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LES GENRES LITTÉRAIRES : DIDACTIQUE

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 26 février 2009
3 min

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DIDACTIQUE

Approche du genre : le genre argumentatif est ici concerné au premier chef dans son intention d'informer autant que de convaincre. Le mot "didactique" est formé sur le grec διδακτικός (« propre à instruire »). Mais les œuvres qui entrent dans le genre didactique ne se caractérisent pas toujours par une simple fonction référentielle ou informative, et c'est à ce titre qu'elles font partie de la littérature. De fait, nous ferons entrer dans cette catégorie un ensemble de textes où, si le propos est toujours d'instruire, les formes sont extrêmement diverses, que la littérature entreprenne de réfléchir sur elle-même ou qu'elle s'allie à toutes les sciences humaines.
Formes dominantes :
  • Types de texte : explicatif, argumentatif, narratif, descriptif, poétique.

  • Le registre didactique, sous la diversité des formes que nous recensons dans ce genre, se caractérise essentiellement par l'alternance entre les fonctions référentielle et expressive, celle-ci garantissant que la littérature retrouve bien ses droits derrière l'érudition. Selon les sous-genres (manifeste littéraire), la tonalité peut être injonctive.

Œuvres caractéristiques :

L'essai propose un discours argumenté sur un problème d'ordre divers (art, culture société). Souvent lié à la simple compilation (littérature d'érudition du XVII° siècle), il a évolué vers une réflexion personnelle sans souci d'exhaustivité (Voltaire : Essai sur les mœurs ; Chateaubriand : Essai sur les révolutions).

  • Chronique historique : présente dans l'Antiquité (Thucydide, Tacite) et le Moyen-Age (Joinville, Villehardouin), l'Histoire devient une science sous l'impulsion de la méthode expérimentale chère aux philosophes (Voltaire : Le siècle de Louis XIV), sans pour autant renoncer aux pouvoirs visionnaires de l'imagination (J. Michelet : Histoire de France). L'"école des Annales" inaugure une histoire capable de saisir jusqu'à la minutie, à l'instar du roman, la vie des petites gens (E. Leroy-Ladurie : Montaillou, village occitan).

  • Biographie : distincte de l'hagiographie (récit édifiant de la vie des saints), la biographie s'est largement répandue à mesure que de plus en plus de personnages s'imposaient à une actualité fortement médiatisée. Elle touche surtout à la littérature quand elle est le fait des écrivains eux-mêmes (Chateaubriand : Vie de Rancé ; J. Michelet : Jeanne d'Arc ; J. Green : Frère François) ou qu'elle sait, par sympathie, en épouser, l'esprit (J. Lacouture : André Malraux ; François Mauriac).

  • Manifeste littéraire : émanation d'un groupe ou d'une école dont il expose les principes, le manifeste peut prendre la forme de la préface (V. Hugo : Préface de Cromwell), de l'opuscule (Défense et illustration de la langue française de J. Du Bellay ; Art poétique de N. Boileau ; Manifeste du surréalisme d'A. Breton), du tract (A la niche les glapisseurs de dieu ! du groupe surréaliste), d'un simple texte (Fonction du poète de V. Hugo ; Les collines, La Jolie rousse de G. Apollinaire) ou d'une lettre (Lettre à P. Demeny d'A. Rimbaud).

  • Genres moraux : les maximes sont des sentences exprimant, sous forme de vérités générales, une expérience morale. La maxime (et ses variétés : aphorisme, apophtegme, proverbe) s'est épanouie dans l'âge classique, soucieux de codifier les passions (La Rochefoucauld, Chamfort, Vauvenargues). C'est sous forme de maximes que s'achèvent souvent les fables (La Fontaine), les apologues (paraboles évangéliques; récits et anecdotes exploités par les philosophes du XVIII° : Fontenelle, Montesquieu, Voltaire), les portraits (La Bruyère, Caractères), où domine néanmoins le récit.

  • Genre philosophique : qu'il s'agisse d'essais (Montaigne), de dialogues (Diderot), de traités (Descartes), de pensées (Pascal) ou de dictionnaires (Voltaire, Dictionnaire philosophique ; Diderot et alii, Encyclopédie), il n'est pas toujours aisé de séparer la philosophie de la littérature, même si l'on se souvient que, pour Proust, une thèse dans un roman fait l'effet d'un coup de revolver dans un salon. L'œuvre d'un Bergson se signale par une évidente qualité formelle. Mais, si l'on consent à excepter les philosophes, on conviendra qu'une part non négligeable de la poésie classique et même romantique (Voltaire, Hölderlin, Hugo) ressortit à l'interrogation philosophique, comme le roman (A. Camus : La Peste, J.P. Sartre : La Nausée) ou le conte justement dit "philosophique" (Voltaire : Candide, Zadig).

  • Critique littéraire : née avec la codification des règles classiques (N. Boileau : Réflexion VII sur Longin), la critique s'est diversifiée dès le XIX° siècle : Sainte-Beuve (Lundis), Taine prétendent expliquer la création par la biographie de l'écrivain et son milieu. Conception dénoncée par M. Proust (Contre Sainte-Beuve) et déjà infirmée par l'intuition fraternelle et passionnée de Ch. Baudelaire (Curiosités esthétiques). Au XX°siècle, pendant que s'épanouit la critique universitaire (A. Thibaudet , Physiologie de la critique), les méthodes psychanalytiques (G. Bachelard, Ch. Mauron, G. Poulet) et l'apport des sciences du langage (G. Genette, Figures ; R. Barthes, Le degré zéro de l'écriture ; J. Rousset, Forme et signification) tendent à effacer la personne de l'écrivain pour n'y plus voir que le lieu de passage d'un langage et de formes où l'humanité trouve ses significations fondamentales.

Exemple :
un manifeste littéraire : P. Verlaine - Art poétique (Jadis et naguère).
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,
L'Esprit cruel et le Rire impur,
Qui font pleurer les yeux de l'Azur,
Et tout cet ail de basse cuisine !
Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

 

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