Aux États-Unis, les universités vent debout contre le décret Trump

Jessica Gourdon - Mis à jour le
Aux États-Unis, les universités vent debout contre le décret Trump
Depuis la signature du décret migratoire, les manifestations de protestation se multiplient aux États-Unis. // ©  Henny Garfunkel/REDUX-REA
Signé par Donald Trump le 27 janvier 2017, le décret migratoire visant à restreindre l'entrée sur le territoire américain de certains ressortissants étrangers fait trembler les établissements du pays. Ces derniers craignent la mise en péril de tout le modèle d'enseignement supérieur national.

Peur, confusion, indignation, colère... Les campus américains sont sous le choc. Harvard, Princeton, Cornell, Texas A&M, les universités d'Arizona, de Floride, d'Iowa ou encore de Californie : depuis le 27 janvier 2017, les déclarations de présidents d'université se multiplient pour dénoncer le décret de Donald Trump interdisant l'accès au territoire américain aux détenteurs de visas issus de sept pays (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen). Des rassemblements de protestation ont eu lieu partout aux États-Unis.

Ce décret "est une violation stupéfiante des valeurs américaines les plus essentielles, les valeurs d'une nation d'immigrants", écrit le président du MIT (Massachusetts Institute of Technology), dans une lettre envoyée à tous les membres de l'établissement. L. Rafael Reif rappelle que 40 % de ses enseignants et 40 % de ses étudiants de master sont étrangers. Une cinquantaine d'étudiants du MIT sont directement concernés par ce décret.

17.000 étudiants issus des sept pays ciblés

Sur les campus, les effets de cette mesure sont en effet très concrets : 17.000 étudiants originaires de Somalie, de Syrie, d'Iran, d'Irak, de Libye, du Yémen et du Soudan seraient inscrits dans des institutions américaines. Des jeunes fortement incités par les universités à ne pas quitter le sol américain pendant les trois prochains mois, faute de pouvoir revenir.

La situation est particulièrement difficile pour ceux, étudiants ou professeurs, actuellement en vacances ou en séjour d'étude à l'étranger : des personnes qui se voient privées de retour, ne pouvant terminer leur cursus ou poursuivre leurs recherches.

En outre, les universités ne peuvent plus recruter ni étudiants ni enseignants-chercheurs issus de ces pays, la délivrance de visas étant suspendue.

Inquiétude sur l'attractivité internationale

Au-delà des situations personnelles dramatiques dénoncées par les universités, c'est, selon ces dernières, le cœur du modèle d'enseignement et de recherche à l'américaine qui serait en péril. "La collaboration internationale est au fondement d'un enseignement adapté au XXIe siècle", rappelle Lynn Pasquerella, présidente de l'Association of American Colleges & Universities, qui exprime, au nom de ses 1.400 universités membres, l'"inquiétude" de la communauté, et son attachement à des valeurs comme la diversité et l'équité de traitement.

Le président de la puissante Association of Public and Land-grant Universities, Peter McPherson, s'alarme quant à lui, dans un communiqué, du climat d'"incertitude" vis-à-vis de tous les étudiants internationaux que cette mesure va générer, et de l'effet sur l'attractivité des campus américains dans le monde, alors même que celle-ci est à la source du succès des universités américaines.

"Nous demandons à l'Administration de faire passer clairement le message que les États-Unis vont continuer d'accueillir les personnes les plus talentueuses issues de tous les pays pour étudier, enseigner et faire de la recherche, tonne l'Association of American Universities, qui compte 62 membres. Cela est vital pour notre économie et nos intérêts nationaux."

L'administration de Donald Trump, de son côté, justifie ce décret par la nécessité de protéger les frontières contre des attaques terroristes. Le président a par exemple réitéré qu'avec une telle mesure l'attaque menée en novembre par un étudiant radicalisé de l'Ohio State University, originaire de Somalie, n'aurait pas eu lieu, car il n'aurait pas été admis sur le territoire.

Jessica Gourdon | - Mis à jour le