Bilan du quinquennat Sarkozy. Les effets limités du plan “Réussir en licence”

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Bilan du quinquennat Sarkozy. Les effets limités du plan “Réussir en licence”
Réussite Licence // © 
La révolution pédagogique n’a pas eu lieu. Malgré les moyens octroyés par le gouvernement et les initiatives mises en place par les établissements, les effets du plan pour la réussite des étudiants en licence restent encore limités. Le taux d'échec en licence n'a pas été divisé par deux, comme annoncé.

Ce qui a été annoncé

Présenté en décembre 2007 par Valérie Pécresse, le plan pour la réussite en licence visait à réduire de moitié le taux d’échec en première année à l’université sur une période de cinq ans (2008-2012). Concrètement, cela signifiait passer de 50 % d’échec à 25 %. Autres grands objectifs du plan : faire de la licence un diplôme d’insertion professionnelle aussi bien que de poursuite d’études, et porter en 2012 à 50 % d’une classe d’âge le taux de diplômés de l’enseignement supérieur, conformément à la stratégie de Lisbonne.

Les 730 millions d’euros annoncés par le ministère de 2008 à 2012 seront distribués aux universités en fonction de leur implication dans la rénovation du premier cycle. Les trois domaines d’intervention sont : la rénovation de la licence générale (565 M€), le développement de l’information et de l’orientation active (55 M€), l’implication des filières professionnelles courtes (110 M€).

Chaque année, l’État finance les projets des universités destinés à aider leurs étudiants à réussir leurs premiers pas à la fac (103 millions d’euros en 2009, 170 millions en 2010, 212 en 2011…). Des actions qui portent sur cinq grands axes : le renforcement de l’encadrement, l’organisation de dispositifs d’accueil des nouveaux arrivants, les mesures pour les étudiants en difficulté, la professionnalisation des cursus et l’évaluation des enseignements. Outre la rénovation du contenu de la licence (avec une première année pluridisciplinaire et une spécialisation progressive au fur et à mesure des trois années), le plan prévoit notamment l’information des lycéens à travers l’orientation active et l’élargissement de l’accès aux filières professionnelles (IUT et BTS) en priorité vers les bacheliers technologiques, professionnels ou les étudiants en échec.



Ce qui a été fait


La grande majorité des universités a mis en place des actions de soutien
dans le cadre du plan “Réussir en licence” . Selon le dernier rapport du comité de suivi de la licence, 96 % des universités ont instauré le tutorat pédagogique (non obligatoire dans la majorité des cas) et 93 % ont désigné un enseignant référent pour les étudiants de première année, afin de répondre à leurs interrogations les plus diverses et parfois d’instaurer un dialogue avec ceux qui sont les plus en difficulté.
Toujours selon le rapport du comité de suivi, un tiers des universités ont diminué la taille des groupes en travaux dirigés dans tous les domaines disciplinaires de l’établissement, près des deux tiers ont procédé à cette réduction dans certaine disciplines seulement. C’est dans les filières scientifiques que cette disposition a été le plus appliquée. Enfin, 94 % des universités déclarent avoir diversifié leurs méthodes pédagogiques (mise en ligne des cours, organisation de colles, etc.).

Le 12 juillet 2011, le CNESER (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) a adopté un nouvel arrêté relatif à la licence modifiant celui de 2002 , qui définit les grandes lignes du diplôme (organisation, validation…) et intègre les avancées du plan de réussite (enseignant référent, tutorat…). La plupart des nouvelles mesures prévues par l’arrêté, comme la fixation d’un volume horaire minimal de 1.500 heures sur l’ensemble de la licence, sont destinées à entrer en application à la rentrée 2012 .

Ce qu’en pensent les acteurs concernés


Plusieurs rapports
successifs ont dressé un bilan plutôt sévère du plan de réussite en licence. Le dernier rapport de la Cour des comptes (février 2012) estime que le plan n’a pas fait l’objet, de la part du ministère, “d’un pilotage et d’un suivi garantissant l’efficacité de cette dépense publique supplémentaire”. Si la Cour des comptes reconnaît que “les universités se sont mobilisées pour mieux accompagner” les étudiants, elle estime cependant que “la relation entre cette dynamique et le plan Réussir en licence demeure difficile à apprécier”.

Par ailleurs, et en ce qui concerne les crédits, la Cour observe qu’ils “ont été le plus souvent sous-consommés, les reliquats étant venus abonder le fonds de roulement général des universités. Certaines en ont profité pour réaliser des opérations d’investissement n’entrant pas strictement dans le cahier des charges du plan et n’ayant pas de rapport direct avec la réussite des étudiants”.
“Le plan a permis de généraliser des actions qui existaient déjà, comme celles du tutorat, estime Nicole Nicolas, chargée de mission à la CPU. Mais le cahier des charges est resté trop vague sur la question de la pédagogie ou de nouvelles formes d’évaluation.”

Pour aller plus loin

- Le texte de l''arrêté licence"

- Le rapport du comité de suivi licence en pdf

- Le rapport Cour des comptes sur le plan en pdf

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