10ème mois de bourse : les réactions des organisations étudiantes

Sophie Blitman Publié le
L’annonce du versement du 10ème mois de bourse a été accueillie favorablement par les organisations étudiantes. Reçues le 26 août au matin au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, elles ont néanmoins mis l’accent sur les conditions de vie qui restent souvent difficiles pour la majorité des étudiants.Laurent Wauquiez, lui, a déclaré vouloir avancer sur la question du logement étudiant.


Satisfaction des organisations étudiantes, qui restent mobilisées


« Une bonne nouvelle » pour la Confédération étudiante , un rendez-vous « constructif » pour la Fage, « une vraie conquête sociale en pleine rigueur budgétaire » pour l’Unef : avec quelques nuances, les organisations étudiantes ont fait part de réactions globalement positives à la sortie de leur entretien rue Descartes, lors duquel Laurent Wauquiez a confirmé que le versement des bourses se fera désormais sur 10 mois pleins .
Cependant, nuance Philippe Loup, président de la Fage, cette mesure n’a « aucun impact sur les étudiants des classes moyennes, trop riches pour avoir des aides, trop pauvres pour vivre convenablement ». De fait, d’après les derniers chiffres du ministère, 80 % des étudiants ne sont pas concernés par ce dispositif : les étudiants non boursiers ainsi que les boursiers de l’échelon 0, exonérés de frais d’inscription et de sécurité sociale mais qui ne reçoivent aucune aide financière.

Revendications sur les conditions de vie et l’emploi

« Les 73 % d’étudiants non boursiers n’ont reçu aucune mesure sociale depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy»
Emmanuel Zemmour (Unef)


C’est pourquoi les organisations étudiantes maintiennent leurs revendications d’aides sociales : allocation de rentrée pour la Fage, « sous conditions de revenus, mais avec une assiette beaucoup plus large que les bourses », aide ponctuelle de 160 € pour les boursiers échelon zéro et revalorisation de 20 % des aides au logement pour les étudiants n’habitant pas chez leur parents pour l’Unef. Son président Emmanuel Zemmour souligne que « les 73 % d’étudiants non boursiers n’ont reçu aucune mesure sociale depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy. Cela explique, poursuit-il, que de moins en moins d’enfants des classes moyennes accèdent à l’enseignement supérieur ».
L’Unef entend aussi profiter de la campagne présidentielle pour susciter « une réflexion globale sur le système d’aides sociales pour les étudiants », en remettant sur le devant de la scène sa revendication d’une allocation universelle d’autonomie.
Quant à la Confédération étudiante, elle « attend que le ministre aborde enfin de vrais sujets de rentrée. Nous devrions être de nouveau reçus sur ce sujet avant le 15 septembre, confie sa secrétaire générale Enora Hamon, qui souligne notamment que « la question de l’accès à l’emploi est primordiale, alors que les derniers chiffres dévoilés par Xavier Bertrand témoignent encore d’une hausse du chômage des jeunes ».

Prochain dossier : le logement


Comme il l’avait déjà dit cet été , Laurent Wauquiez a déclaré vouloir avancer sur la question du logement : « le ministre a entendu nos préoccupations, affirme Emmanuel Zemmour de l’Unef. Maintenant, on attend de voir ».
« L’objectif fixé par Valérie Pécresse de doubler le parc de logements étudiants est maintenu, rapporte de son côté Philippe Loup, mais rien de concret n’a été annoncé ». Or, rappelle le président de la Fage, « le logement représente la moitié du budget étudiant, c’est l’un des plus gros leviers que l’on puisse actionner ».
« 85 % des étudiants qui n’habitent plus chez leurs parents doivent se loger dans le privé, souligne aussi Enora Hamon de la Confédération étudiante, avec les arnaques qui existent ».

Arrêté licence : une mise en œuvre progressive


Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a également expliqué aux organisations étudiantes que la mise en œuvre de la nouvelle licence, dont l’arrêté a été publié au mois d’août 2011, se ferait de manière progressive. En commençant par la possibilité, pour tous les étudiants qui le souhaitent, d’effectuer un stage, dès la rentrée 2011. Un premier pas, mais encore insuffisant pour la Confédération étudiante : « on veut des stages obligatoires dans tous les cursus, explique sa secrétaire générale Enora Hamon, et on revendique la création d’un réseaux des anciens pour que tous les étudiants, quels que soient leur milieu social et le réseau de leurs parents, aient des contacts dans les entreprises ».
Le seuil minimal de 1500 heures de cours en licence, quant à lui, devrait s’appliquer petit à petit dans les universités.

Une polémique pour rien ?

Annoncé par Nicolas Sarkozy en septembre 2009 à Avignon, le versement du 10ème mois de bourse devait s’effectuer en deux temps. A la rentrée 2010, un demi-mois supplémentaire avait été accordé, il semblait donc logique que le demi-mois restant soit versé à la rentrée 2011. Pourquoi, dès lors, tant de craintes ?
« Cet été, le ministre de l'Economie François Baroin a fait preuve de réticences à ce sujet », explique Emmanuel Zemmour à l'Unef. Réticences cependant largement nuancées par Laurent Wauquiez dans un entretien à Libération quelques jours plus tard. Pour autant, « l’Unef a eu raison de maintenir la pression », se félicite le président du syndicat car « on n’est jamais sûr de rien. C’était l’objet de notre annonce sur l’augmentation du coût de la vie étudiante ».
A l’inverse, la présidente de la Confédération étudiante Enora Hamon estime que l’annonce de ce 10ème mois de bourse est « une bonne nouvelle pour une victoire qui a eu lieu il y a deux ans. Nous avons maintenant la réponse officielle, c’est bien, c’est la suite logique, mais pas une nouvelle victoire. Nous sommes contents que cette saga soit finie, nous allons pouvoir parler des vrais sujets de rentrée », poursuit-elle. Et de dénoncer la montée en puissance, pendant l’été, de cette polémique qualifiée de « petits arrangements entre amis ».
Une version bien sûr démentie par Emmanuel Zemmour, qui assure que « l’Unef ne va pas s’arrêter de revendiquer pour autant. On n’achètera pas la paix sociale avec un dixième mois de bourse ».

Sophie Blitman | Publié le