Décryptage

"Napoléon n'est plus enseigné au collège" : démêler le vrai du faux sur les réseaux sociaux

Vient le temps de la distribution des manuels.
A la rentrée 2016, de nouveaux programmes vont être enseignés. © Laura Taillandier
Par Paul Conge, publié le 08 septembre 2016
1 min

Napoléon ne serait plus au programme du collège, Vercingétorix non plus... Avec la mise en place des nouveaux programmes à la rentrée, les réseaux sociaux sont noyés sous les rumeurs. L'Etudiant fait le point.

Les nouveaux programmes, mis en oeuvre à partir de septembre, sont sous les feux de plusieurs rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux. Les voilà suspectés de rayer des personnages-clé de l'Histoire, comme Napoléon ou Jeanne d'Arc. Pourtant, ils sont toujours enseignés. Décryptage.

1. "Napoléon n'est plus enseigné au collège"

En vogue sur Twitter : la rumeur selon laquelle l'histoire de Napoléon ne figure plus dans les manuels scolaires.

POURQUOI C'EST FAUX. Un simple coup d'oeil aux programmes officiels dément cette affirmation. Depuis sa mise à jour en novembre 2015, le site de l'Éducation nationale souligne en effet que, en classe de 4e, l'histoire de France est étudiée "de la mort de Louis XIV [en 1715] à l'installation de la Troisième République [en 1870]".

En outre, les documents pédagogiques fournis aux professeurs de 4e précisent que "les réformes révolutionnaires puis napoléoniennes" seront bien traitées, au même titre que le thème "Napoléon Bonaparte au pouvoir".

2. La "justification" du djihad

À en croire certains tweets, les programmes abordent désormais "l'islam et le djihad", qu'ils viendraient même "justifier", comme l'estiment des commentateurs improvisés. Avec souvent les mêmes documents à l'appui, les manuels scolaires sont directement suspectés de faire de la propagande pour le groupe État islamique.

POURQUOI C'EST FAUX. L'histoire de l'islam et des chrétientés est abordé en 5e. La notion de djihad fait bien une brève apparition dans ce programme, à la différence que ce mot n'a pas le sens que privilégient aujourd'hui les médias. Il ne désigne ni le ralliement des djihadistes en Syrie, ni l'idéologie qui l'accompagne. 

Un enseignant en histoire-géographie dans un collège REP à Drancy le souligne : "Le sens principal que je donne au mot djihad (et que je donne aux élèves) c'est d'abord dans le sens spirituel, de l'effort personnel, dans l'exercice de sa foi, dans le but de tendre vers le meilleur de soi-même. C'est avec l'extension de l'Empire, à la fin du VIIème siècle, que le djihad prend une tournure plus guerrière : il va de pair avec la conversion des populations non musulmanes", détaille-t-il.

Devant ces rumeurs, Florian Drenne, professeur d'histoire-géographie au collège Hector Berlioz à Vincennes, soupire : "On a toujours enseigné les monothéismes en 5e et en 6e. C'est exactement la même chose qu'avant : on étudie l'islam, de sa naissance à la prise de Bagdad par les Mongols. On n'est même pas obligés de parler des piliers de l'islam, on n'étudie que le fait religieux, les croisades, les affrontements...".

3. Vercingétorix, Voltaire et Rousseau, etc, "disparaissent" des programmes

Autre "intox" à la mode : les collégiens n'aborderaient plus à cette rentrée Vercingétorix, Hugues Capet, Jeanne d'Arc, Gutenberg, Christophe Colomb, Copernic, Galilée, Richelieu et même Voltaire et Rousseau.  

POURQUOI C'EST FAUX. Excepté Vercingétorix, enseigné lui en CM1 comme le rappelle le programme de 6e ("Lors de la première année du cycle 3 (CM1), a été abordée la conquête de la Gaule par César (...)"), tous les autres sont bien présents à la rentrée. Le siècle des Lumières est bien au menu de la 4e. Ni Hugues Capet ni Jeanne d'Arc ne se sont évaporés : ils irriguent le programme de 5e, dont le second thème est consacré à "l'Occident féodal" et à "l'affirmation de l'État monarchique dans le royaume des Capétiens et des Valois".

Christophe Colomb est aussi étudié, plus tard dans l'année, via le chapitre sur "l'expansion européenne dans le cadre des grandes découvertes".

Quant aux inventeurs et scientifiques cités (Gutenberg, Copernic, Galilée), ils sont examinés dans le même thème, en 5e, via le chapitre sur "les bouleversements scientifiques, techniques, culturels et religieux que connaît l'Europe".

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