routes, notamment par l’Arctique : le réchauffement climatique, les progrès techniques et la hausse du coût des matières premières rendent potentiellement rentable le passage du Nord-Ouest.

2. La géostratégie des espaces maritimes reflète la mondialisation

Le contrôle des espaces maritimes est encore aux mains des grandes puissances.

  • Ce sont les États les plus impliqués dans la mondialisation qui s’efforcent de contrôler et de sécuriser les routes maritimes, particulièrement les points nodaux.

  • Les échanges sont concentrés entre un petit nombre de ports, dont les principaux se situent dans la Triade ou sa périphérie alors que la majorité des ports du Sud sont insuffisamment équipés et mal reliés à leur arrière-pays. Le trafic par conteneurs exige des infrastructures portuaires très perfectionnées qui nécessitent des investissements conséquents.

La géostratégie des espaces maritimes reflète les évolutions des hiérarchies.

  • On constate le déplacement du centre de gravité du commerce maritime mondial de l’Atlantique au Pacifique. Les tensions en mer de Chine, autour de la délimitation des ZEE et de l’appropriation des ressources et le contrôle de la route maritime asiatique, sont un bon exemple de l’enjeu que représentent les espaces maritimes et de la montée en puissance des pays émergents. Les États-Unis ont fait de la zone Pacifique leur priorité commerciale et diplomatique.

C’est essentiellement par mer qu’ont lieu les interventions militaires et humanitaires.

  • La maîtrise des mers est un signe de puissance politique et militaire. Les interventions militaires récentes ont toutes été soutenues par une force navale conséquente, essentiellement américaine. On constate des investissements conséquents par les pays émergents pour augmenter leur puissance navale et contester ainsi la suprématie américaine.

  • Par ailleurs, la littoralisation des populations accentue la pression sur les littoraux et donc les risques : un aléa climatique ou tectonique est beaucoup plus dangereux s’il touche une population nombreuse et concentrée, comme le montre l’exemple du tsunami de 2004 en Indonésie. Les interventions humanitaires mobilisent de plus en plus les flottes navales.

3. Les enjeux des espaces maritimes provoquent des tensions

Cette appropriation provoque des tensions entre les convoitises nationales et les intérêts de la communauté internationale, entre recherche de profit et durabilité. Les cas du passage de l’Arctique et de l’évolution des politiques de puissance maritime en Asie sont particulièrement révélateurs de ces tensions.

Entre convoitise nationale et intérêts internationaux

  • Les espaces maritimes recèlent de nombreuses ressources halieutiques, énergétiques (production offshore) et minérales. La hausse du coût des matières premières et les progrès techniques renforcent leur attractivité, car une exploitation difficile peut devenir rentable. On estime que plus du tiers des hydrocarbures sera exploité offshore au XXIe siècle.

  • Chaque pays peut exploiter les ressources maritimes dans le cadre de sa ZEE, mais leur délimitation pose souvent problème (par exemple entre la France et l’Espagne) et crée des tensions diplomatiques ou militaires (mer de Chine). Les grandes firmes transnationales (FTN : voir définition dans le chapitre sur la mondialisation) convoitent aussi les ressources au détriment des intérêts nationaux (par exemple, des zones de pêches au large de la Mauritanie).

Entre recherche de profit et durabilité

  • L’énorme attractivité financière que représentent les ressources maritimes entraîne une exploitation massive qui n’est pas sans conséquence. Le ratissage des fonds marins par les grands chalutiers ou la pêche intensive épuisent les ressources halieutiques et plusieurs espèces sont menacées (les poissons pêchés trop jeunes n’ont pas eu le temps de se reproduire). Des chartes de pêche durable sont élaborées, mais elles ne sont pas adoptées à une large échelle.

  • La pollution des eaux par l’extraction des hydrocarbures, les marées noires, les émissions de gasoil et les déchets (et notamment le « sixième continent » formé par des plastiques dans le Pacifique nord) sont préoccupants.

Pour l’examen

  • Le sujet de composition suivant est envisageable : « Des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation (espaces maritimes compris) ». L’analyse d’un ou deux documents (cartes, textes, images, etc.) peut être demandée.

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