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VIVRE EN SOCIETÉ - DÉNONCER LES TRAVERS DE LA SOCIÉTÉ

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 15 février 2017
6 min

► QU’EST-CE QUE LA SATIRE ?

Des écrivains ont depuis toujours fait entendre leur voix pour dénoncer les travers de la société, au moyen d’écrits satiriques.

► QU’EST-CE QUE LA SATIRE ?

Définition

C’est le fait de critiquer en se moquant.

La satire dénonce les travers, les défauts (d’un fait de société, de l’homme…) pour faire changer les choses ou au moins faire réagir et réfléchir. L’auteur cherche à créer une complicité avec le lecteur afin d’emporter son adhésion, de lui faire adopter le même point de vue, la même attitude critique que lui (on appelle ce que pense l’auteur, l’opinion qu’il défend, sa « thèse »).

La satire désigne un genre mais aussi un registre (le roman, le théâtre, la fable etc. peuvent adopter un registre satirique).

Thèmes

Faits de société (la surconsommation, la pollution, la mode, le racisme), personnages ou régimes politiques, défauts humains (l’individualisme, l’orgueil, la lâcheté), modes de vie…

Historique

Dans l’Antiquité, des auteurs comme Aristophane (auteur de pièces comiques) ou Juvénal (poète) critiquaient déjà la vie politique de la cité et les mœurs de leur époque.

Au Moyen Âge, les fabliaux (petites histoires simples et amusantes), les farces (petits intermèdes théâtraux d’un comique grossier, dont l’intrigue repose sur une tromperie) ou des textes plus longs comme Le Roman de Renart raillent les valeurs féodales, la morale courtoise, les vices humains…

Au XVIIe siècle, les moralistes critiquent les mœurs de leur temps et les imperfections de la nature humaine (Pascal, La Bruyère…). Dans ses pièces, Molière met en scène des personnages caricaturaux qu’il ridiculise pour faire la satire des défauts humains : il rappelle que, selon l’ancienne devise, la comédie « corrige les mœurs par le rire » (« Castigat ridendo mores »).

Au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières placent la raison au premier plan et remettent en question les croyances et les pouvoirs admis jusque-là (Montesquieu, Voltaire…).

Au XIXe siècle, le roman peint la société de son temps et porte parfois sur elle un regard satirique. C’est la naissance de la presse ; les dessins satiriques fleurissent pour parler de l’actualité. Les écrits satiriques se développent encore aux XXe et XXIe siècles.

Quelques formes de la satire

Parfois, le roman, la poésie ou le théâtre utilisent le registre satirique.

La fable est une petite histoire imaginaire, qui met en scène le plus souvent des animaux pour dénoncer de façon indirecte les défauts humains. Elle utilise la fiction (fabula = histoire inventée) pour illustrer la leçon qu’elle donne. Elle instruit en amusant, ce qui permet de mieux faire passer le message. La morale peut être explicite (exprimée clairement) ou implicite (sous-entendue).

Le conte philosophique est une histoire imaginaire qui a une valeur philosophique (elle pose des questions sur la nature humaine, le pouvoir…).

Les fragments sont des formes très brèves (succession de textes courts) utilisées par les auteurs pour exprimer leurs pensées, leurs réflexions, sur différents sujets.

Le pamphlet utilise la tonalité polémique (« combat d’idées ») : il s’agit d’attaquer une thèse de façon vigoureuse, de la dénoncer et de la combattre sur un ton virulent, voire violent.

La satire est aujourd’hui utilisée dans tous les arts (peinture, cinéma, dessin…) et dans tous les médias engagés (presse, télévision).

► POURQUOI ?

La satire veut provoquer pour faire réagir et réfléchir, susciter le débat, faire avancer les choses.

L’auteur veut convaincre (en faisant appel à la raison) et persuader (en faisant appel aux sentiments) ses lecteurs.

Il s’agit de donner une leçon morale et de contribuer à corriger les travers critiqués.

► COMMENT ?

Le ton de la satire peut être léger et amusant, grinçant, choquant…

La satire peut être explicite ou implicite. La fiction, qui critique de façon indirecte, a été utilisée autrefois pour éviter la censure et, de tout temps, pour donner plus de poids au message qu’elle illustre.

La satire utilise des effets de grossissement, de rabaissement ou de déplacement, et notamment :
- la parodie : imitation qui déforme pour faire rire. Elle peut donc servir à dénoncer des travers en les faisant ressortir (mais elle peut aussi servir à rendre hommage).

- l’ironie : fait de dire autre chose que ce que l’on pense pour faire entendre cette pensée. Lorsque l’auteur dit le contraire de ce qu’il pense, il utilise l’antiphrase. L’hyperbole, la métaphore et la comparaison sont aussi très utilisées pour mettre en relief les propos. L’ironie est une arme argumentative très efficace puisqu’elle demande une participation active du lecteur, qui doit réfléchir pour comprendre et devient ainsi complice de l’auteur. Elle peut aller jusqu’à l’absurde (la logique dénoncée est poussée à son extrême pour en faire ressortir l’absurdité et l’incohérence).

- l’humour, plus direct que l’ironie car il ne nécessite pas d’être interprété. Il s’agit de faire de l’esprit ; c’est un sel qui fait ressortir d’une manière comique les aspects absurdes ou étonnants de la réalité. L’humour noir le fait avec une pointe de cruauté, sur des sujets dont on ne plaisante pas habituellement.

- un vocabulaire péjoratif (négatif, dévalorisant).

- des questions rhétoriques (fausses questions, n’attendant pas de réponse : l’auteur feint de ne pas savoir pour faire comprendre sa pensée et donner à la réponse un caractère d’évidence).

- la caricature : exagération, grossissement d’un trait pour mieux le dénoncer.

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