À 50 ans, les IUT veulent s'offrir une licence

Natacha Lefauconnier Publié le
À 50 ans, les IUT veulent s'offrir une licence
Pour leurs 50 ans, les IUT entendent s'offrir un cursus en trois ans. // ©  Jean Claude MOSCHETTI/REA
À l’occasion de la cérémonie du 50e anniversaire des IUT, lundi 5 décembre 2016, les représentants des instituts ont remis à Najat Vallaud-Belkacem un rapport présentant leur projet de parcours à bac+3. "Grade de licence" ? "Bachelor" ? Le nom divise encore directeurs et présidents d’institut.

Un demi-siècle que les IUT (instituts universitaires de technologie) ont vu le jour. Profitant de cet anniversaire, célébré le 5 décembre 2016 à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris, Bernard Lickel, président de l’Assemblée des directeurs d’institut universitaire de technologie (ADIUT), a tenu à rappeler quelques chiffres clés sur le nombre de diplômés (1,8 million depuis 1966) ou l’accroissement du nombre de spécialités (692 départements d’enseignement secondaire et tertiaire à ce jour) proposées par les 113 IUT.

L’occasion aussi pour le président de remettre à la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Najat Vallaud-Belkacem, 50 propositions d’avenir pour les IUT. Et de plaider de nouveau en faveur de la création d'un parcours technologique de niveau bac+3, porté par les instituts. "L'objectif premier de nos établissements est d'accompagner les étudiants vers l’emploi, argumente Bernard Lickel. Or, l’un des leviers pour obtenir un très bon taux d’insertion professionnelle est l’alternance proposée en licence pro." Une formation au recrutement sélectif, suivie par 20 % seulement des quelque 150.000 étudiants inscrits en institut universitaire de technologie.

Un parcours professionnalisant en trois ans

Les IUT, "seule composante universitaire qui ne délivre pas le grade de licence", veulent donc y remédier en proposant à tous leurs étudiants une formation à bac+3. "C’est le premier grade intéressant pour les entreprises, surtout depuis l’instauration du système LMD au niveau européen", justifie le président de l’ADIUT.

L’objectif : que chaque bachelier puisse construire, dès son entrée en IUT, un projet professionnel s’appuyant sur un parcours complet en trois ans, avec généralisation de l’alternance pour l’année de licence professionnelle.

La réussite des IUT tient aussi dans ces profils mixtes. Il ne faut pas oublier que nous avons un rôle d’ascenseur social.
(R. Dalle) 

Parmi les autres mesures préconisées pour ce cursus : renforcer la pédagogie par projets, mettre l’accent sur le savoir-être en entreprise, proposer une ouverture internationale "pour mieux répondre aux besoins des entreprises, qui cherchent des cadres intermédiaires maîtrisant les langues étrangères".

Cela tout en conservant la diversité des publics accueillis : bacheliers généraux ou technologiques, étudiants en réorientation… "La réussite des IUT tient aussi dans ces profils mixtes. Il ne faut pas oublier que nous avons un rôle d’ascenseur social : plus de 40 % de nos étudiants sont boursiers", rappelle Rodolphe Dalle, porte-parole de l’ADIUT.

Licence pour les directeurs, Bachelor pour les présidents

Si le contenu et les objectifs de ce cursus en trois ans font l’unanimité, en revanche, il n’en va pas de même pour son titre. Les directeurs d’IUT plaident pour un "simple" grade de licence, qui permettrait de conserver le DUT (diplôme universitaire de technologie). "Il ne faudrait pas enfermer les étudiants dans des parcours, s’ils souhaitent se réorienter au bout de deux ans, ou poursuivre vers des études longues", estime Bernard Lickel, leur représentant.

De leur côté, les présidents d’institut préféreraient décerner un "Bachelor" aux étudiants à l’issue des trois années d’études. "Le nom 'Bachelor' devient intéressant sur le marché", argue Jean-Paul Vidal, président de l’UNPIUT (Union nationale des présidents d’institut universitaire de technologie). Et de poursuivre : "Des écoles d’ingénieurs proposent désormais des Bachelors. On ne voudrait pas que nos étudiants soient dévoyés par ces formations !"

Mais pour Bernard Lickel, le terme "Bachelor" est gênant : "L’IUT est une composante universitaire. Or, les Bachelors actuellement portés par les écoles de commerce ou d’ingénieurs ne sont pas reconnus au grade de licence, et n’ont pas les mêmes objectifs que nos formations."

En attendant que le débat soit tranché, des expérimentations de ce cursus en trois ans seront lancées dès la rentrée 2017 sur la base du volontariat : dix à quinze établissements se sont déjà manifestés.

50 propositions d'avenir pour les IUT
Le document remis le 5 décembre 2016 par le réseau des IUT à la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche contient les 50 propositions d’avenir des IUT pour :

– accompagner l’étudiant vers l’emploi,
– favoriser la réussite, innover par la pédagogie active et s’adapter à tous les publics,
– affirmer la place sociétale et technologique des IUT,
– encourager l’ouverture à l’international,
– former à et par le numérique,
– asseoir la place des IUT dans la recherche universitaire,
– améliorer la visibilité des IUT.
Chiffres clés des IUT en 2016

• 113 IUT sur le territoire français.
• 24 spécialités de diplôme universitaire de technologie (DUT).
• 692 départements d’enseignement :
      – 425 départements pour le secteur secondaire,
      – 267 départements pour le secteur tertiaire.
• 148.038 étudiants :
      – 116.803 en DUT,
      – 31.235 en licence professionnelle,
      – 20 % des étudiants en alternance.
• 1,8 million de diplômés.
• Moins de cinq mois pour trouver le premier emploi.
• 83 % des diplômés en poste neuf mois après le DUT (dont 65 % en CDI).
• 5.994 enseignants-chercheurs.
Natacha Lefauconnier | Publié le