"Meilleurs bacheliers" : l’université rejoint les filières sélectives

Isabelle Dautresme, Camille Stromboni Publié le
"Meilleurs bacheliers" : l’université rejoint les filières sélectives
Les Staps font partie des filières à capacité limitée de l'université auxquelles les "meilleurs bacheliers" auront accès. // ©  Patrick Allard / R.E.A
Les universités devront réserver 15% des places maximum de leurs filières à capacité limitée (Staps, droit, psychologie, médecine…) aux "meilleurs bacheliers" qui s’y seraient vu refuser l'accès, d'après le projet de loi Égalité et Citoyenneté présenté mercredi 13 avril en Conseil des ministres.

Jusqu'à 15%. C’est la proportion que devront réserver les universités aux bacheliers méritants dans les filières "à capacité limitée", d’après le projet de loi Égalité et Citoyenneté, présenté en Conseil des ministres le 13 avril 2016.

Depuis la loi de 2013 sur l’ESR, les 10% de meilleurs bacheliers de chaque lycée ont un droit d'accès aux filières sélectives : BTS, DUT, prépas et écoles publiques. L’article 19 du texte élargit ce droit.

un DÉBUT DE SÉLECTION À L’UNIVERSITÉ ?

Désormais, les meilleurs bacheliers auront également accès à des formations universitaires non sélectives, mais pour lesquelles le nombre de candidatures est supérieur à celui des places disponibles. C’est-à-dire les filières "à capacité limitée". Soit, principalement, les Staps, la psychologie, le droit et la Paces (Première année commune des études de santé). Mais pas les doubles licences, précise la rue Descartes.

Les bacheliers faisant partie de ces "10% ayant obtenu les meilleurs résultats dans leur lycée" et qui ont effectué leur premier vœu pour une filière à capacité limitée à l'université sans l'obtenir y auront accès de manière quasi automatique. "Ce qui ne devrait pas prendre plus de 48 heures après l'annonce des résultats du bac", prévoit le ministère.

"Cette mesure permet de rétablir de manière volontariste l’égalité des chances pour l’accès aux études universitaires tout en en constituant un critère objectif et non discriminatoire", est-il écrit dans le projet de loi. Un dispositif que défend la CPU (Conférence des présidents d’université) depuis plusieurs mois. "Cela permettrait de rappeler qu'il n’y a pas d’abord des filières sélectives, puis des filières universitaires moins bien cotées", argumente  Jean-Loup Salzmann, son président.

un impact limité

Les deux principaux syndicats étudiants, l’Unef et la Fage, y sont en revanche totalement opposés. "Élargir le dispositif des bacheliers méritants aux filières universitaires sous tension revient à les assimiler à des filières sélectives et donc à planter la graine de la sélection à l'université", s'insurge Alexandre Leroy, président de la Fage.

Reste à voir l’impact de cette mesure. En 2015, 2.000 jeunes ont bénéficié du dispositif "bacheliers méritants". Combien bénéficieront d'un accés réservé en licences sous tension en 2016 ? Réponse à la rentrée 2016.

Isabelle Dautresme, Camille Stromboni | Publié le