Affaire des "faux étudiants chinois" : l'Ispem dans la tourmente

Baptiste Legout - Mis à jour le
Affaire des "faux étudiants chinois" : l'Ispem dans la tourmente
L'Ispem a été perquisitionnée le 7 décembre 2015, pour une affaire de clandestins chinois. // ©  Fred Marvaud/REA
De vrais diplômes pour de faux étudiants chinois. La police a mis en garde à vue, mi-décembre 2015, le directeur de l'Ispem, une école de commerce et de FLE parisienne. Placé en détention provisoire, celui-ci est soupçonné d'être à la tête d'un vaste réseau d'immigration clandestine.

L'information a fait la une des journaux le 17 décembre 2015. Une école parisienne du 15e arrondissement de Paris a été perquisitionnée le lundi 7 décembre par l'OCRIEST (Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi des étrangers sans titre). Son nom ? L'Ispem, une structure créée il y a une dizaine d'années, offrant un éventail assez large de formations, allant de la préparation au BTS jusqu'au "bac + 8", promet leur site, en passant par des cours de français.

D'après Le Figaro, France Inter et le site d'information en-contact.com, le directeur de l'établissement, Bruno Cavallaro, encourt jusqu'à sept ans de prison. Il est soupçonné d'avoir mis en place un vaste système d'immigration frauduleuse ciblant la Chine.

Des intermédiaires locaux recrutaient des candidats à l'exil en les faisant passer pour des étudiants. Une lettre d'invitation à en-tête de l'Ispem leur était délivrée pour les aider à obtenir leur visa, puis, une fois en France, ils recevaient un certificat de scolarité en échange de l'acquittement des frais d'inscription (entre 3.000 euros et 5.000 euros), sans qu'aucun cours ne soit dispensé. Entre 500 et 1.000 clandestins chinois seraient passés par cette filière chaque année depuis 2013, selon Le Figaro.

Le directeur en Détention provisoire

Contactée par la rédaction d’EducPros, l'OCRIEST annonce le placement en détention provisoire du directeur de l’école (par ailleurs gérant de deux sociétés rattachées à l’établissement) et d'un de ses complices présumés.

À l’issue de leurs gardes à vue, six autres personnes, dont certains membres de la direction, ont aussi été mises en examen sous contrôle judiciaire. Ils sont poursuivis pour "blanchiment d’argent", "association de malfaiteurs" et "aide à l’entrée et au séjour irrégulier en bande organisée". Seules des personnes physiques sont, à ce jour, concernées par les investigations, l’école, en tant que personne morale, n’est pas mise en cause.

Le directeur est accusé d’avoir centralisé et orchestré l’ensemble de la fraude, laissant une grande partie des équipes dans l’ignorance. D'après les services de police, ce dossier s’illustre par des mouvements financiers jugés "énormes" (de l’ordre de plusieurs millions d’euros). L’instruction est toujours en cours.

Des étudiants inquiets pour leur avenir

Interrogés devant l'établissement, jeudi 17 décembre 2015, les étudiants de l'école ne semblent guère étonnés. Benjamin*, inscrit en BTS rappelle : "On sait très bien qu'il se passe des choses bizarres ici". Plusieurs de ses camarades ont entendu parler de la perquisition début décembre. Ils n'ont cependant découvert les raisons des troubles que dans la presse. Une inquiétude revient sur toutes les lèvres  : quelles seront les conséquences pour la réputation de leur école... et de leur formation ?

Contacté par EducPros, l'Ispem se refuse à tout commentaire. La volonté affichée des équipes, rencontrées sur les lieux, est de "protéger les étudiants" et de "les accompagner au mieux jusqu'à l'obtention de leur diplôme".

*Par souci de confidentialité, le prénom a été changé.

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