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Quelles sont les particularités des établissements français à l'étranger ?

Guide Piau // usage unique
En 2014, les 488 établissements français à l'étranger accueillaient 320.000 élèves dans 130 pays. © plainpicture/PhotoAlto/Odilon Dimier
Par Valérie Piau, publié le 02 octobre 2016
1 min

Les collèges et lycées français à l'étranger dispensent un enseignement conforme aux programmes de l'Éducation nationale. Mais sont-ils soumis aux mêmes règles que les établissements de l'Hexagone ? La réponse de Valérie Piau, avocate, extraite de son ouvrage “Le Guide Piau : les droits des élèves et des parents d'élèves”.

En 2014, le réseau d'enseignement français à l'étranger rassemblait 488 écoles, collèges et lycées établis hors de France, qui scolarisaient environ 320.000 élèves, dont 120.000 Français, dans 130 pays. Tous ces établissements scolaires proposent un enseignement conforme à l'exigence des programmes de l'Éducation nationale et sont homologués par le ministère du même nom. Ils permettent une scolarité sans rupture des apprentissages et des diplômes entre la France et l'étranger, de la maternelle au baccalauréat.

Le suivi et l'animation du réseau scolaire à l'étranger sont assurés par l'AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger), un établissement public national à caractère administratif placé sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères et du Développement international :
– 75 établissements sont gérés directement par l'AEFE (EGD ou établissements “en gestion directe”) ;
– 156 ont passé une convention avec l'AEFE (établissements conventionnés) ;
– 257 autres sont des établissements partenaires.

Vrai ou faux ?

1. L'AEFE (Agence pour l'enseignement français à l'étranger) peut invoquer l'absence de place disponible pour refuser d'inscrire un enfant français ? Faux

2. L'exclusion définitive d'un établissement français à l'étranger géré directement par l'AEFE peut être contestée devant le tribunal administratif ? Vrai

3. Il existe une commission d'appel pour contester les décisions d'orientation des établissements français à l'étranger ? Vrai

Quels sont les critères d'homologation des établissements ?

La liste des établissements scolaires français à l'étranger est établie par le ministre chargé de l'éducation, en accord avec le ministre des Affaires étrangères. Elle est révisable annuellement. Seuls peuvent y figurer les établissements du premier ou du second degré qui sont ouverts aux enfants de nationalité française résidant hors de France, auxquels ils dispensent un enseignement conforme aux programmes, aux objectifs pédagogiques et aux règles d'organisation applicables, en France, aux établissements de l'enseignement public.

Les établissements scolaires français à l'étranger doivent préparer les élèves aux examens et diplômes auxquels préparent les établissements d'enseignement public en France.

Ils peuvent également accueillir des élèves de nationalité étrangère.

L'objectif : la continuité de la scolarité entre la France et l'étranger

La scolarisation accomplie par les élèves dans les établissements scolaires français à l'étranger est considérée, en vue de la poursuite de leurs études et de la délivrance des diplômes, comme effectuée en France dans un établissement d'enseignement public, selon l'article R. 451-15 du Code de l'éducation.

Les décisions relatives à la scolarité des élèves, notamment les décisions d'orientation, prises par les établissements scolaires français à l'étranger s'appliquent en France dans les établissements d'enseignement publics et dans les établissements d'enseignement privés sous contrat. Elles s'appliquent également dans les autres établissements scolaires français à l'étranger.

La scolarité dans les établissements français à l'étranger est organisée en cycles, conformément à l'article L. 311-1 du Code de l'éducation. Pour chaque cycle, ces établissements appliquent les objectifs et les programmes prévus au Code de l'éducation. Toutefois, ils peuvent apporter certains aménagements pour tenir compte des conditions particulières dans lesquelles s'exerce leur activité et pour renforcer leur coopération avec les systèmes éducatifs étrangers.

Quels sont les droits et les obligations des élèves ?

Les droits et obligations des élèves et les règles de participation des membres de la communauté éducative sont définis par le règlement intérieur de l'établissement, dans le respect d'une part des principes généraux du Code de l'éducation français et d'autre part de la législation de l'État dans lequel l'établissement est situé.

Un établissement peut-il refuser un élève faute de place disponible ?

