21ème concours national de l'OVE: les BTS à l’honneur

Joseph Dauce Publié le
La remise des prix du 21ème concours de l’OVE (observatoire national de la vie étudiante) s'est tenue fin mai 2012 à Paris. Ce concours récompense trois étudiants ayant soutenu avec succès un mémoire ou une thèse en rapport avec l’enseignement supérieur et la vie étudiante.

Un premier prix pour une thèse sur les étudiants de BTS

Le prix Louis Bruel, distinction principale, (dotation de 4000€), a été remis à Sophie Orange pour son travail de sociologie sur les étudiants de BTS. Sa thèse met en avant un pan de l'enseignement supérieur peu étudié dans les travaux de recherche : les étudiants de BTS qui incarnent, selon elle, « l’autre [enseignement] supérieur ». La jeune chercheuse s’est donc penchée sur ce qui en faisait la spécificité mais surtout sur leurs aspirations estudiantines et professionnelles. 

Au centre de ses interrogations, on retrouve la question du choix du BTS : pourquoi opter pour cette formation plutôt qu’un autre ? Mais c’est aussi la volonté de comprendre ce qui fait l’essence de cette formation qui traverse son travail. Par exemple, présupposant initialement que les cycles cours induisent un « effet d’effritements », c'est-à-dire une revue à la baisse des aspirations professionnelles (phénomène observé précédemment par d’autres chercheurs), elle a pu observé l’inverse. Le nombre d’étudiants de BTS souhaitant poursuivre leurs études en fin de cycle est largement supérieur à celui du début de cursus (quasi 60% contre 40% initialement). Elle explique ce phénomène par un « effet de valorisation » lié à la position de ces étudiants au sein de leurs établissements. Ainsi les étudiants de BTS ont pour seul référent comparatif les lycéens et non les autres étudiants de l’enseignement supérieur. Ils se retrouvent, par incidence, mis sur un piédestal.

Une orientation collective

D’autre part, son travail intègre également une réflexion sur la visibilité des universités, des écoles... Bien souvent, le choix du BTS se fait par défaut à cause d’un déficit d’informations. Au seuil du bac, pour un étudiant sur cinq, le supérieur se limite aux seuls BTS. Certains élèves ne savent pas même ce qu’est l’université sinon une abstraction obscure. « Une impensée » selon Sophie Orange…

Enfin, elle s’attache à montrer que l’orientation vers les BTS est bien souvent le résultat d’une pratique collective et non celui d’un souhait individuel. La logique sous-jacente est celle de l’impératif du groupe (groupe d’amis par exemple qui implique une certaine coercition sur les personnes considérées indépendamment). Le recrutement des BTS, souvent très localisé géographiquement, corrobore cette hypothèse de recherche.

Dix-neuf mémoires et doctorats en compétition

Leïla Frouillou, étudiante en aménagement et urbanisme, s'est, elle, intéressée à la ségrégation socio-spatiale universitaire en Ile-de-France (reposant sur une étude comparative entre les universités de Paris I et Paris VIII), a convaincu le jury qui  lui accordant le deuxième prix d’une valeur de 2500 €. Lilian Lahieyte, le troisième lauréat de cette remise de prix, obtient 1500 € et la troisième place pour sa Sociologie comparée de la position et du rôle d’étudiant encadrant dans des résidences universitaires à Strasbourg et à Portland, Oregon. Il s’est attaché à mettre en avant les différences fondamentales entre un système strasbourgeois -basé sur une logique sociale- et un système américain  que fondent le leadership et le professionnalisme.

Ces trois travaux ont tirés leur épingle du jeu face à 16 autres sujets de recherches (mémoires de maitrise et thèses de doctorat confondus). Pêle-mêle on retrouve une étude sur les tracas quotidiens des étudiants de grandes écoles (Laetitia Strenna), une autre sur le rapport au temps chez les étudiants (Ludovic Gaillard) ou encore une sur le plagiat dans les mémoires universitaires (Félix Chrétien) pour ne citer que celles-ci.

Trois prix et une mention
-Premier prix : Sophie ORANGE pour sa thèse intitulée : L’autre supérieur. Aspirations et sens des limites des étudiants de BTS.
-Deuxième prix : Leïla FROUILLOU pour son mémoire de master intitulé : Ségrégation socio-spatiale et Universités en Île-de-France. Entre hiérarchisation des établissements et bénéfices de la proximité.
-Troisième prix : Lilian LAHIEYTE pour son mémoire de 4ème année d’IEP intitulé : En première ligne. Sociologie comparée de la position et du rôle d’étudiant encadrant dans des résidences universitaires à Strasbourg et à Portland, Oregon.
-Une mention a été décernée au mémoire de Master de Nicolas BRUSADELLI intitulé : Les luttes étudiantes de 2007-2009. Inscription dans un cycle de mobilisation et divisions sociales des mouvements.

Joseph Dauce | Publié le