L'IRT Jules Verne parie sur les formations en alternance

Sophie Blitman Publié le
L'IRT Jules Verne parie sur les formations en alternance
Vue du futur campus de l'IRT Jules Verne. // DR // © 
Un nouveau défi pour l'IRT Jules Verne. Après la recherche, le centre nantais mise sur la formation en alternance. En espérant obtenir de nouveaux financements du Grand emprunt.

Centre de recherche mutualisé dans le domaine des technologies avancées de production lancé en 2011, l'IRT (Institut de recherche technologique) Jules Verne s'est rapidement mis en ordre de marche. Après le recrutement de chercheurs, son directeur général Stéphane Cassereau s'attaque au volet formation.

" C'est essentiel dans le projet, même si la finalité première de l'IRT reste la recherche industrielle".  En effet, explique-t-il, "alors que les entreprises ont des besoins de recrutement, ce secteur manque de visibilité auprès des jeunes, tandis que les formations existantes doivent s'adapter à l'évolution des métiers. Notre objectif est de leur apporter des compétences à différents niveaux, de l'opérateur au docteur".

Tel est le projet que l'IRT va soumettre fin mai 2013 au Commissariat général à l'investissement, dans le cadre du programme "Investir dans la formation en alternance". Doté d'une enveloppe de 500 millions d'euros, celui-ci a déjà sélectionné deux vagues de lauréats, en 2011 et 2012, et reste ouvert jusqu'à fin 2014.

Mise en réseau de formations en alternance

Dans cette perspective, l'IRT Jules Verne a commencé à travailler pour "mettre en réseau" une centaine de formations en alternance liées aux technologies avancées de production en lycées professionnels, IUT, universités et écoles d'ingénieurs.

Jusqu'au niveau DUT et licence, seuls les acteurs de la région Pays de la Loire devraient être concernés (lycées professionnels, CFA AFPI, universités de Nantes, Le Mans, Angers). Aux niveaux master et doctorat, l'IRT souhaite élargir le dispositif à l'échelle nationale. Si sa voisine l'ENSTA Bretagne y trouverait sa place, des discussions seraient également en cours avec l'ENSTA ParisTech et les Mines de Douai.

A travers le partage de pratiques et de moyens, l'IRT veut favoriser les relations entre établissements et entreprises, et surtout renforcer l'attractivité de ces filières qui peinent souvent à recruter des étudiants. "Organiser la semaine de l'industrie une fois par an ne suffit pas !, martèle Stéphane Cassereau. Il faut mener un travail de fond dans les collèges et les lycées, avec des actions sur la durée. Aussi voulons-nous utiliser l'image de l'IRT pour faire passer un message unique et provoquer un choc de communication auprès du grand public".

L'objectif : améliorer les taux de remplissage, en particulier des BTS et bacs pro qui avoisinent souvent les 60% aujourd'hui. "Nous visons les 100%, ce qui serait plus conforme aux besoins des entreprises", affirme le DG qui espère pouvoir afficher des premiers résultats concrets dès la rentrée 2014.

Utiliser l'image de l'IRT pour provoquer un choc de communication auprès du grand public (S.Cassereau)

Création d'un grand centre de ressources

Au-delà de l'aspect communication, l'IRT Jules Verne souhaite créer un grand centre de ressources en accueillant sur son site une vingtaine de formations en alternance, considérées comme innovantes et en pointe dans leur domaine. Portées par les établissements partenaires - puisque l'IRT n'est pas opérateur en la matière - elles bénéficieraient des moyens industriels de l'IRT.

Une dizaine de cursus existants doivent ainsi être revus, améliorés et transférés. Le projet prévoit autant de créations de formations, notamment un BTS en composite, un autre en soudage, un DUT ou une licence professionnelle en robotique, des spécialités usinage, composite et procédés industriels en école d'ingénieurs…

Les liens que l'IRT entretient avec le monde industriel valent comme garantie d'insertion professionnelle. En effet, "pour toutes ces formations, les entreprises partenaires s'engagent collectivement à recruter l'ensemble des jeunes diplômés", annonce Stéphane Cassereau, soucieux d'envoyer un signal fort. "L'alternance est une filière d'excellence", insiste-t-il. Un engagement fort des entreprises qui s'explique par l'assurance que les diplômés auront des compétences transversales, et pourront s'adapter ainsi aux besoins à venir des secteurs (aéronautique, automobile, énergies marines...).

Les entreprises partenaires s'engagent collectivement à recruter l'ensemble des jeunes diplômés (S.Cassereau)

Vers un véritable campus

Ce projet de centre de ressources comporte un volet immobilier important, avec la construction d'un bâtiment de 7.000 m2 et d'un hébergement permettant d'accueillir une centaine d'alternants.

A terme, "le centre de ressources rassemblera 500 étudiants, qui s'ajouteront au millier de chercheurs qui devraient s'installer sur le site à l'horizon 2020", compte Stéphane Cassereau. L'ambition de l'IRT est en effet de transformer la zone industrielle du Chaffault, où il est implanté, en véritable campus. Et d'inciter certains établissements partenaires à y délocaliser tout ou partie de leurs activités.

Dans cette perspective, l'appel à projets du Grand emprunt représente un enjeu décisif. Sans vouloir préjuger des résultats, Stéphane Cassereau se montre confiant. Le verdict est attendu entre septembre et décembre 2013.

Un projet de 30 millions d'euros
La construction du bâtiment du centre de ressources et l'achat d'équipements industriels représentent un investissement de 30 millions d'euros. D'après le plan de financement de Stéphane Cassereau, le Grand emprunt permettrait de financer 40% de ce montant, les collectivités locales et l'Etat 50%.

A cela s'ajouteraient des contributions privées d'entreprises et de l'IRT lui-même, qui prévoit d'investir 2 millions d'euros, et de contribuer au fonctionnement du centre à raison de 500.000 € par an.

 

L'IRT en chiffres
- Budget consolidé : 350 millions d'euros sur dix ans (un tiers est apporté par l'Etat, un tiers par les industriels, un tiers par les collectivités locales)
- Effectifs : 45 permanents dont 20 doctorants. Une quarantaine de recrutements est prévue en 2013, l'objectif étant à terme d'atteindre 250 personnes, dont 200 chercheurs.
- 38 membres (industriels, collectivités locales, établissements d'enseignement supérieur et organismes de recherche).
- 200 entreprises partenaires.

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