Allemagne : l'enseignement supérieur privé progresse

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland Publié le

Alors qu'il y a encore cinq ans, elles étaient aussi inconnues que la notion d'excellence aujourd'hui en vogue, les universités privées gagnent chaque année du terrain. Jusqu'à recevoir récemment l'appui du Conseil scientifique (Wissenschaftsrat - 1). Celui-ci vient de les identifier comme partie prenante de l'enseignement supérieur allemand et, pour la première fois, leur reconnaît le droit de participer aux appels d'offres qui permettent d'accéder à des programmes de recherche.

Ces universités, qui n'étaient que 23 en 1990, sont aujourd'hui 109. Elles sont exclusivement financées par des fonds privés – des entreprises pour la Jacobs University de Brême ou des instituts bancaires pour l'université des caisses d'épargne à Bonn, ainsi que des chambres de commerce et d'industrie (2). Leur essor correspond à plusieurs facteurs : boom des étudiants notamment suite à la décision de plusieurs Länder de ramener la durée de la scolarité de treize à douze ans , engouement pour la formation continue et notamment les MBA, et volonté politique de certains Länder (souverains en matière d'enseignement) de combler leurs lacunes dans certaines filières, comme c'est le cas dans le Bade-Wurtemberg et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Ajoutée à cette tendance, l'accession de plusieurs formations professionnelles privées (infirmières, kinésithérapeuthes...) au niveau universitaire.

Cette révolution dans le système universitaire allemand n'inquiète pas pour autant la fédération de l'enseignement supérieur (Hochschulverband) dont le porte-parole, Mattthias Jaroch, considère : «Tant que ces universités ne sont autorisées qu'à participer aux appels d'offres des programmes de recherche mais que leur financement reste exclusivement privé, elles ne constituent pas de concurrence frontale avec nos établissements ».



(1) Le Conseil scientifique est un organe fédéral qui dépend de l'Etat et des länder. Il est consulté sur le financement public des entités de recherche, sur le contenu de l'enseignement supérieur ainsi que sur sa structure.

(2) À noter que l'Allemagne héberge sur son sol une université de droit américain, la Schiller University d'Heidelberg. Elle n'est pas comptabilisée dans les universités privées allemandes.

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland | Publié le