À Grenoble, la promesse de la créativité à l'université

Sophie Blitman Publié le
À Grenoble, la promesse de la créativité à l'université
A l'UPMF, formation de formateurs au module créativité dans le cadre de l'Idefi Promising // ©  Promising-UPMF
Un master, des ateliers et conférences mais aussi, depuis début mars 2015, un Mooc. L'Idefi Promising, porté par l'UPMF de Grenoble, se décline sous des formes et pour des publics variés. Avec la volonté de stimuler l'innovation et la créativité chez les étudiants, au sein des entreprises et, plus largement, dans la société.

"Insuffler un esprit créatif et innovant aux étudiants de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales" : tel est l'objectif affiché par le programme Promising, piloté par l'UPMF (université Pierre-Mendès-France) de Grenoble, qui rassemble neuf partenaires. Labellisé Idefi (Initiative d'excellence en formations innovantes), le programme est soutenu à hauteur de 5 millions d'euros sur sept ans.

"La moitié de la dotation annuelle est consacrée à la masse salariale : une petite dizaine de personnes sont investies dans le projet, dont la moitié ont été recrutées sur les fonds Idefi, détaille Valérie Chanal, professeur de management à l'UPMF et coordinatrice scientifique de Promising. Le reste de la dotation a été utilisé pour développer la plateforme web et financer les différentes actions scientifiques et pédagogiques."

Un master pour tester de nouvelles pratiques

Créé dans le cadre de Promising, le master "management de l'innovation" accueille depuis trois ans des promotions d'une vingtaine d'étudiants d'horizons variés : ingénieurs ou gestionnaires, architectes ou historiens, sociologues ou designers… La formation sert également de "bac à sable expérimental, confie Valérie Chanal. Nous testons et ajustons des pratiques que nous déployons ensuite dans d'autres contextes."

Par exemple, les étudiants ont été amenés à formaliser les compétences acquises dans le cadre de leur projet professionnel, en mettant en place une démarche de questionnement spécifique : "On tente de sortir de la logique de référentiel qui n'a pas beaucoup de sens sur l'innovation, explique l'enseignante. Au lieu de partir de la compétence, on la considère comme une solution pour traiter un problème."

Tandis que l'expérience permet d'alimenter les recherches, un travail a également été mené avec l'IUT pour aider les étudiants à tirer profit de leur stage, en repérant les situations dans lesquelles ils ont eu des difficultés et celles où ils ont trouvé un intérêt.

Quand l'innovation essaime

C'est aussi dans le cadre du master qu'est né un module de trois jours consacré à la créativité, par la suite décliné en formation continue pour les enseignants. Une dizaine d'enseignants ont été formés pour l'instant, et autant devraient l'être d'ici à la fin de l'année. Parmi eux, Véronique Favre-Bonté, maître de conférences à l'IAE Savoie Mont-Blanc, qui coordonne l'Idefi pour l'université. "Théorie et mises en situation nous ont permis d'appréhender différentes méthodes de créativité", raconte-t-elle. L'objectif de la formation est double : d'une part, expérimenter des processus de résolution de problèmes de manière à apporter des solutions innovantes. De l'autre, développer un savoir-faire spécifique, lié à une autre façon de travailler fondée sur l'intelligence collective."

"Au départ, je pensais transposer ces méthodes dans mes cours, poursuit Véronique Favre-Bonté. Mais finalement, aidée par deux autres collègues, j'ai intégré le module entier dans la maquette du master 'commerce et responsable international' que je dirige." Outre les compétences que cela permet d'acquérir, l'intérêt, selon elle, est aussi de "casser la façon classique d'enseigner".

Et de prévenir aussitôt : "C'est une prise de risque car on ne peut plus se réfugier derrière ses bouquins et ses connaissances, il faut prendre de la distance par rapport à la théorie et s'adapter aux réactions des étudiants, les guider sans leur donner la réponse. Pour l'enseignant, c'est une posture différente, il faut en avoir envie."

une Ouverture vers d'autres publics

Outre le master, des ateliers et conférences sont ouverts à tous les étudiants, et un Mooc "Innovation & Société" a été lancé en mars 2015 : "Il s'agit d'un produit de sensibilisation destiné au grand public, hébergé sur la plateforme FUN [France université numérique]", précise Valérie Chanal. Se réjouissant des 3.500 inscrits au démarrage mais consciente du fort taux d'abandon généralement constaté au fil des séances, elle estime que toucher réellement 10% d'entre eux serait satisfaisant.

D'autres projets sont en cours, notamment celui d'une "winter school de la créativité" pour les entreprises, au premier trimestre 2016, sur le modèle de l'école d'été en management de la création de HEC Montréal. Car l'objectif, in fine, est de trouver un modèle de financement pérenne via la formation continue pour que Promising perdure au-delà de la dotation Idefi.

Neuf établissements mobilisés autour de l'innovation
L'Idefi Promising est portée par un consortium de neuf partenaires : les universités Pierre-Mendès-France, Savoie Mont-Blanc et Stendhal, le Cnam, l'Ensci (École nationale supérieure de création industrielle), Bangkok University, HEC Montréal, le cabinet de conseil en innovation Ixiade et le CCSTI (Centre de culture scientifique, technique et industrielle) de Grenoble.

Sophie Blitman | Publié le