Absentéisme : les élèves français dans la moyenne

Virginie Bertereau Publié le
À moins d’un mois d’intervalle, deux enquêtes sur l’absentéisme dans le secondaire ont été publiées : l’une par le ministère de l’Éducation nationale, l’autre par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Si la France ne fait pas partie des "moins bons élèves" à l'échelle globale, il lui reste encore des inégalités entre établissements à gommer.

Les élèves français, grands absentéistes ? Pas tant que ça selon une note d'information du ministère de l'Éducation nationale. Publiée en février 2014, celle-ci indique que 3,9% des élèves du second degré public (collège et lycée) avaient été absents (1) entre septembre 2012 et avril 2013. "Un résultat stable depuis trois ans", révèle l'étude. Les élèves perdent en moyenne 5,4% de leurs heures d'enseignement par an, quel que ce soit le motif de leurs absences (dont 1,1% pour absences non justifiées).

"Selon moi, ces chiffres sont inférieurs à la réalité. Tout est une question de définition du terme 'absentéisme'. Par ailleurs, cela dépend des déclarations faites par les établissements à l'inspection académique, selon les intérêts en jeu", nuance Patrice Huerre, psychiatre spécialiste des adolescents, directeur de l'ouvrage “l'Absentéisme scolaire. Du normal au pathologique” (Hachette Littératures).

Plus d'absents en lycée professionnel

D'après l'enquête du ministère, le taux d'absentéisme dépend du calendrier scolaire. Il atteint 1,8% en septembre et s'élève à 5,1% en avril. En outre, tous les collèges et lycées ne sont pas touchés "à égalité" par le phénomène. On recense moins de 1,8% d'élèves absentéistes dans la moitié des établissements tout au long de l'année, mais plus de 11% d'absents dans le dixième d'établissements les plus concernés à partir du mois de janvier.

L'absentéisme annuel est plus fréquent dans les lycées professionnels (11,8%) que dans les lycées généraux et technologiques (4,9%) et les collèges (2,2%). Les élèves de lycée pro perdent ainsi 8% d'heures d'enseignement en moyenne par an. Là encore, prudence dans l'interprétation. "Les problématiques sont différentes d'un type d'établissement à l'autre. Après 16 ans, la scolarité n'est plus obligatoire. Certains jeunes ont d'autres obligations comme travailler, et je ne parle pas des problèmes d'orientation", indique Patrice Huerre. "Une orien­ta­tion plus ou moins dési­rée, mais aussi un temps de trans­port plus élevé, conduisent à un absen­téisme plus accen­tué en lycée professionnel", confirme l'enquête.

La France dans la moyenne de l'OCDE

Le 21 janvier 2014, l'OCDE publiait elle-même une étude sur l'absentéisme des élèves de 15 ans qui ont passé les tests PISA 2012.

En moyenne, 18% des jeunes interrogés avaient séché au moins un cours sans autorisation pendant les deux semaines qui précédaient le passage des tests. 15% d'entre eux avaient manqué au moins un jour entier. La France est légèrement sous la moyenne des pays de l'OCDE pour l'absentéisme à un cours (17%), très en dessous pour l'absentéisme d'une journée (9%).

Les élèves les plus "sérieux" sont recensés en Asie (Japon, Corée, Shanghai, Hong Kong...). À l'inverse, des records d'absentéisme sont remarqués en Argentine, Italie, Jordanie et Turquie : au moins 40% des interrogés ont manqué au moins un jour de classe.

Les absents sont plus faibles en maths

L'OCDE note que les différences entre élèves issus de milieux socio-économiques favorisés ou défavorisés sont légères dans de nombreux pays, y compris en France. En revanche, sans surprise, les absentéistes ont obtenu des scores plus faibles en maths (le domaine d'étude principal de PISA 2012).

Comment agir sur l'absentéisme ? Sur ce point, Patrice Huerre rejoint les préconisations de l'OCDE : "Plus il y a un investissement, un engagement dans les études, moins il y a d'absences. La question de la motivation des élèves français devrait être la préoccupation première des politiques."

(1) La DEPP (Direction de l'évaluation, de la pros­pec­tive et de la per­for­mance) du ministère compte le nombre d’absences non justifiées quatre demi-journées ou plus par mois.

Virginie Bertereau | Publié le