Le port du niqab par certaines de vos étudiantes a provoqué la fermeture pendant quinze jours de votre université fin 2011. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Seules 4 à 8 étudiantes sont concernées, mais avec les médias qui se sont emparés de l’affaire, ça a créé une tension supplémentaire. Nous avons été obligés de fermer l’université pendant 15 jours avant les vacances d’hiver. Il y a eu un sit-in, organisé par une minorité agissante, dans l’administration. Il y a eu des agressions verbales envers le doyen et des intimidations envers le personnel. C’est une forme de violence qu’on ne peut pas tolérer.
La question du niqab a également été soulevée dans d’autres universités tunisiennes, pourtant seule la Manouba a été contrainte de fermeture. Pourquoi ?
C’est la plus ancienne université de lettres du pays, avec des enseignants de qualité. Nous jouissons d’une réputation d’indépendance qui existait même à l’époque de Ben Ali. Et puis à partir du moment où les médias ont commencé à parler de la situation ici, ca cristallisé le débat.
Comment vont se dérouler les examens ?
Ils se déroulent normalement malgré des violences. Les étudiantes portant le niqab ont rendu leur copie mais elle ne sera pas corrigée puisque les professeurs n’ont pas pu s’assurer de leur identité. Les professeurs exigent de dispenser leurs cours et de faire passer les examens à visage découvert. Cette règle doit être respectée.
Envisagez vous que la police se réinstalle dans les campus, comme avant la révolution ?
Non. En revanche, elle doit intervenir pour déloger ceux qui occupent illégalement l’université et pour contrôler à l’extérieur que les personnes qui entrent sur le campus sont bien étudiants ici. La justice doit punir ceux qui sont à l'origine des violences.