Bac 2013 : les candidats essuient les plâtres en langues vivantes

Isabelle Maradan Publié le
Comme le prévoyait la réforme du lycée, il n’est plus possible de décrocher un bac général sans avoir été évalué à l’écrit et à l’oral en langues vivantes 1 et 2. Depuis leur annonce et tout au long de l'année scolaire 2012-2013, ces nouvelles épreuves ont fait l'objet de nombreuses critiques et inquiétudes. Et devraient encore faire parler d'elles d'ici la prochaine session.

La première fois n’est pas forcément la meilleure. Et les nouvelles épreuves de langues au bac n’échappent pas à la règle.
Sur le papier, l’idée d’évaluer les deux premières langues vivantes à la fois à l’écrit et à l’oral dans toutes les séries générales (et progressivement jusqu'à la session 2016 dans les séries technologiques) ressemble à une vraie bonne idée. Aucun enseignant ne l’a d’ailleurs contestée.
Dans les faits, les épreuves de langues modifiées cette année ont suscité bien des critiques et des inquiétudes.

Avant les oraux des séries ES et S…

Avant les épreuves d’expression et de compréhension orale proposées en cours d’année aux élèves de séries S et ES, Soizic Guérin-Cauet, professeure d’anglais au lycée Jean-Perrin de Rezé (44), était très réservée sur le mode d’évaluation envisagé. "On sait qu’un élève qui a 13/20 dans une classe en difficulté n’aurait pas la même note dans un contexte d’examen. Une épreuve terminale avec un professeur que les candidats ne connaissent pas permet d’éviter une notation différente selon le niveau de sa classe."

Dès le mois de juillet 2012, l’APLV (Association des professeurs de langues vivantes), reçue au ministère de l’Education nationale, avait pointé les problèmes que risquaient de poser la réforme des épreuves de langues au baccalauréat. L’APLV avait également demandé au ministère la création d’un groupe de travail à l’issue des épreuves de la session 2013 afin de clarifier la session 2014.

Principales critiques relevées en amont par les professeurs de langues : l’absence d’anonymat des candidats, la conception des sujets par les enseignants eux-mêmes ainsi que la longueur de l’épreuve finale orale d’un candidat au bac L passant à la fois la langue vivante approfondie (épreuve de spécialité) et la Lélé (Littérature étrangère en langue étrangère).
Sans compter le manque de consignes, de barèmes et de  "sujets 0 " dont Educpros s’était fait l’échos en janvier dernier, alors même que les enseignants devaient organiser les épreuves orales des séries S et ES au cours deuxième trimestre.

Après les oraux…

Après ces épreuves, le SNES-FSU, premier syndicat enseignant dans le secondaire, recensait, début avril 2013, des dysfonctionnements lors des épreuves de compréhension orale organisées en cours de formation. Le SE-UNSA dénonçait également des conditions de passation parfois insatisfaisantes pour les élèves et une charge de travail accrue pour les enseignants. A trois mois des épreuves, Educpros relevait que beaucoup d’enseignants se demandaient encore comment préparer leurs élèves à des épreuves de langues mal définies.

A l’issue des épreuves finales pour la série L…

Et les épreuves finales passées par les candidats au bac littéraire n’ont pas fait taire les critiques. Du côté des candidats, c’est le sentiment de désorganisation qui prévaut.
Lors de son oral d’espagnol, sa seconde langue vivante, Thomas Moysan, candidat dans la série L, a senti l’exaspération de son examinatrice, qu’il juge mal informée. "Elle m’a laissé 20 minutes de préparation au lieu de 10, s’étonnait le jeune homme à l’issue de l’épreuve. Et après les 10 minutes d’exposé oral prévues, j’ai eu 20 minutes de conversation avec elle, au lieu de 10".
Alors qu’il a ainsi eu l’impression de passer un véritable oral de spécialité en espagnol, la facilité de l’épreuve écrite de cette LV2 l’a déçu. "Ils se sont vraiment fichus de nous ! Pour les questions de compréhension en espagnol, il ne fallait que citer le texte et répondre à l’une des questions en français", s’étonne encore Thomas.

L’heure du bilan

Lancée le 21 juin 2013 par l’APLV, une enquête de terrain invitant les enseignants et examinateurs concernés à répondre à un questionnaire en ligne devrait permettre de dresser dès l’automne un bilan de cette session particulièrement floue du côté des langues. D’ici là, Thomas aura probablement décroché son diplôme. Mais il prévoit déjà de ne pas mentionner son obtention l’année de la réforme.

Quid de l'oral de rattrapage ?
"Logiquement il n'y a pas de rattrapage d'une épreuve orale par un autre oral, donc l’oral de rattrapage devrait venir remplacer la note d’écrit, mais c’est très flou, hésitait la secrétaire générale adjointe de l’APLV, mi-juin 2013, avant de se replonger dans le millefeuille des notes de services parues au bulletin officiel au sujet des nouvelles épreuves de langues vivantes.
En définitive, il faut consulter celle du 12 décembre 2012 parue au BOEN du 3 janvier 2013 pour assurer que la note obtenue à l’oral de rattrapage est bien affectée de la totalité du coefficient de l’épreuve de LV1 ou de LV2 correspondante. Un coefficient qui peut aller jusqu’à 8 pour les bacheliers de la série L qui ont choisi la langue vivante approfondie comme épreuve de spécialité. Plus que la philosophie !

Isabelle Maradan | Publié le