L'université Toulouse 3 vote un plan d'économies de 16 millions d'euros

De notre correspondant à Toulouse, Frédéric Dessort Publié le
L'université Toulouse 3 vote un plan d'économies de 16 millions d'euros
Entre 2012 et 2016, le budget par étudiant de Toulouse 3 est passé de 9.900 euros à 9.100 euros. // ©  Frédéric Dessort
Mercredi 28 septembre, le conseil d'administration de Toulouse 3-Paul-Sabatier, qui s'est tenu sous protection policière, a voté un plan de redressement drastique de ses finances. Au programme : 16 millions d'euros d'économie sur trois ans.

La pression s'accroît sur l'université de Toulouse 3-Paul-Sabatier. Après deux années de déficit, l'établissement, qui compte plus de 31.000 étudiants et 4.500 personnels, vient de voter à 17 voix pour, 10 contre et 8 abstentions un "pacte de développement". Pour ainsi éviter la mise sous tutelle du rectorat.

Objectif : économiser 16 millions d'euros sur deux ans et demi, à partir de la rentrée 2017, essentiellement en termes de masse salariale. Une partie de ce budget (3 millions d'euros) sera redéployée vers la rénovation et la maintenance des bâtiments, dont le financement avait été ponctionné pour réaliser de premières économies en 2015 et en 2016.

In fine, 200 postes devraient être supprimés de 2017 à 2019 par le jeu de départs à la retraite non remplacés, de promotions ou de mutations, dont une bonne moitié d'enseignants-chercheurs.

Manifestation devant le rectorat

Ce qui suscite l'ire d'une intersyndicale CGT-FSU-FO-Solidaires-Unsa-Unef, venue manifester devant les portes du rectorat de l'académie de Toulouse, hier matin, alors que le conseil d'administration de l'établissement s'y tenait sous protection policière. Deux semaines plus tôt, les administrateurs n'avaient pu se réunir, après l'envahissement de la salle du conseil de l'université par un groupe de membres du personnel et de syndicalistes.

"Utiliser le mot de 'développement' pour ce plan relève d'une novlangue, et signifie perte d'emploi et restructuration au motif d'une mauvaise organisation, ironise Simon Dap, du bureau départemental de Force ouvrière. Nous demandons au président de prendre la défense des personnels et de demander des moyens à l'État !"

Un mouvement de grève a été lancé la semaine dernière, pour l'heure suivi assez modestement, alors que les étudiants, via l'Unef, viennent de le rejoindre.

Utiliser le mot de 'développement' pour ce plan relève d'une novlangue qui signifie perte d'emploi et restructuration.
(S. Dap)

Cette réduction de postes serait néanmoins atténuée. "Nous allons y substituer, autant que possible, des Ater (attachés temporaires d'enseignement et de recherche) ou des vacataires, sans que nous puissions dire, à ce stade, dans quelle mesure. Nous nourrissons également quelque espoir concernant le plan national des 100 millions d'euros et de 1.000 postes annoncés par le ministère", tempère Jean-Pierre Vinel, président de l'établissement.

"Ceci étant, nous avons voté ce plan de redressement en escomptant la prise en charge de la moitié du GVT (glissement vieillesse-technicité) par l'État de 2017 à 2019, ce qu'il refuse clairement. Nous plaidons bien sûr pour que le ministère change sa position", ajoute-t-il.

Or, si l'État n'entend pas la supplique de Toulouse 3, la trajectoire budgétaire votée hier pourrait s'aggraver par l'annulation de la rénovation des certains bâtiments dégradés et une politique indemnitaire revue à la baisse.

Le rectorat bloque le financement du plan campus

La prise en charge du GVT (2,2 millions d'euros cette année) par l'État est donc la pierre d'achoppement des négociations entre l'établissement et la Rue-Descartes. Dans ce contexte, le rectorat a bloqué le financement de cinq opérations immobilières sur sept du plan Campus concernant Toulouse 3. L'un des deux bâtiments confirmés est celui dit de "réussite en licence", qui offrira de nombreuses salles de cours et permettra d'endiguer la croissance du nombre d'étudiants.

La tendance haussière se confirme en effet à la rentrée : 4,5 % de néobacheliers supplémentaires. "Dans notre filière STS (sciences et technologie santé), c'est même 18 % de plus cette année..." précise Jean-Pierre Vinel. Assurer la qualité de l'offre de l'établissement semble de plus en plus délicat. "À notre échelle, le budget par étudiant est passé de 9.900 euros en 2012 à 9.100 euros en 2016", regrette-t-il.

De notre correspondant à Toulouse, Frédéric Dessort | Publié le