Pokémon Go séduit les profs à travers le monde

Paul Conge Publié le
Pokémon Go séduit les profs à travers le monde
Retrouvera-t-on un jour des Pokémon dans un livre d'anatomie ? L'artiste américain Christopher Stoll s'est prêté au jeu, avec Salamèche, l'un des personnages principaux de Pokémon Go. // ©  Christopher Stoll
Le jeu mobile de l'été se retrouve déjà au cœur de plusieurs cours et modules dispensés dans des universités anglo-saxonnes. A la croisée du numérique et de la pop culture, ces "Pokémon studies" visent à attirer les étudiants.

Le phénomène Pokémon Go faisait redouter des cohues d'étudiants dans les amphithéâtres mais, finalement, le jeu vidéo est enseigné à l'université. Quelques semaines seulement lui ont été nécessaires pour devenir bien plus qu'une simple application mobile où l'on chasse des créatures virtuelles dans le monde réel. Le jeu édité par Niantic Labs a d'ores et déjà fait son entrée dans cinq universités, une au Royaume-Uni, une à Taïwan et trois aux États-Unis, selon l'"International Business Times".

C'est en septembre 2016 que Pokémon Go fait une de ses premières apparitions dans un cours : à l'université d'Idaho, aux États-Unis. Le module, intitulé "Jeux de la pop culture", permet aux étudiants d'amasser des crédits en capturant des monstres. L'enseignant à l'origine de ce cours, Steven Bird, travaille au département des Sciences du mouvement.

Il y voit une manière d'approfondir les capacités de ses étudiants à travailler en équipe, à développer leur leadership et à mener une vie active en communauté : "L'application fait plus que de vous permettre de lancer une Pokéball. Vous explorez, vous voyez des choses différentes, vous êtes actif et vous sortez dehors. Cela vous permet d'évoluer dans des groupes étendus et au sein d'une équipe", détaille-t-il dans "The Independant".

À ce jour, le cours compte 18 participants, se réjouit Steven Bird sur SnapMunk. Plusieurs établissements l'ont même sollicité pour les aider à développer des cours similaires.

Des cours de sport avec des PokémonS

Toujours aux États-Unis, un autre "poké-pionnier", le Fresno City College, en Californie, dispense depuis la rentrée un cours de sport centré sur Pokémon Go. En exploitant la chasse aux monstres bariolés, les instructeurs espèrent faciliter les entraînements sportifs mettant l'accent sur le système cardiovasculaire. "Au départ, je croyais que c'était une blague, s'étonnait un des enseignants auprès du "Fresno Bee". En fait, c'est une façon amusante d'animer le cours de fitness et d'attirer plus d'étudiants." Favoriser l'activité sportive : c'était l'un des arguments récurrents des défenseurs du jeu.

Rendre "accessibleS" les technologies de l'information

L'application est même un sujet d'étude à part entière à la Northern Illinois University, à DeKalb. Le cours "Mapping, Exploring & Pokémon Go" proposait, dès le mois d'août, durant une journée, d'en explorer la carte et la technologie d'information géographique.

Au Royaume-Uni cette fois, à l'université de Salford, près de Manchester, les étudiants en business utilisent sur Pokémon Go dans le cadre d'un cours dédié aux "technologies de l'information". Une manière de "rendre le sujet du cours compréhensible et familier", souligne dans le "Mail on Sunday" David Kreps, professeur en systèmes informatiques. En effet, "le jeu utilise des systèmes informatiques variés, accessibles via Internet, un appareil photo numérique et un capteur de localisation GPS."

La propagation de la pop culture

Qu'un avatar de la pop culture s'incruste de façon tranversale dans les programmes du supérieur, cela n'est pas neuf. C'est même récurrent : il existe un cours de féminisme axé sur Beyoncé à l'université du Texas, des cours de philosophie balayant des sujets comme la chevelure de Marge Simpson à Berkeley, ou encore un séminaire dédié à Harry Potter entre les murs de Sciences po Paris.

Avec Pokémon Go, un pas supplémentaire est franchi car l'application devient un outil pédagogique dont les vertus restent à prouver. Universités et écoles françaises céderont-elles à la tentation ?

Paul Conge | Publié le