Budget 2013 : la CDEFI mitigée sur la dotation des écoles d'ingénieurs

Sophie Blitman Publié le
Si la CDEFI dénonce une baisse des moyens dévolus aux écoles d'ingénieurs, elle se dit relativement satisfaite d'avoir obtenu des postes supplémentaires, et estime être désormais davantage écoutée par le ministère.

Après plusieurs semaines de négociation, les écoles d'ingénieurs ont reçu leur dotation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Bilan pour la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) : les établissements se retrouvent dans une situation économique "problématique".

Crédits de fonctionnement en baisse

Alors que le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche est en hausse de 2,2 %, le président de la CDEFI Christian Lerminiaux pointe une diminution des crédits de fonctionnement des écoles d'ingénieurs de 2,6 %. En outre, souligne-t-il, l'inflation n'est pas prise en compte, pas plus que le glissement vieillesse technicité (GVT). Dès lors, "certains établissements ne seront pas à même d'assurer la progression de carrière de leurs personnels jeunes", affirme Christian Lerminiaux. A moins de supprimer des postes de personnels en CDD. Au niveau national, cela représenterait d'après lui de 15 à 30 postes.

 "relative satisfaction" sur le Nombre de postes et la mise en réserve de credits

Toutefois, au-delà de cette baisse des moyens, la CDEFI estime avoir été "un peu entendue sur deux points majeurs" : le nombre de postes et la mise en réserve de crédits.

En effet, 30 postes supplémentaires ont été accordés aux écoles d'ingénieurs : "20 d'entre eux sont liés à la sous-dotation d'une douzaine d'écoles, les 10 autres étant répartis sur des critères de politiques de site", détaille Christian Lerminiaux. Par exemple, le futur Insa Centre Val de Loire devrait recevoir quelques postes afin de soutenir la création du nouvel établissement issu de la fusion de l'ENSI Bourges et de l'ENIVL. Au final, ces 30 postes compenseraient les CDD supprimés. "Dont acte", répond le président de la CDEFI. Les écoles essaient de réduire autant qu'elles le peuvent leurs coûts de fonctionnement.

Si les écoles d'ingénieurs acceptent de participer à l'effort national demandé par le gouvernement en temps de crise, "il faut avoir conscience que ce ne peut être que temporaire, souligne Christian Lerminiaux, et que les dotations témoignent d'un très grand point d'inflexion par rapport à ce que nous avons connu depuis quatre ou cinq ans".

Conséquence : les écoles essaient de réduire autant qu'elles le peuvent leurs coûts de fonctionnement. Cela se traduit, par exemple, par des fermetures plus longues pendant l'été ou la période de Noël : "si je ferme l'école, je ne chauffe pas, ce qui me permet de gagner environ 5.000 € par jour, calcule le directeur de l'UTT. En une semaine, on obtient l'équivalent d'un poste !"


Si je ferme l'école, je ne chauffe pas, ce qui me permet de gagner environ 5.000 € par jour. En une semaine, on obtient l'équivalent d'un poste ! (C. Lerminiaux)


D'autre part, les écoles d'ingénieurs ont obtenu du ministère qu'il diminue leur part de réserve, comme c'est le cas pour les universités. De 1,7 % des crédits de fonctionnement en 2012, ces moyens bloqués ne représentent plus cette année que 0,8 %, soit un peu moins de 150 M€. Un montant non négligeable qui "nous libère une certaine marge de manœuvre", respire Christian Lerminiaux, satisfait de voir que "nous sommes aujourd'hui un peu plus sur l'écran radar du ministère que nous ne l'étions à la rentrée. Mais c'est un combat de tous les instants".

Vers des contrats pluriannuels d'objectifs ?

Plus largement, la CDEFI entend être partie prenante des réformes qui pourraient voir le jour dans les mois à venir. En particulier, "l'un des chantiers vitaux pour le pays aujourd'hui est celui de la réorganisation de la filière technologique, affirme Christian Lerminiaux. Dans cette persptective, nos écoles d'ingénieurs sont prêtes à sortir de leur tour d'ivoire, à partager leur savoir-faire et à intervenir dans des formations".

Cependant, prévient-il, il s'agit là d'un chantier de long terme qui demande des moyens pérennes. D'où la nécessité, pour la CDEFI, d'instaurer de véritables contrats pluriannuels d'objectifs qui permettraient aux écoles d'avoir une meilleure lisibilité. Christian Lerminiaux a bon espoir : la DGESIP (Directrice générale pour l'enseignement supérieur et l'insertion professionnelle, ndlr) nous a entendus". Après des débuts difficiles, une nouvelle ère de dialogue pourrait s'être ouverte.

Sophie Blitman | Publié le