Aurélien Dantan, 32 ans, postdoc en physique : « J’apprécie l’environnement technique mis à notre disposition »

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Aurélien Dantan, 32 ans, postdoc en physique : « J’apprécie l’environnement technique mis à notre disposition »
Aurélien Dantan - Arhus // © 
Arrivé il y a cinq ans au département de physique d’Aarhus, Aurélien Dantan, postdoc français de 32 ans, témoigne des conditions de travail des jeunes chercheurs dans son pays d’adoption.


Aurélien Dantan est en contrat postdoc en physique à l’université depuis 2006. Titulaire d’un doctorat (ENS-UPMC), ce jeune chercheur a rencontré son directeur de laboratoire actuel au cours d’une conférence. Sa motivation pour s’installer au Danemark était double : l’intérêt du projet de recherche et les bonnes conditions matérielles et financières. Ses travaux portent sur la physique quantique. « Il s’agit de recherche très fondamentale sur les interactions entre les atomes et la lumière », explique Aurélien. Des travaux qui peuvent déboucher par exemple sur « une nouvelle génération d’ordinateurs plus rapides ».

Un environnement de recherche adapté

Aurélien apprécie l’environnement de travail offert par son laboratoire : « Nous bénéficions d’un service technique très compétent qui nous fabrique des pièces mécaniques ou électroniques. Cela nous permet d’avoir des instruments à moindre coût et adaptés à nos besoins. En France, les chercheurs sont souvent obligés de commander ces appareils à des entreprises extérieures. Le système danois où l’on travaille en interaction avec les techniciens est plus rapide et efficace. » Dès son arrivée, le jeune expatrié a aussi bénéficié d’un logement mis à disposition par son institut de recherche.
 

Un salaire attractif

Côté salaire, Aurélien touche actuellement 3.000 € net d’impôts (prélevés à la source). Il estime qu’en France il toucherait « environ 2.000 € brut ». Surtout, le jeune Français a bénéficié d’un programme d’exemption d’impôts en faveur des jeunes chercheurs étrangers. « J’ai bénéficié de cette exemption d’impôts durant les deux premières années, ce qui m’a permis de doubler mon salaire. » Des conditions salariales à mettre en relation avec un coût de la vie plus élevé qu’en France : le Danemark est « l’un des pays les plus chers d’Europe ».
 

Un système de recherche à l’américaine

Au Danemark, le jeune chercheur a découvert un système de recherche à l’anglo-saxonne. « En France, quand on décroche un poste permanent, on intègre une équipe déjà constituée. Au Danemark, la création d’un poste de lektor, ou professeur associé, correspond généralement à l’ouverture d’un nouveau groupe de recherche, avec un seul membre permanent. Le système est moins hiérarchique, à la fois plus risqué et aléatoire, un peu à l’américaine. On prend plus de risques et il faut trouver ses propres financements. »

Des étudiants motivés pour les sciences

Parallèlement à sa recherche, Aurélien Dantan assure un cours par semestre d’environ 50 heures. « L’enseignement repose sur le volontariat et sur le sujet du cours. La plupart des collègues y participent. » Le chercheur se dit frappé par la motivation des jeunes Danois, un constat qui bat en brèche l’idée d’une désaffection pour les études scientifiques qui serait globale et planétaire. « Beaucoup d’étudiants sont intéressés par les sciences dures : le nombre d’inscrits est en augmentation régulière. Les jeunes ici n’ont pas peur de s’engager dans des études longues et, compte tenu du faible taux de chômage, ils ne s’inquiètent pas pour leur insertion professionnelle. »

Une meilleure qualité de vie

Marié à une Danoise rencontrée à l’université (sa femme est aujourd’hui professeur de lycée) et jeune papa, Aurélien n’envisage pas de rentrer en France. « J'espère obtenir prochainement un poste permanent de lektor à l'université, qui est à peu près l'équivalent d'un poste de maître de conférences en France ou de professeur associé dans d'autres pays. » Surtout, Aurélien apprécie la qualité de la vie et les avantages sociaux de l’État-providence danois qui finance les études des jeunes. Un rythme de travail globalement plus cool qui lui permet d’aller chercher son fils à la crèche à 16 heures et où les fins de journée à 19 heures restent exceptionnelles. « Les gens sont moins stressés qu’à Paris. J’apprécie d’habiter au bord de la mer et de mettre cinq minutes pour venir travailler à vélo. Ne plus prendre le RER m’a fait un choc ! »

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