C. Drucker-Godard : "La rigueur et l'éthique devront continuer de guider le travail de la CEFDG"

Cécile Peltier Publié le
C. Drucker-Godard : "La rigueur et l'éthique devront continuer de guider le travail de la CEFDG"
La CEFDG pourrait modifier le référentiel d’évaluation rénové, rendu public en janvier 2017. // ©  Université Paris-Nanterre
À la tête de la CEFDG depuis octobre 2017, Carole Drucker-Godard entend améliorer la communication de la Commission et se pencher sur les sites délocalisés, ainsi que sur les procédures d'accès aux écoles de commerce. Le grade de licence, lui, attendra encore un peu. Entretien.

Vous avez pris la présidence de la CEFDG (Commission d’évaluation des formations et des diplômes de gestion), succédant à Véronique Chanut en octobre 2017. Pourquoi avoir brigué ce poste ?

Je ne l’ai pas brigué, on me l’a proposé ! Le ministère m’a sollicitée avant l’été, pour une nomination effective début octobre. Plusieurs personnes, dont j’ignore les noms, auraient suggéré le mien. Je ne m’y attendais pas, cette proposition m’a flattée.


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Vous avez effectué l’ensemble de votre carrière à l’université Paris-Nanterre. Comment appréhendez-vous cette arrivée dans le milieu des écoles de commerce ?

Avec beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme ! En effet, je suis issue de l’université et présider la CEFDG est une chance pour mieux connaître l’enseignement supérieur privé. Malgré des différences importantes en termes de moyens, de gouvernance ou de culture, les écoles et les universités effectuent quasiment le même travail et ne constituent pas deux mondes séparés.

Ces trois dernières années, j’ai présidé le jury d'admission et de diplomation d’une école de commerce, et, dans le cadre de mes travaux de recherche en management stratégique, j’ai régulièrement travaillé avec des collègues enseignant en école de management. La commission est toujours présidée par un ou une universitaire, même si je fais partie des nouveaux venus, sur le fond, la continuité est assurée par les membres, dont la moitié seulement a été renouvelée.

Vous occupez depuis plus de deux ans des activités de direction à Paris-Nanterre. Cela a-t-il pesé dans votre décision d’accepter la présidence de la CEFDG ?

J’ai été un an vice-présidente déléguée à la formation initiale et à l’innovation pédagogique, puis, depuis un an et demi, vice-présidente "conseil des directeurs". Mon objectif était de favoriser la participation des directeurs de composantes à la stratégie de l’établissement. Ce rôle de coordination et d’animation d’équipe m’aidera sûrement dans mes nouvelles fonctions.

En tant que présidente de la CEFDG, je serais amenée à coordonner le travail, à relayer l’information et à rendre des arbitrages si nécessaire. Mais il n’est pas question de dire aux membres de la commission : "C’est moi la présidente, c’est moi qui commande". Nous sommes un collectif et j'ai toujours travaillé dans le consensus.

En décembre 2017, vous avez rencontré l’ensemble des directeurs et directrices d’écoles de management. Quel message leur avez-vous délivré ?

J’aurais pu attendre l’été pour les contacter, après avoir avancé sur les premiers dossiers, mais j’ai préféré solliciter rapidement une rencontre. J'aime échanger, j’ai besoin de connaître les gens et qu’ils me connaissent, afin de travailler en confiance. J’ai choisi de rencontrer les directeurs et directrices en deux temps, pour mettre des visages sur des noms, en m'étant énormément documentée sur l’actualité des établissements en amont.

Les étudiants, que j’ai beaucoup côtoyés en tant que directrice de licence et de master, doivent être au centre de nos préoccupations.

Je leur ai d'abord présenté la nouvelle commission, puis je me suis présentée et ai expliqué comment mon expérience aiderait la commission à avancer. Les étudiants, que j’ai beaucoup côtoyés en tant que directrice de licence et de master, doivent être au centre de nos préoccupations. J’ai beaucoup insisté aussi sur les notions de rigueur, d’éthique et d’équité qui continueront à guider notre travail.

Quel est votre plan de travail pour les mois à venir ?

D’une manière générale, nous travaillerons à améliorer la communication de la commission à travers la refonte de notre logo et de notre site Internet. Ce dernier devra ensuite être actualisé régulièrement, afin de devenir un outil d’information pour le grand public. Nous verrons également avec les écoles comment utiliser leurs supports de communication pour renforcer notre notoriété et valoriser ainsi leur travail et le nôtre.

Enfin, nous nous pencherons sur les sites délocalisés, en France et à l’étranger, qui se multiplient ainsi que sur les formations hybrides (manager-ingénieur, manager-designer...) pour lesquelles nous recevons de plus en plus de demandes, ou encore sur les modes d’accès aux écoles, qui se diversifient au fur et à mesure que les établissements grossissent.

Ces résultats pourraient nous conduire à compléter et modifier le référentiel d’évaluation rénové, rendu public en janvier 2017 par la CEFDG. Je réunirai sans doute les directeurs et directrices d’ici à l’été 2018, pour un point d'étape sur l’avancée de nos travaux.

Le manque de moyens dont souffre la commission ne risque-t-il pas d’être un obstacle ?

Non ! Certes, les membres de la Commission sont souvent sollicités, et être rapporteur demande énormément de travail, ce serait donc mieux de disposer de plus de moyens. Mais à partir du moment où ils ont accepté de faire partie de la commission, ils sont tous très impliqués et très professionnels.

La communauté des écoles de commerce est traversée par un débat sur la nécessité de privilégier un modèle de "research school" ou la possibilité de faire coexister des "research" et des "teaching schools". De quelle manière tiendrez-vous compte de cela dans vos critères d’évaluation de la recherche ?

Nous n’allons pas trancher de manière radicale en faveur de l’un ou l’autre de ces deux modèles. En revanche, nous tenterons de réfléchir à l’intérêt de valoriser tel ou tel type de contribution intellectuelle.

La CEFDG a remis début 2017 au ministère un projet de référentiel prenant position en faveur de la création d’un grade de licence pour les formations en gestion. Est-il toujours d’actualité ?

J’ai pris connaissance de ce référentiel avec beaucoup d’intérêt, mais le ministère est suffisamment occupé pour l’heure par la mise en place du Plan étudiants. Le projet n’est pas enterré et je suis tout à fait consciente des attentes des directeurs en la matière. Ce grade est un enjeu important pour encadrer la qualité des Bachelors.

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