Big data ou big brother ? L'innovation made in USA

De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon Publié le
Big data ou big brother ? L'innovation made in USA
L'innovation made in USA // © 
REVUE DE PRESSE - ÉTATS-UNIS. Dans l'enseignement supérieur, les données sont une mine d'or dont l'exploitation ne fait que commencer, que cela soit pour étudier le moral des étudiants avec le projet Student Life, ou pour inventer de nouveaux types de classements des universités, comme Linkedin. Mais leur utilisation pose des questions éthiques sur leur potentiel usage commercial.

Student Life, l'app qui décrypte l'humeur des étudiants

À l'université de Dartmouth, un professeur a développé une application, baptisée Student Life et testée pendant dix semaines sur 48 élèves, qui vise à déceler les facteurs à la source du stress, de la dépression, ou de l'isolement chez les étudiants. Student Life utilise des capteurs de mouvements, le micro du téléphone, le GPS. L'application enregistre les périodes de sommeil, le nombre et la durée des conversations menées chaque jour, l'activité physique (temps de marche, etc.). Elle intègre d'autres données comme la présence en cours, les notes, le temps passé dehors... Plusieurs corrélations ont été établies. Par exemple, les étudiants qui dorment le plus, ou ceux qui ont le plus de conversations, tendent à être moins déprimés. Ceux qui ont de meilleurs résultats scolaires sont aussi les moins sportifs. Des graphiques ont mis en évidence l'évolution collective de différents facteurs chez les étudiants (fréquentation des salles de sport, niveau de stress, humeur) sur un semestre. Conçue comme un projet de recherche interne, cette application ouvre la voie à de multiples développements, et donne la mesure des données collectables et utilisables via un téléphone.

À lire dans le Chronicle of Higher Education

Linkedin fait aussi ses classements d'universités

Avec 259 millions de membres, Linkedin possède une immense base de données sur les carrières. L'entreprise vient de publier, pour la première fois, un classement des universités américaines, secteur par secteur. Pour cela, la firme a étudié la provenance des employés des entreprises les plus convoitées. Et pour déterminer quelles sont ces entreprises “désirables”, Linkedin a utilisé un algorithme qui prend en compte la propension des gens à quitter leur emploi pour ces sociétés, et la faculté de celles-ci à retenir leurs salariés plus que la moyenne. Les résultats ? On retrouve, sans surprise, les universités de la Ivy League. Mais Harvard est loin d'être systématiquement dans le peloton de tête, et des particularités sectorielles se dessinent.

À lire sur le Wall Street Journal

L'éthique des edtech sous surveillance

Le 7 octobre, une vingtaine d'entreprises des EdTech (fournisseurs de logiciels, d'applications pédagogiques, d'outils à destination des établissements, etc.) se sont engagées à adopter un comportement éthique vis-à-vis des données qu'elles recueillent sur les élèves. C'est-à-dire : ne pas les vendre, respecter certaines normes de transparence, ne pas cibler des publicités en fonction des comportements observés, limiter les données collectées à un strict usage éducatif. Un texte qui répond à des mobilisations d'associations parentales. Il fait aussi écho à une loi, signée en Californie le 30 septembre 2014, qui interdit aux entreprises du secteur d'utiliser leurs données pour des motifs qui ne seraient pas éducatifs.

À lire sur EdSurge

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