Bientôt une sortie de crise pour l'université des Antilles ?

Géraldine Dauvergne Publié le
Bientôt une sortie de crise pour l'université des Antilles ?
L'université des Antilles et de la Guyane - novembre 2014 // ©  G. Dauvergne
Le marasme législatif dans lequel est plongée l'université des Antilles depuis des mois pourrait enfin trouver une issue mercredi 10 juin 2015. Mais la colère reste vive face au traitement du scandale financier qui ronge l'institution.

Voici peut-être le dénouement d'un rocambolesque feuilleton législatif. Le 20 mai 2015, l'Assemblée nationale a enfin adopté en nouvelle lecture, au terme de débats très houleux, le projet de loi portant transformation de "l'université des Antilles et de Guyane" en "université des Antilles". Alors que l'université de Guyane dispose de moyens et fonctionne officiellement depuis janvier 2014, la création de l'université des Antilles, amputée de la Guyane, s'enlisait depuis des mois...

À Paris, Des débats parlementaires houleux

Au cœur des tumultueux débats des parlementaires : une "innovation" ajoutée à l'unanimité par les sénateurs au projet de loi initial qui instaure l'élection groupée du président de l'Université et de ses deux vice-présidents, martiniquais et guadeloupéen. L'objectif de ce "ticket à trois" était d'endiguer le mouvement de décomposition de l'université ultramarine, en assurant la bonne entente préalable des futurs dirigeants.

Mais le gouvernement en a décidé autrement à la dernière minute, en apportant son soutien à deux amendements déposés par Victorin Lurel, député et président du conseil régional de Guadeloupe, et Serge Letchimy, député et président du conseil régional de la Martinique. Ils réinstaurent l'élection autonome, sur programmes distincts, du président et de ses deux vice-présidents, par les pôles guadeloupéen et martiniquais.

Mis en difficulté pour faire passer son texte en première séance, le gouvernement a obtenu en nouvelle lecture, et au forceps l'adoption du texte dans les termes qu'il souhaitait.  C'était sans compter la deuxième lecture : les sénateurs ont de nouveau ajouté au texte l'amendement qui fâche. Texte qui doit être revoté par les sénateurs le 10 juin !

En martinique, Des barrages sur le campus

Pendant ce temps-là, à Fort-de-France, l'ambiance est tout aussi électrique. Le 26 mai 2015, à 5h30 du matin, enseignants, étudiants et membres de la société civile forment des barrages à l'entrée du campus martiniquais, pour empêcher Fred Célimène, directeur du Ceregmia (Centre d'étude et de recherche en économie, gestion, modélisation et informatique appliquée), et son adjoint Kinvi Logossah, d'accéder à leurs bureaux.

La suspension pour un an à titre conservatoire de ces deux professeurs, suspectés d'être à l'origine d'importants détournements de fonds européens, devait prendre fin ce jour-là. Le scandale financier au cœur de l'UAG a été dénoncé publiquement par plusieurs rapports – de la Cour des Comptes à l'IGAENR, en passant par le Sénat –, mais aucune sanction, ni disciplinaire ni judiciaire n'a été prise à ce jour. Un conseil de discipline s'est bien tenu à l'université de Toulouse, les 27 et 28 janvier 2015, mais la décision se faisait encore attendre quand la suspension des deux universitaires touchait à sa fin.

Face aux troubles suscités par le retour annoncé des dirigeants du Ceregmia, la présidente de l'université, Corinne Mencé-Caster, a prolongé par arrêté leur interdiction d'accès au campus, afin "de garantir la sécurité des personnes, y compris celle des deux personnes concernées elles-mêmes". Par un curieux hasard de calendrier, le jugement de la section disciplinaire de Toulouse 1 est lui aussi attendu pour le 10 juin, tandis qu'une information judiciaire a été ouverte en avril, pour escroquerie aux subventions en bande organisée. Une nouvelle série juridique après le feuilleton parlementaire...

Géraldine Dauvergne | Publié le