À Paris-Dauphine, la feuille de route de PSL fait toujours débat

Morgane Taquet Publié le
À Paris-Dauphine, la feuille de route de PSL fait toujours débat
Le conseil d'administration doit se prononcer le 22 mai sur le projet PSL. // ©  M.-A.Nourry
Les 22 membres de Paris Sciences et Lettres se prononcent actuellement sur le futur modèle du regroupement. À Paris-Dauphine, seule université de la Comue, les avis restent partagés, même après des mois de discussions. Le texte doit être soumis une nouvelle fois le 22 mai.

Lentement, mais sûrement ? Alors que Thierry Coulhon, président de PSL, a dévoilé, le 15 février 2017, l'"accord politique" esquissant les grandes lignes du futur modèle du regroupement, c'est désormais aux établissements membres de se prononcer sur ce texte établi "en accord avec tous les chefs d'établissements". Le texte doit être ratifié par les 22 acteurs composant PSL d'ici à mi-juillet 2017. Si plusieurs ont déjà approuvé le projet (voir encadré), son vote semble moins acquis du côté de Paris-Dauphine, la seule université de PSL.

Le document de 23 pages soumis au vote acte les grandes lignes du futur modèle de la Comue. Si le statut juridique n'est pas encore arrêté, ces engagements doivent permettre au regroupement de faire un pas de plus vers l'Idex. En avril 2016, le jury Idex avait prolongé la période probatoire de PSL de dix-huit mois, poussant le regroupement à repenser son projet. Le jury international Idex auditera le regroupement au début de l'année 2018.

Un avis défavorable du comité technique

À Paris-Dauphine, le débat se poursuit. Le texte a été débattu en conseil d'administration fin février, à nouveau fin mars et devrait être soumis le 22 mai au conseil d'administration. Le 2 mai, les membres du comité technique de l'université ont adopté une motion donnant "à l'unanimité un avis défavorable" sur l'engagement de Paris-Dauphine dans le projet stratégique PSL, en dénonçant "la méthode suivie" tout comme "le modèle de gouvernance" proposé.

Le projet a également été débattu vendredi 5 mai, lors de la première réunion des trois conseils sur le sujet. Une journée de débat "qui a confirmé que les avis sont partagés", rapporte Samuel Abettan, président de l'Unef Dauphine, et élu au conseil d'administration de l'université. "Certains estiment qu'il est impossible de ne pas y aller, et d'autres, qui sont davantage sur notre ligne, s'inquiète du manque de transparence, de la problématique du droit de veto, de la représentativité étudiante, notamment."

"Des inquiétudes et des interrogations se manifestent, confirme la présidente de l'université Paris-Dauphine, Isabelle Huault. Nous avançons vers un projet transformant, ce n'est donc pas complètement anormal." Néanmoins, "l'adhésion au projet PSL est largement acquise dans la maison, et il me semble qu'un certain nombre de positionnements ne sont pas irréversibles", insiste-t-elle.

Des inquiétudes se manifestent. Nous avançons vers un projet transformant, ce n'est donc pas complètement anormal.
(I. Huault)

Représentativité étudiante et gouvernance

Parmi les critiques formulées par l'Unef, la représentativité étudiante. "Dans le projet actuel, il est proposé de créer un conseil de la vie étudiante, mais nous n'avons aucune visibilité sur sa composition, détaille Juba Ihaddaden, ancien président de l'Unef Dauphine, également élu au conseil d'administration de PSL. Il serait formé à partir de candidatures individuelles, et non pas par une élection de listes, ce à quoi nous sommes défavorables."

Sur la question de la gouvernance, "le principe de subsidiarité entre PSL et les établissements est remis en cause par le projet. Nous sommes favorables à ce que les établissements soient moteurs de PSL et non l'inverse", indique Juba Ihaddaden, qui désapprouve notamment le droit de veto sur le budget propre annuel des établissements prévu par le projet stratégique.

"Le droit de veto du président est prévu dans le cas où un établissement mettrait en danger la soutenabilité financière de PSL. Il ne porte pas sur tout le budget d'un établissement, mais uniquement sur les fonds Idex", rétorque la présidente, qui rappelle que PSL "entend bien être une université intégrée, et non pas simplement une fédération d'établissements", répondant ainsi aux critiques du jury Idex.

Nous sommes favorables à ce que les établissements soient moteur de PSL et non l'inverse.
(J. Ihaddaden)

Un texte amendable ou pas ?

Pour répondre aux inquiétudes, la présidence de l'université Paris-Dauphine a mis en place une plate-forme interne sur laquelle il est possible de déposer des propositions de modifications au projet, "sur lesquelles plusieurs élus au conseil d'administration se concertent actuellement", précise Samuel Abettan. Mais il prévient : "Si nos propositions ne sont là que pour la forme, alors nous sommes prêts à voter contre le texte."

La présidente, elle, se veut rassurante. "Il est probable que le texte soit assorti de propositions qui pourront servir à la rédaction des futurs statuts juridiques", évoquant notamment la composition du conseil d'administration, les modalités d'élection et de désignation des personnalités extérieures.

Mais, dit-elle, "ce texte politique est le fruit d'un compromis entre 26 chefs d'établissements, qui pose le socle de notre futur établissement. Il n'est donc pas envisageable de l'amender maintenant, alors qu'une douzaine d'établissements l'ont déjà voté en l'état", affirme Isabelle Huault.

Une réunion du conseil d'administration aura lieu le 15 mai afin de compiler les propositions de modifications, avant un vote le 22 mai, que la présidente espère "extrêmement majoritaire" en faveur du projet.

Du côté de PSL, on renvoie la balle dans le camp de l'université. "Il n'est pas question pour PSL d'interférer dans des discussions qui concernent la présidence et son conseil d'administration", précise-t-on.

Où en sont les votes chez les 22 membres de PSL ?
Chimie ParisTech a été la première à voter le projet le 13 février, avant l'EPHE le 27 février, et l'ENS le 23 mars. L'assemblée générale de l'École des hautes études en sciences sociales a, quant à elle, voté favorablement sur le projet début février, le conseil d'administration devant se prononcer prochainement. En mars, les conseils d'administration du CNSAD, de l'Ensad et l'assemblée générale du Collège de France ont validé le projet et leur statut de membre associé.

Courant avril, l'Observatoire et la Femis ont également adhéré au projet, en qualité de membre et d'associé. Les organismes de recherche CNRS et Inria se sont également engagés à nouveau aux côtés de PSL. Quant à l'ESPCI, elle se prononcera le 16 mai.

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