Affectation informatisée des élèves au lycée : premier bilan de l’académie de Paris

Lydie Colders Publié le

Quel bilan pour Affelnet, la nouvelle procédure informatique d’affectation des collégiens parisiens passant en seconde dans les lycées publics de la capitale ? Le rectorat qui présentait ses résultats en juin 2008 s’est montré satisfait du grand saut informatique réalisé avec les vœux de 11 500 élèves à gérer. « 80 % des élèves ont été affectés sur leur premier vœu et 85 % sur leurs deux premiers vœux », a annoncé le recteur de Paris, Maurice Quénet. Sur le plan quantitatif, pas de grand changement par rapport à l’an passé : 80 % des élèves avaient été affectés sur leurs deux premiers vœux. Seule frayeur du rectorat : les dossiers des élèves non admis en seconde spécifique (rythme aménagé, seconde européenne…) ont un temps été rejetés par le logiciel pour l’examen de leur deuxième vœu...   

Objectif : rééquilibrer les demandes entre lycées

Depuis cette année, les familles peuvent émettre jusqu’à dix vœux (dans quatre lycées différents) contre quatre antérieurement. Un moyen de limiter les cas de dossiers non affectés conformément aux vœux des élèves (un millier cette année), mais aussi – officiellement - de rééquilibrer l’offre et la demande dans la capitale, où la course aux meilleurs établissements fait rage.

En brassant de nouveau les cartes en seconde, le rectorat souhaite également rompre avec la logique de la continuité des études en cité scolaire : «Désormais, le choix d’un collège ne rime plus avec passage quasi assurée dans le lycée du même établissement », a insisté Maurice Quénet. Faute de statistiques approfondies, rien ne permet pour l’instant d’affirmer si le pari est réussi.  

L’assouplissement de la carte scolaire a peu changé les choix des familles  

Selon l’inspection académique, l’assouplissement de la carte scolaire n’aurait pas eu peu d’impact plus important que les dérogations antérieures (2500 élèves ont obtenu un établissement hors secteur). Le système d’affectation est il est vrai censé encourager les familles à formuler des vœux de proximité : la carte des quatre districts parisiens a non seulement été maintenue mais pèse 30 % dans le barème (une proportion équivalente est accordée à la situation sociale comprenant la bourse, le handicap et le regroupement de la fratrie). Au final, si les familles ont émis sept voeux en moyenne, elles ont assez logiquement formulé des vœux de proximité, a souligné le rectorat.  

Le bonus accordé aux boursiers au mérite dans le cadre des nouveaux critères nationaux sur l’assouplissement de la carte scolaire a bénéficié à 2000 élèves parisiens. Et selon l’inspection académique, 94 % d’entre entre eux auraient obtenu une place parmi leurs deux premiers vœux.  

Egalité de traitement

A Paris, où la sélection des dossiers par les proviseurs attirait de nombreuses critiques, le passage à l’ère informatique est plutôt vu d’un bon œil par les différents acteurs. Jusqu’à présent, les proviseurs de lycée « faisaient leur marché » en se passant les dossiers des élèves. Le système était notamment très décrié par les parents et certains proviseurs, en raison de son inégalité de traitement : "Lors de la commission d'affectation, je faisais très vite le plein sur les premiers vœux. Le temps que je transmette les dossiers non admis à mon collègue, lui aussi avait déjà rempli ses classes. Et ce, même si le dossier qui lui arrivait était de bien meilleure qualité ! C'était incohérent et injuste. La procédure informatique a le mérite au moins de garantir une égalité de traitement puisque tous les dossiers sont étudiés simultanément, sans que les proviseurs puissent trier les élèves en fonction de la réputation de leur collège d'origine", remarque Olivier Minne, proviseur du lycée Hélène-Boucher (20ème arrondissement).

Les notes représentent 40% dans le barème d’affectation 

es fédérations de parents d’élèves se montrent également satisfaites. «Le système informatique a le mérite d’introduire des critères plus visibles et équitables », estime  Dominique Dupuis, administratrice de la FCPE à Paris. Néanmoins, la Fédération, qui militait pour le retrait des notes dans les critères d’affectation – une spécificité parisienne - n’aura pas obtenu gain de cause. Même dans Affelnet, les notes obtenues en troisième et au brevet des collèges pèsent lourd : 40 % de bonus dans l’affectation en seconde. « Les lycées les plus demandés continueront donc de faire le plein dès le premier vœux, avec les élèves ayant obtenu les meilleurs résultats», décode Dominique Dupuis.

Un bilan plus détaillé du rectorat, prévu à l’automne, permettra d’évaluer si oui ou non la nouvelle procédure inaugure un réel rééquilibrage du nombre d’élèves entre établissements et une amorce de mixité sociale dans les lycées parisiens.  

Lydie Colders | Publié le