Assises : l’enseignement supérieur français, un système complexe

Franck Dorge Publié le
Assises : l’enseignement supérieur français, un système complexe
Assises // © 
Le comité de pilotage des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche a présenté, ce jeudi 20 septembre 2012, une synthèse des 85 auditions nationales réalisées depuis août. L’occasion de dresser un bilan d’étape avant la tenue, début octobre, des Assises territoriales et de pointer la complexité du système français.

"L’enseignement supérieur et la recherche ont atteint un niveau de complexité tel que notre système est devenu illisible. C’est le constat essentiel qui ressort de la synthèse des auditions nationales" explique Vincent Berger, président de Paris-Diderot et rapporteur du comité de pilotage des assises. "La complexité se constate dans de nombreux champs d’intervention différents, qu’il s’agisse de l’action internationale, de la valorisation, de l’organisation de la recherche ou de l’offre de formation, (…) proprement illisible pour les étudiants autant que pour les employeurs. Dans chacun de ces registres, la perte de cohérence d’ensemble nuit à l’efficacité." La priorité pour le comité de pilotage est désormais claire : simplifier le paysage.

"Pour le reste, indique Vincent Berger, rien n’est figé, il y a des discussions". Au menu des échanges : la réussite des étudiants, les conditions de recherche et l’organisation de l’enseignement supérieur et de recherche

Des critiques récurrentes sur la réussite en licence


Les auditions mettent à jour des critiques récurrentes sur l’accès aux études supérieures, la réussite en licence. Cependant, il n’y a pas de consensus sur les solutions à appliquer. Ainsi si pour les uns, il suffit d’améliorer l’information et l’orientation dès le lycée, d’autres prônent le renforcement des liens entre le lycée et l’université, notamment via des collaborations plus étroites entre professeurs agrégés/certifiés et enseignants-chercheurs ou encore la mise en place d’une sélection dès la première année, notamment pour les titulaires d’un bac professionnel.

Une concurrence exacerbée entre laboratoires


Un consensus se dégage des auditions pour décrier la concurrence exacerbée, entre les laboratoires, qui résulte des appels à projets des Investissements d’avenir. Les acteurs publics de la recherche réclament ainsi davantage de financement pérenne et moins de financement sur projet. Parmi les critiques les plus vives, une bonne partie porte sur l’ANR (Agence nationale de recherche). Si son existence ne semble pas remise en cause, en revanche, son rôle de programmation de la recherche l’est.


Autre problème, celui de la répartition des budgets de recherche sur les différents territoires. "Personne ne sait de quels budgets disposent exactement tel ou tel site de recherche". explique Vincent Berger. Pour lui, il est nécessaire qu’il y ait une sincérité budgétaire sur les financements dont chacun bénéficie.


Enfin, la question des coopérations public-privé, de la place des docteurs dans l’entreprise sont "autant de thèmes qui ont été soulevés et qui nécessiteront des solutions pour le redressement économique de la France", souligne Vincent Berger.

Un constat sévère sur la LRU


Sur la LRU, le constat est sévère : "en transférant nombre de compétences et de charges nouvelles dans les universités sans aide supplémentaire pour y faire face, la loi LRU a mis les universités dans des situations de gestion très difficiles".

La question de l’évaluation - notamment par l’AERES – suscite également de vives préoccupations. Si la communauté universitaire est habituée à l’évaluation en revanche ses contours, ses modalités pratiques et l’usage qui en est fait posent question.  

Ces auditions nationales reflètent essentiellement des prises de positions institutionnelles, associatives ou syndicales. Reste à savoir si les Assises seront l’occasion d’un réel engouement de la part de l’ensemble de la communauté étudiante et universitaire. Réponse aux Assises territoriales ?

Lire la note de synthèse du comité de pilotage

Franck Dorge | Publié le