L'AEFE est tenue d'assurer vis-à-vis des enfants français à l'étranger les missions de service public relatives à l'obligation de scolarisation. C'est pourquoi elle ne peut invoquer vis-à-vis des familles d'enfants français l'absence de place disponible dans un établissement français à l'étranger en gestion directe. C'est ce qu'a affirmé la cour administrative d'appel de Paris en déclarant illégale, le 20 mars 2012, la décision du proviseur d'un lycée français en Allemagne qui avait rejeté une demande d'inscription de deux enfants français, âgés de 3 et 5 ans, faute de places disponibles au sein de l'établissement.

Des frais de scolarité peuvent-ils être imposés ?

Le principe de la perception de droits de scolarité par les établissements français à l'étranger gérés par l'AEFE a été posé par la loi. Les familles des enfants de nationalité française résidant à l'étranger peuvent être assujetties à des frais de scolarité, comme l'a souligné en 2004 une décision du Conseil d'État, car elles sont placées dans une situation différente de celle des familles des enfants français résidant en France.

Conseil de discipline, procédure d'exclusion : quels recours ?

L'AEFE indique que les sanctions prononcées par les conseils de discipline des établissements en gestion directe sont des décisions administratives et celles prononcées par les conseils de discipline des établissements conventionnés sont des actes de droit commun local.

Contester la décision du conseil de discipline pour les établissements en gestion directe

Dans les établissements français à l'étranger gérés directement par l'AEFE, la décision du conseil de discipline peut faire l'objet d'un recours devant le tribunal administratif.

Recours en annulation. Il est possible de saisir le tribunal administratif compétent s'il existe des motifs d'annulation de la décision dans le délai de deux mois à compter de la notification de la décision.

Référé en suspension. Le tribunal administratif peut être saisi en référé d'une demande de suspension de la décision du conseil de discipline en application de l'article L. 521-1 du Code de justice administrative. Les parents peuvent agir en référé s'il existe d'une part une urgence à suspendre l'exécution de la décision d'exclusion compte tenu du risque de déscolarisation de l'élève exclu, et d'autre part un doute sérieux sur la légalité de la décision.

Principe de rescolarisation. En cas d'exclusion, l'élève de moins de 16 ans, soumis à l'obligation scolaire, peut invoquer le droit à une rescolarisation qui nécessite la réinscription dans un établissement scolaire équivalent à celui dont il a été exclu selon le principe de la continuité éducative, à savoir un établissement français lui permettant de suivre les programmes français pour obtenir un diplôme français selon le système scolaire français. Or souvent, il n'existe qu'un seul établissement français dans le pays étranger concerné et généralement aucun autre établissement français à proximité du domicile de l'élève exclu.

Contester la décision du conseil de discipline pour les établissements conventionnés

L'AEFE rappelle que les sanctions prononcées par le conseil de discipline des établissements conventionnés sont des actes de droit commun local et non des actes administratifs.

Comme l'a affirmé le Conseil d'État dans une décision de mai 2004, les sanctions disciplinaires prises à l'égard des élèves par un établissement conventionné ne relèvent donc pas de la compétence du juge administratif. Les modalités de recours sont celles de contestation de l'acte de droit commun local du pays concerné.

Orientation : quelles sont les procédures ?

Le conseil de classe formule des propositions d'orientation ou de redoublement dans le cadre des voies d'orientation définies à l'article D. 331-36 du Code de l'éducation.

Lorsque ces propositions ne sont pas conformes aux demandes de la famille, le chef d'établissement a l'obligation de recevoir l'élève et ses parents ou l'élève majeur afin de les informer des propositions du conseil de classe et de recueillir leurs observations. Il prend ensuite les décisions d'orientation ou de redoublement, selon l'article R. 451-6 du Code de l'éducation.

Les décisions d'orientation du chef d'établissement non conformes aux demandes de la famille doivent être motivées. Elles sont adressées aux parents de l'élève ou à l'élève majeur, qui font savoir au chef d'établissement s'ils les acceptent ou s'ils en font appel dans un délai de huit jours à compter de la réception de la notification de ces décisions, selon l'article R. 451-7 du Code de l'éducation.

Par dérogation à l'article D. 331-35, la commission d'appel est constituée par le chef de poste diplomatique, présidée par celui-ci ou par une personne désignée par lui, et composée d'un ou plusieurs chefs d'établissement, de deux enseignants et de deux parents d'élèves désignés sur proposition des associations de parents.

POUR ALLER PLUS LOIN
À découvrir aux Éditions de l'Etudiant :
Le Guide Piau : les droits des élèves et des parents d'élèves”,
par Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation
au cabinet-piau.fr.

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