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SE CHERCHER, SE CONSTRUIRE, SE RACONTER, SE REPRÉSENTER

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 15 février 2017
4 min

► QU’EST-CE QU’UNE AUTOBIOGRAPHIE ?

Définition

Auteur = narrateur = personnage principal = je : c’est un genre littéraire dans lequel l’auteur, le narrateur et le personnage principal se confondent, un récit, présenté comme vrai, dans lequel l’auteur raconte sa vie à la première personne.
Étymologie : auto = « soi-même » / bio = « vie » / graphie = « écriture » (→ « l’écriture de sa vie par soi-même »).
Récit rétrospectif (qui « regarde en arrière », qui revient sur le passé). Alternance de deux points de vue, aller-retour entre :
  • le temps du souvenir : au passé, vocabulaire familier et enfantin, regard de l’enfant (→ impression d’authenticité pour le lecteur) ;

  • le temps de l’écriture : au présent d’énonciation, regard de l’adulte.

Le pacte autobiographique

L’autobiographe s’engage à raconter la vérité, ou du moins à retranscrire ses souvenirs avec la plus grande sincérité possible (sorte de pacte, de contrat d’authenticité). Le lecteur est ainsi incité à le croire →- double destinataire de l’autobiographie : soi-même et les autres.
Cependant, sincérité ≠ vérité. Les défaillances de la mémoire amènent souvent le narrateur à faire part de ses incertitudes : il ne peut se souvenir de tout et ne peut être sûr qu’il se souvient bien. De manière générale, la réalité peut être recomposée dans le récit :
  • transformée par l’oubli ;

  • déformée par la mémoire ;

  • réorganisée par le travail de l’écriture ;

  • enjolivée ou passée sous silence pour ne pas dévaloriser l’auteur, ne pas choquer…

Thèmes

L’autobiographie accorde souvent une grande importance à l’enfance, qui contient :
  • des moments fondateurs de la vie ;

  • des moments anecdotiques, des détails, mais importants aux yeux de l’auteur, des moments forts en émotion et ainsi restés gravés dans sa mémoire ;

Il s’agit toujours du point de vue subjectif de l’auteur et non d’un récit objectif des faits.
Il peut s’agir de souvenirs heureux, de souvenirs malheureux, de souvenirs qui évoquent un moment de l’Histoire… Le regard du narrateur peut être amusé (décalage entre le point de vue de l’enfant et celui de l’adulte qu’il est devenu), nostalgique (qui regrette le passé), amer (qui garde trace d’une déception)…

Historique

Même si Montaigne avait déjà parlé de lui dans ses Essais au XVIe siècle, le genre littéraire est né en tant que tel (comme récit organisé et centré sur la vie intime de l’auteur) dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, avec les Confessions de Jean-Jacques Rousseau.
Le genre autobiographique s’est développé au XIXe siècle (François-René de Chateaubriand, Georges Sand…) pour connaître un vif succès aux XXe et XXIe siècle (Colette, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Nathalie Sarraute, Georges Perec…), sous des formes variées.

Genres frontières

Il existe d’autres formes d’écriture de soi, à la frontière de l’autobiographie :
  • le journal intime : écrit au jour le jour, sans structure organisée, sans recul. L’auteur note chaque jour, en inscrivant la date, ce qu’il vient de vivre, de façon très libre. Il ne prend que très peu de recul avec ce qui est raconté (contrairement à ce qui se passe dans l’autobiographie traditionnelle). Il s’agit de confidences, en principe destinées à l’auteur lui- même et non destinées à être lues par d’autres. Ex. : Le Journal d’Anne Frank.

  • les mémoires (attention, le mot est masculin) : un témoignage centré sur l’Histoire plutôt que sur la vie personnelle. Le mémorialiste peut raconter sa vie intime mais met surtout l’accent sur sa vie publique, sur le rôle historique qu’il a joué. Il fait aussi, par là, la peinture d’une société et d’une époque. Ainsi les mémoires constituent-ils des documents précieux pour les historiens. Ex. : Mémoires de guerre, de Charles de Gaulle.

  • le roman autobiographique : une fiction, une fausse autobiographie. Le narrateur ressemble à l’auteur mais ne se confond pas avec lui. Le récit prend l’apparence d’un récit de vie authentique, utilise les mêmes procédés et souvent s’inspire de la vie réelle de l’auteur mais raconte une histoire inventée. Ex. : L’Enfant, de Jules Vallès, ou Vipère au poing, d’Hervé Bazin.

►POURQUOI SE RACONTER ?

Les motivations de l’auteur peuvent être multiples :
  • pour mieux se connaître, observer et expliquer son évolution, sa personnalité ;

  • pour le plaisir de revivre ses souvenirs, de parler de soi ;

  • pour se justifier ;

  • pour exorciser ses maux (vertu thérapeutique de l’écriture), soigner des traumatismes ;

  • pour laisser une trace, défier le temps qui passe (désir de pérennité) ;

  • pour faire partager son expérience, pour témoigner, transmettre, à l’échelle de l’individu (donner des leçons de vie) ou de l’Histoire (offrir un témoignage à valeur historique).

►COMMENT SE RACONTER ?

Sous forme construite (les souvenirs sont réorganisés) ou, dans certaines versions modernes, sous forme de fragments (pour imiter les bribes de la mémoire, qui surgissent de façon décousue et en incluant les petites choses anodines de la vie). Cela permet davantage au lecteur de s’identifier et de revivre à son tour certains souvenirs.
De façon sérieuse ou de façon humoristique : l’auteur utilise alors l’ironie pour se décrire avec distance. L’autodérision (= fait de se moquer de soi) est un moyen à la fois de revenir sur son passé avec un œil critique et de se rendre sympathique aux yeux du lecteur (complicité).

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