Idea School : l'interdisciplinarité comme remède au formatage des élèves des grandes écoles

Jessica Gourdon Publié le
Idea School : l'interdisciplinarité comme remède au formatage des élèves des grandes écoles
La future Idea School de Lyon @J.Quay // © 
A Lyon, l’EM et Centrale ouvriront, à la rentrée 2012, l’école Idea, en partenariat avec le PRES. Une école de management axée sur les nouvelles technologies, avec une large part de cours réservée aux enseignements en art, design et sciences sociales. Une réponse aux critiques qui, notamment depuis la crise, dénoncent le formatage des élèves des grandes écoles.

"En ce moment, c’est le projet qui m’occupe à quasi plein temps." Patrick Molle , le directeur de l’école de commerce EM Lyon, ne masque pas son enthousiasme en feuilletant, dans son bureau, le pavé qui détaille le fonctionnement d’Idea School. Cette nouvelle école, qu’il crée de toutes pièces avec sa voisine Centrale Lyon, ouvrira ses portes à la rentrée 2012.

Nouvelles technologies, design et SHS

Le concept se veut novateur. A Idea, les élèves suivront des enseignements de gestion, axés sur le management de l’innovation et des nouvelles technologies. En plus de cela, la moitié des cours seront consacrés au design, ainsi qu’à la pratique artistique. La maquette prévoit enfin des enseignements en sciences humaines et sociales (droit, sciences politiques, philosophie, psychologie). "Pour monter ce projet, nous nous sommes inspirés de la Design School de Stanford , de l’Ecal de Lausanne et de l’université Aalto en Finlande", confie Patrick Molle.

Stimuler la créativité

Avec Idea, l’EM et Centrale entendent faire réfléchir leurs étudiants hors des cadres disciplinaires traditionnels et jouer la transversalité, tout en sortant des classiques "études de cas" utilisées depuis des années dans les ESC. Potentiellement, ces diplômés pourront accéder aux mêmes types d’emplois qu’à la sortie d’une école de commerce classique, "mais ils auront une approche des choses plus créative et innovante, plus ouverte au changement", assure Thierry Picq, le directeur de l’innovation pédagogique de l’EM Lyon.  

"Quelque part, nous devançons un peu les attentes des entreprises", glisse Thierry Picq. Ce projet d'école est en revanche une réponse aux critiques émises contre les grandes écoles depuis la crise financière de l’automne 2008 : enseignements trop centrés sur l’application de modèles mathématiques, cours en "silo", manque de prise en compte de l’environnement extérieur aux entreprises, stimulation insuffisante de l’innovation, comme le déplore l’Institut Montaigne . En tout cas, le concept devrait séduire un certain nombre d’étudiants, dans la lignée du succès fulgurant que rencontrent les Instituts d’études politiques , réputés pour leur approche transdisciplinaire.

Un bachelor et un master

Concrètement, l’école proposera un bachelor (en trois ans après le bac) et un master (en deux ans), accessible à tout type de profils sur dossier et entretien. Les frais de scolarité tourneront autour de 10.000€ par an. "On va commencer avec une trentaine d’étudiants dans le master. A terme, on aimerait des promotions de 300 élèves. Idem pour le bachelor, que nous allons débuter avec 70 étudiants", prévoit Patrick Molle. L’école envisage de recruter 30 professeurs, et veut créer aussi des programmes de formations de formateurs sur l’innovation pédagogique dans l’enseignement secondaire et le supérieur.

La construction d’un bâtiment de 15.000m2 est à l’étude à Ecully, entre l’EM et Centrale. Si ces deux écoles sont les principaux financeurs, elles comptent s’appuyer sur le Grand emprunt : Idea figure parmi les projets présentés par le PRES de Lyon dans le cadre des Initiatives d’excellence. D’ailleurs, le projet ne concerne pas que ces deux écoles. Il est prévu qu’Idea ait des antennes sur les campus de la Doua et Charles Meirieu, ainsi qu’à Saint-Etienne.

Une antenne en Chine

Certains cours seront réalisés en partenariat avec l’IEP de Lyon, l'ENS, l’université Lyon 1, l’école des mines et l’école de design de Saint-Etienne. Les centres délocalisés accueilleront aussi des conférences, des expositions, des "speed dating" avec des entreprises, et pourront incuber des start-up.

Par ailleurs, une implantation d'Idea à Hangzhou (sud-ouest de Shanghai) est à l’oeuvre. "Les choses devraient aller vite. Les Chinois sont très intéressés par des formations qui développent la créativité", affirme Patrick Molle. Un autre projet est en cours, cette fois à Singapour, avec Nanyang University.

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