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PASCAL : LES CONCUPISCENCES

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 10 mars 2009
4 min

Ce terme vient du latin « concupiscentia », mot formé sur le verbe « cupere » qui signifie désirer. Il est notamment employé dans un contexte religieux par Tertullien. Saint-Augustin dont Pascal était un fervent admirateur distingue trois types de concupiscences : la libido sentiendi, la libido dominandi et la libido sciendi.

Littérature – Bac L

Pascal : Les concupiscences

Ce terme vient du latin « concupiscentia », mot formé sur le verbe « cupere » qui signifie désirer. Il est notamment employé dans un contexte religieux par Tertullien. Saint-Augustin dont Pascal était un fervent admirateur distingue trois types de concupiscences : la libido sentiendi, la libido dominandi et la libido sciendi.

I- L’origine des concupiscences

Ce désir excessif vient de notre nature déchue. De fait, l’homme est naturellement désireux de vérité et de bien mais il est incapable de les atteindre du fait du péché originel qui le fait chercher non plus en Dieu mais en lui-même : « Mais malheureux que nous sommes [...], nous avons une idée du bonheur et ne pouvons y arriver, nous sentons une image de la vérité et ne possédons que le mensonge » fr.122. Par conséquent, les concupiscences ne peuvent conduire qu’à des choses vaines.

II- Les trois concupiscences

1- la libido sentiendi

C’est la recherche de la satisfaction des désirs suscités par le corps. On pense de suite au plaisir charnel qui est évoqué dans le fr.74 mais si l’on opère un rapprochement avec les péchés capitaux, on pourrait y inclure la paresse ou encore la gourmandise.

2- la libido dominandi

Il s’agit de l’orgueil qui nous enjoint de nous dominer nous-mêmes mais aussi les autres. Le fait que l’homme estime qu’il est capable de tout contrôler par sa seule volonté est un leurre qui entretient son égarement. Ce désir va donc éloigner l’homme de la connaissance de lui-même tant il est vrai par exemple que « les habiles » sont plus sujets que les autres à l’amour-propre fr.41. Par ailleurs, il va entretenir son désir de supériorité qu’elle soit sociale ou intellectuelle.

3- la libido sciendi

Littéralement, ceci désigne le désir de savoir. Il est donc à l’origine du péché originel puisque c’est l’envie de connaissance qui a poussé Adam et Eve à croquer la pomme. Là encore, ce désir est vain puisque notre raison elle-même ne peut pas tout démontrer et qu’elle est faible (une mouche peut la mettre en défaut fr.20). Pascal aborde dans le fragment 101 la question de la raison et du cœur. Quand bien même la raison est utile car elle permet de distinguer l’homme des animaux (96), elle est limitée. En effet, il y a des savoirs qui ne sont appréhendables qu’à travers l’intuition, seule capable de sentir Dieu.

III- De l’utilité des concupiscences

Bien que condamnables car l’homme en fait un mauvais usage en les tournant exclusivement vers lui, elles pourraient s’avérer être une bonne émulation. Du moins, c’est ce que semble indiquer l’auteur dans les fr. 97 « Les raisons des effets marquent la grandeur de l’homme, d’avoir tiré de la concupiscence un si bel ordre ». Ainsi, l’ordre social dont la concupiscence est à l’origine permet la paix en ce sens qu’il a défini des lois que l’on s’est efforcé de rendre justes. Quant au fragment 109, il nous explique que la concupiscence peut être la voie de la charité, ordre le plus élevé dans la classification qu’opère Pascal (corps, esprit, charité) : « Grandeur de l’homme dans sa concupiscence, d’en avoir su tirer un règlement admirable et en avoir fait un tableau de la charité ». C’est en effet la concupiscence qui nous rappelle notre misère et par là-même notre nature déchue.

Emmanuelle Colas

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