Aux États-Unis, des jeunes diplômés paient pour obtenir des entretiens d'embauche

Jessica Gourdon Publié le
Aux États-Unis, des jeunes diplômés paient pour obtenir des entretiens d'embauche
La start-up Talentsworks garantit au moins un entretien d'embauche aux jeunes diplômés qui souscrivent un abonnement de 10 dollars par semaine. // ©  plainpicture/Westend61/Uwe Umstätter
REPÉRÉ DANS LA PRESSE AMÉRICAINE. De plus en plus de start-up proposent aux jeunes diplômés d'optimiser leurs chances de décrocher un premier entretien d'embauche. Ces plates-formes utilisent algorithmes et intelligence artificielle pour fournir un service à la carte, et payant.

Les plates-formes de recrutement en ligne, qui rassemblent, aux États-Unis, des milliers d'offres d'emploi, désorientent de nombreux jeunes diplômés, qui envoient parfois des dizaines de CV sans obtenir une seule réponse. Pour les aider dans leurs démarches, de nouvelles start-up proposent des services payants de coaching en ligne et d'aide à la candidature – à l'image de ParagonOne ou de GapJumpers. Cette dernière veut aider les patrons à diversifier leur recrutement avec des CV sans mention du nom du candidat, de son âge ou de l'université qu'il a fréquentée.

TalentWorks, une nouvelle start-up californienne, propose quant à elle un concept inédit : un abonnement de 10 dollars par semaine qui garantit au jeune diplômé d'obtenir au moins un entretien d'embauche dans son champ de compétences. Si la personne ne reçoit aucune convocation dans les 60 jours, son abonnement est remboursé. Le concept a séduit des investisseurs : TalentWorks vient d'annoncer une levée de fonds de 2,4 millions de dollars (2,1 millions d'euros), rapporte le magazine GeekWire.

Les algorithmes pour comparer les CV

En échange de ses 10 dollars par semaine, le jeune diplômé est mis en relation avec un coach personnel, qui le guide dans ses démarches. Pour cette somme, TalentWorks l'aide aussi à optimiser son CV en le comparant à des milliers de CV similaires, afin qu'il soit repéré par les algorithmes des sites de recrutement et des moteurs de recherche,

La start-up utilise par ailleurs des technologies d'intelligence artificielle pour scanner 50.000 offres d'emploi par jour, trouver les postes qui correspondent au profil du jeune, et préparer les formulaires en ligne. Le candidat n'a plus qu'à valider et envoyer sa candidature "en un clic", promet l'entreprise.

Des jeunes désemparés face à la recherche d'emploi

La montée en puissance de ces start-up de coaching et d'optimisation des candidatures en ligne pose de nombreuses questions, note pour sa part le magazine en ligne spécialisé en éducation, EdSurge, qui consacre un article à cette tendance. Ces nouveaux services instaurent-ils une concurrence déloyale entre ceux qui peuvent se payer ces abonnements et les autres ? Ou bien vont-ils devenir des passages obligés, notamment pour les jeunes disposant de peu de réseau ?

Niki Dickerson Von Lockette, professeure à Penn State, interrogée par Edsurge, estime quant à elle que l'essor de ces start-up témoigne surtout d'un phénomène : les étudiants sont de plus en plus inquiets et désemparés face à la recherche d'un premier emploi.

Aller plus loin
L'article sur Edsurge (en anglais)
L'article sur GeekWire (en anglais)

Jessica Gourdon | Publié le