À l'université Paris-Sud, la rétention des notes se poursuit

Morgane Taquet Publié le
À l'université Paris-Sud, la rétention des notes se poursuit
Université Paris-Sud - L'une des bibliothèques universitaires © M. Lecompt UPSud septembre 2011 // © 
Un vent de fronde souffle sur l'université Paris-Sud. Alors que les professeurs du département de biologie retiennent toujours les notes des examens de janvier, les assemblées générales pour dénoncer le manque de moyens et le gel des recrutements d'ATER se multiplient.

À Paris-Sud, la mobilisation ne faiblit pas. En moins d'un mois, c'est la troisième assemblée générale que connaît l'université d'Orsay. Après le 5 et le 12 février, environ 200 personnels de l'université se sont réunis le 18 février 2015 sur la question des coupes budgétaires, indique Astrid Decoene, maître de conférences en mathématiques à Paris-Sud et syndiquée Snesup.

Point de départ de la mobilisation : le département de biologie dont une majorité de professeurs refusent de restituer les notes d'examens de janvier. Entre 1.500 et 2.000 étudiants seraient concernés et gênés dans leurs démarches administratives, notamment pour les départs à l'étranger, assure le président de l'université, Jacques Bittoun. Du côté du département de biologie, Cécile Fairhead, enseignante-chercheuse en génétique au sein du laboratoire, confirme que "si les notes ont bien été entrées dans Apogée, les jurys qui signent ensuite les PV ne se réunissent pas". Mais, nuance-t-elle, "cela ne retarde pas vraiment le processus habituel car tous les étudiants ont accès à leurs notes provisoires".

Si cette rétention des notes se poursuit, "aucun autre département n'a encore prévu de s'engager dans la même direction", précise Astrid Decoene.

RECRUTEMENT ATER EN BERNE

À l'origine du conflit, le gel de la campagne de recrutement ATER (attaché temporaire d'enseignement et de recherche). Dans un courrier adressé aux personnels et enseignants de l'établissement le 10 février, le président de l'université explique que la décision de geler, pour l'année 2015, la campagne de recrutement d'ATER ainsi que de retarder le renouvellement au fil de l'eau des postes a été prise afin de maintenir le budget à l'équilibre.

La dotation de l'État pour Paris-Sud représente 276 millions d'euros dont 244 millions d'euros de masse salariale, pointe le président, et pour le budget 2015, "il manque 2,8 millions d'euros de masse salariale", notamment à cause de l'augmentation du GVT (glissement vieillissement technicité). "Ces mesures n'ont pas été installées définitivement mais pour faire face à l'urgence", justifie Jacques Bittoun. Il rappelle que Paris-Sud recrutera, malgré le gel du recrutement ATER, 58 enseignants-chercheurs, 16 enseignants et 61 personnels BIATSS en 2015.

Selon Jacques Bittoun, si "l'université Paris-Sud est loin d'être 'surdotée' (...), elle est effectivement plus dotée que beaucoup d'universités qui suppriment des postes depuis 2012". Ainsi, estime-t-il, "tant que notre subvention est sauvegardée, l'essentiel de nos actions doit, pour cette raison, se dérouler en solidarité avec les autres universités, c'est-à-dire pour ma part au sein de la CPU (Conférence des présidents d'université)". La prochaine assemblée générale des personnels est prévue le 4 mars. D'ici là, une délégation d'enseignants et d'étudiants doit être reçue vendredi 20 février par le président.

CA délocalisé à Paris 13, assemblées générales à Paris et en province
D'autres universités réagissent au manque de moyens. Environ 200 étudiants et personnels se sont réunis en assemblée générale le 17 février à Paris 13 pour dénoncer les coupes budgétaires, selon Ferhat Djail, président de l'Unef Paris 13 et élu au CFVU (Commission formation et vie universitaire). En cause notamment : la "sous-dotation chronique de l'université" ainsi que le nombre de postes ouverts au recrutement.

Le prochain CA devrait se dérouler vendredi 20 au rectorat de Créteil. Une délocalisation critiquée par les syndicats qui prévoient de se rassembler au même moment devant le service académique.

Selon l'Unef, d'autres AG ont eu lieu ou vont se tenir à Lyon 2, l'Upec (université Paris-Est Créteil) et Paris 1. Pour fédérer ces mouvements, un appel à une mobilisation intersyndicale le 5 mars est en discussion, précise Marc Neveu, co-secrétaire général du Snesup.
Aller plus loin
- La biographie EducPros de Jacques Bittoun, président de l'université Paris-Sud

Morgane Taquet | Publié le