Artem Nancy : la première pierre d'un campus interdisciplinaire

Sophie de Tarlé, notre envoyée spéciale Publié le
Artem Nancy : la première pierre d'un campus interdisciplinaire
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Le projet Artem a fait le pari, il y a dix ans, de l'interdisciplinarité pour la ville de Nancy. Mais réunir pour des actions communes une école d'art, une école d'ingénieurs et une business school ne s'est pas toujours avéré simple. Le 23 novembre 2009, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, et Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, ont posé la première pierre de ce nouveau campus, qui réunira d'ici à cinq ans l'École nationale supérieure d'art (ENSA) de Nancy, l'École nationale supérieure des mines de Nancy (ENSMN), l'ICN Business School, l'ISAM-IAE et un centre de recherche scientifique, l'institut Jean-Lamour.

Le projet Artem a pris une dimension très politique avec la pose de la première pierre le 23 novembre à Nancy. Le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, et Anne Lauvergeon, présidente du conseil d'administration de l'ENSMN et présidente d'Areva, étaient présents. À l'instar d'André Rossinot, maire de Nancy, ils ont prononcé de vibrants discours au nom de la transdisciplinarité, vecteur d'innovation.

Le campus Artem devrait aboutir en 2014

Le site d'Artem devrait accueillir d'ici à cinq ans 4.000 étudiants et 700 enseignants-chercheurs. Dessiné par l'architecte Nicolas Michelin, ce campus sera situé sur les friches des casernes Molitor. Le projet global prévoit 70.000 mètres carrés construits pour un total de 200 millions d'euros. L'ENSMN intégrerait la première les lieux en 2012. Suivraient l'ENSA de Nancy en 2013 et enfin, en 2014, l'ICN Business School, l'ISAM-IAE et l'institut Jean-Lamour (réunion des laboratoires matériaux de l'École des Mines/INPL et ceux de l'université Henri-Poincaré).

L'interdisciplinarité et ses limites

Lancé en 1998, le projet Artem avait l'ambition de regrouper sur le site précité trois écoles : l'École nationale supérieure des mines de Nancy, l'École nationale supérieure d'art de Nancy et l'ICN Busines School. Le concept d'Artem était de favoriser l'interdisciplinarité entre différentes écoles complémentaires. Ensuite, le beau projet s'est enlisé. Pour Jean-François Laurent, président d'Artem, « si le concept n'a jamais posé question, on a sans doute sous-estimé les antagonismes entre les acteurs : écoles, universités, ministères... Et plus on attendait, et plus les budgets augmentaient en raison de l'inflation. » Antonio Guzmán, directeur de l'ENSA de Nancy, considère également qu'il n'est pas si facile de réunir autant de ministères sur un projet.

Depuis 2009, tous les espoirs sont permis

Dix ans plus tard, la situation a évolué. Les politiques s'y sont intéressés : la Communauté urbaine du Grand Nancy, le conseil général de Meurthe-et-Moselle, le conseil régional de Lorraine, l'Europe (FEDER), l'État (ministères de la Culture, de l'Enseignement supérieur, de l'Industrie).

Et les étudiants dans tout ça ?

En attendant l'ouverture du campus, des ateliers regroupent chaque vendredi des étudiants des différentes écoles. Environ 600 étudiants en bénéficient chaque année. Maxime, en section design, reconnaît que ces projets interécoles peuvent être intéressants : « Cela m'a permis de travailler avec un ingénieur sur un projet de micro-architecture, et il m'a aidé pour le calcul de portance en béton », reconnaît-il. Mais tous ne partagent pas le même enthousiasme. « Moi, par exemple, je fais de la peinture, et j'ai du mal à voir ce que cela peut m'apporter », s'interroge Thomas, en section arts. Mais tous sont unanimes et regrettent que le projet Artem ait pris autant de retard. Quand le campus sera construit, ils seront déjà diplômés.

Sophie de Tarlé, notre envoyée spéciale | Publié le