Décryptage

Collège : mais où sont passés le latin et le grec ?

Voici les sujets de latin au bac L à Washington.
Avec la réforme, le latin et le grec sont intégrés à l’un des nouveaux enseignements pratiques interdisciplinaires. © Shutterstock
Par Isabelle Dautresme, Laura Taillandier, mis à jour le 21 septembre 2016
1 min

À la rentrée 2016, le latin et le grec ne figurent plus dans votre emploi du temps de collège. Pour autant, les langues anciennes ne disparaissent pas des enseignements. Explications.

Les langues anciennes sont-elles en voie d'extinction au collège ? Malgré la mise en œuvre imminente de la réforme du collège à la rentrée 2016, les inquiétudes persistent sur une disparition du latin et du grec des emplois du temps. Qu’en est-il réellement ? 

Plus d’option, mais un enseignement pratique interdisciplinaire...

À la rentrée précédente, si vous vouliez apprendre le latin, c’était très simple. Il suffisait de demander à suivre l’option, sous réserve que votre collège la propose. Vous aviez alors chaque semaine deux heures supplémentaires de cours en cinquième et trois heures, en quatrième et troisième. En classe de troisième, vous pouviez choisir de vous mettre au grec, à condition, là encore, que l’option existe dans votre établissement.

Avec la réforme, le latin et le grec ne sont plus des options proposées en plus des autres matières. De là à conclure à la mort des langues anciennes au collège, comme certains le disent, il y a un (grand) pas ! À partir de la rentrée 2016, le latin et le grec sont  intégrés à l’un des nouveaux enseignements pratiques interdisciplinaires (les EPI), dénommé "Langues et cultures de l’antiquité". L’occasion de plancher sur les langues anciennes au moins une heure par semaine à partir de la classe de cinquième et de travailler un même projet avec des professeurs de différentes matières.

… auquel s’ajoute un enseignement de complément

Autre possibilité pour approfondir le latin : demander à bénéficier d’un enseignement de complément. Ces cours d'une heure en cinquième et de deux heures en quatrième et troisième sont proposés dans certains établissements aux élèves volontaires. L’enseignement complémentaire de grec est lui accessible lors de la dernière année du collège.

Comme les années précédentes avec l’option latin, c’est votre professeur de lettres classiques qui vous dispensera l’enseignement de complément. En revanche, plusieurs cas de figure se présentent pour l’EPI. Il pourra également être assuré par votre professeur de lettres classiques en lien avec un enseignant d’une autre matière comme le français ou l’histoire-géographie. Mais il est aussi possible qu'un professeur voire plusieurs d'une toute autre matière s'en emparent.

Des premiers chiffres encourageants…

Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l’Éducation nationale, l’assure : "70 % des collégiens seront initiés aux langues et cultures de l’Antiquité contre 18 % auparavant". Aujourd’hui, si "seuls 2 % des élèves poursuivent cet enseignement en lycée", "il y en aura désormais bien plus", se félicite-t-elle à la rentrée.  

Les premiers chiffres communiqués par le ministère sont en effet encourageants. 92 % des collèges dispenseraient à la rentrée l’EPI "Langues et cultures de l’antiquité" et 20 % des élèves devraient suivre un enseignement de complément en latin en cinquième ; un chiffre similaire au nombre d’élèves qui ont pris l’option l’an dernier.

… qui cachent une autre réalité ?

Malgré ces constats positifs, les inquiétudes sont toujours là. "Des élèves bénéficieront de 36 heures de cours de latin en cinquième, d’autres seulement de 10 heures", avance François Martin, président de la Cnarela, une structure qui rassemble des associations de défense de l'enseignement du latin et du grec. Ces différences s’expliqueraient par la durée de l’EPI qui varie d’un collège à l’autre : sur l’année, un semestre voire seulement un trimestre.

Et, selon certains, "on ne peut pas considérer l’EPI comme un cours de latin". "Au mieux, les élèves étudieront la dimension culturelle des langues anciennes mais ce n’est pas la même chose. On ne peut pas dire que 70 % des élèves seront initiés au latin", affirme Jean-Rémi Girard, enseignant et vice-président du SNALC, le syndicat national des collèges et des lycées

Alors qui dit vrai ? Une fois la rentrée passée, les premières remontées des collèges devraient permettre d’en savoir plus. Alors qui dit vrai ? Une fois la rentrée passée, les premières remontées des collèges devraient permettre d’en savoir plus. Selon une première enquête d'un syndicat représentant les enseignants, le Snes-FSU, publiée mi-septembre, seuls 5 % des répondants témoignent d’une suppression des cours de langues anciennes dans leur collège. En revanche, il serait maintenu dans 32 % des cas avec un nombre moindre d’élèves... Affaire à suivre. 

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