Accélérateurs EdTech : l’Amérique s’emballe

De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon Publié le
Accélérateurs EdTech : l’Amérique s’emballe
L'accélérateur GSV en Californie se lance dans les EdTech // ©  GSV
De nouveaux accélérateurs de start-up EdTech naissent chaque mois aux Etats-Unis pour répondre à la frénésie du secteur. Pour quelle valeur ajoutée ? Le point en amont de la Learning Expedition EducPros de novembre 2015 dans la Silicon Valley.

Jefferson Education Accelerator en Virginie, Boom Startup à Salt Lake City, GSV Labs et le AT&T Aspire en Californie, Edge à New York… En 2015, il se crée des accélérateurs de start-up EdTech presque tous les mois aux États-Unis. Des structures qui viennent s’ajouter à celles qui existent déjà depuis trois ou quatre ans, comme Imagine K-12 et Co.Lab dans la Silicon Valley, ou LearnLaunch à Boston.

Qu'est-ce qui explique cet engouement ? Tout d'abord, la forte croissance du secteur des EdTech aux États-Unis. Les fonds investis dans ce domaine ont atteint 1,87 milliard de dollars en 2014, un chiffre en hausse de 55% par rapport à l'année précédente, selon une étude de CB Insights. En 2009, ce chiffre n'était que de 385 millions. On compte aujourd'hui près de 8.000 start-up dans le secteur de l'éducation et une dizaine d'accélérateurs dédiés.

Les Edtech, un domaine pas comme les autres

Ensuite, parce que les EdTech ne sont pas un domaine comme les autres. “Le profil des entrepreneurs est différent des autres secteurs. On en voit beaucoup qui sont avant tout passionnés par l'éducation, et ensuite par l'idée d'en faire un business. Beaucoup ne sont pas très calés en entrepreneuriat, ont besoin d'aide, de coaching. Aussi, le marché des technologies de l'éducation est jeune, évolue vite, et il est plus complexe à pénétrer que certains autres marchés”, analyse Betsy Corcoran, fondatrice du magazine EdSurge, et conseillère au sein de l'accélérateur de start-up EdTech d'AT&T.

"Le secteur des EdTech nécessite, encore plus que d'autres, d'être en contact avec les bonnes personnes, ou d'être au courant des cycles d'achats dans les établissements”, poursuit Nancy Lue, directrice de l'accélérateur EdTech de GSV.

La plupart de ces accélérateurs sont financés par des investisseurs, des fonds de capital-risque ou des structure d'hébergement de start-up, voire des entreprises (AT&T, Intel, ou celui de Kaplan, qui a fermé cette année). Des acteurs qui espèrent découvrir le Lynda, Blackboard ou le Udacity des prochaines années.

Le marché des technologies de l'éducation est jeune, évolue vite, et il est plus complexe à pénétrer que certains autres marchés.
(B. Corcoran)

se rendre visible dans la masse

Ces structures sont bien souvent construites sur le modèle des deux accélérateurs généralistes les plus prestigieux aux États-Unis, TechStars et Y Combinator. Les start-up sont admises en cohortes, au terme d'un processus de sélection souvent sévère, pour une période de quatre à six mois. La structure investit dans chaque start-up une somme généralement comprise entre 20.000 et 100.000 dollars. En échange, les start-up ouvrent une partie de leur capital aux responsables de l'accélérateur (souvent 5% ou 6%).

En retour, ces entreprises bénéficient de bureaux, ont accès à des mentors, des coachs, participent à des sessions de networking, des conférences... À la fin, elles participent à une conférence de présentation, intitulée "demo day”, en présence de multiples investisseurs, journalistes et autres entrepreneurs, qui constitue le point d'orgue du programme.

Les entrepreneurs voient de multiples intérêts dans ces structures, dont le premier est de se rendre visible dans la masse, et d'avoir accès à un réseau. Pour les investisseurs, le fait d'avoir été sélectionnés par un accélérateur renvoie un signal positif, un peu comme la possession d'un MBA prestigieux. Le vocabulaire est d'ailleurs identique : on est "diplômé” de tel ou tel accélérateur, "promotion été 2014” ou "hiver 2015”... Et comme pour un MBA, les bénéfices du réseau s'étendent au-delà du programme, avec des clubs d'anciens et des activités de networking qui se poursuivent après la fin de la session.

a chaque incubateur, sa spécificité

"Beaucoup de ces accélérateurs n'ont même pas terminé leur première année, donc il est difficile de dire lequel est le meilleur. Ce qui est sûr, c'est que des caractéristiques se détachent. Certains sont plus orientés vers la recherche, d'autres vers le développement du produit, d'autres vers la recherche de nouveaux clients ou la préparation à la levée de fonds. Il est très important, avant d'entrer dans une structure, de savoir quelle est sa priorité, et de choisir l'incubateur en fonction”, affirme Betsy Corcoran.

Certains accélérateurs sont un peu différents. Le Jefferson Accelerator, par exemple, a été créé par l'université de Virginie. L'accélérateur EdTech de GSV, un fonds d'investissement qui a notamment investi dans Coursera, ne prend aucune part dans les entreprises qu'elle héberge. Ce sont les entreprises qui paient une adhésion (650 dollars par mois) pour en faire partie et bénéficier de ses services. GSV rassemble actuellement 38 start-up, et pourrait monter jusqu'à 50.

"Ces start-up peuvent rester autant qu'elles veulent, du moment qu'elles continuent de grandir. Par rapport aux autres accélérateurs, le fait de ne pas avoir à ouvrir tout de suite son capital est un atout très précieux, qui permet à une start-up d'être en meilleure position pour ses levées de fonds ultérieures”, note Nancy Lue. Sa structure propose même un programme d'adhésion virtuelle, à distance, à moitié prix. Les accélérateurs n'ont pas fini d'innover...

Learning Expedition EducPros dans la Silicon Valley
Après Learnlaunch à Boston en avril 2015, la Learning Expedition EducPros s'arrêtera dans l'incubateur GSV, lors de sa prochaine session du 1er au 6 novembre 2015. La délégation s'arrêtera également à Stanford, Berkeley, Udacity, Coursera...

Véritable plongée au cœur de l'innovation et de l'écosystème de la côte Ouest, ce voyage d'étude est l'occasion pour les participants de nouer de nouveaux partenariats et de faire émerger de nombreux projets.

Le programme complet

De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon | Publié le