Cinq écoles d'ingénieurs se lancent dans l'apprentissage en deux ans

Laura Makary Publié le
Cinq écoles d'ingénieurs se lancent dans l'apprentissage en deux ans
Les élèves ingénieurs pourront désormais choisir d'effectuer une année en formation initiale, suivie de deux ans en apprentissage. // ©  ECAM Lyon - Stéphane Rambaud
C'est acté : les écoles d'ingénieurs pourront proposer à leurs élèves un cursus en apprentissage en deux ans, au lieu de trois. La Commission des titres d'ingénieurs l'a annoncé lors de son colloque annuel, le 13 février 2018. Cinq établissements testeront cette nouvelle formule. Focus sur les expérimentations prévues à Télécom ParisTech et à l'Efrei.

Les cinq noms ont été dévoilés lors du colloque annuel de la CTI (Commission des titres d'ingénieurs), le 13 février 2018 : Télécom ParisTech, l'Efrei Paris, l'Ensisa, l'Ensta ParisTech et l'Ecam-EPMI ont retenu l'attention de la CTI, parmi les dix dossiers reçus par la commission. Ces établissements expérimenteront un apprentissage en deux ans en cycle ingénieur, après une année de formation initiale. Une formule auparavant impossible, l'apprentissage, choisi par 15 % des élèves ingénieurs, devant obligatoirement s'étendre sur trois années.

Avant de se lancer à la rentrée 2019 dans leur grande majorité, ces écoles pilotes devront déposer un dossier auprès de la CTI, comme pour toute création de cursus, dans le cadre de la future campagne d'accréditation.

Avec cette expérimentation, la Commission des titres souhaite ouvrir l'apprentissage à de nouveaux profils, notamment aux élèves issus de prépa intégrée ou de CPGE (classe préparatoire aux grandes écoles). La stratégie et le public visés par ce nouveau type de cursus varient selon chaque établissement.

À Télécom ParisTech, une ouverture aux DUT

Proposer un cycle ingénieur composé d'une première année de formation initiale, suivie de deux ans en apprentissage intéresse depuis longtemps Télécom ParisTech, qui avait testé cette formule entre 2013 et 2015. "Nous avons expérimenté ce modèle, avec l'idée d'accueillir des publics issus de DUT notamment. La première année permet de réduire l'écart technique et, par la suite, d'amener ces étudiants au même diplôme que ceux issus de CPGE. Mais cela n'était pas conforme aux règles de la CTI, nous avons donc suspendu la filière. Cette expérimentation nous permettrait de remettre la machine en route, en étant, cette fois, dans le cadre", détaille Bertrand David, directeur de la formation initiale au sein de l'école d'ingénieurs.

Avec cette nouvelle voie, Télécom ParisTech vise un effectif de 15 à 20 élèves. Ils disposeront en première année d'une pédagogie particulière et de cours réservés, en mathématiques et en physique entre autres, mais retrouveront les élèves de la formation initiale classique pour les projets. L'école souhaite ouvrir ce cursus à la rentrée 2019. "Cette date coïncide avec notre déménagement sur le plateau de Saclay. Cette synchronisation sera intéressante : nous serons proches de l'Ensta ParisTech, qui participe également à cette expérience, nous pourrons travailler ensemble sur cette formation et mutualiser nos forces", estime Bertrand David.

À l'Efrei, un accès à l'alternance pour les élèves de CPGE

Autre projet retenu par la Commission des titres d'ingénieurs, celui de l'Efrei Paris, école tout récemment fusionnée avec l'Esigetel. Pour l'établissement, cette expérimentation permettra avant tout d'ouvrir un accès à l'apprentissage aux élèves issus de prépa scientifique. "Celle-ci était jusqu'alors quasiment exclusivement réservée aux jeunes admis par admission parallèle, notamment de DUT. Les élèves de CPGE n'ont souvent jamais mis un pied dans une entreprise. Cela ne leur parle pas et les entreprises ne sont pas intéressées par leurs profils pour une alternance dès leur intégration", constate Frédéric Meunier, directeur de l'Efrei Paris.

D'où l'idée d'une année de préparation, avant de chercher un contrat d'apprentissage de deux ans. "Cette voie que nous souhaitons ouvrir, dans le domaine du big data, s'adressera justement aux élèves issus de CPGE, en leur offrant une année de mise à niveau technique, avant de passer les deux dernières années du cycle ingénieur en apprentissage. Cela concernera une trentaine de jeunes chaque année", précise Frédéric Meunier. Cette ouverture est prévue à la rentrée 2019, ou 2020.

Si l'expérimentation fonctionne, les écoles d'ingénieurs auront donc trois voies d'alternance possibles : trois ans en apprentissage ; une année de formation initiale, suivie de deux d'apprentissage, ou, troisième option déjà existante, deux années de formation initiale, suivies d'une troisième en contrat de professionnalisation. Reste à voir si ce test sera ou non concluant.

Laura Makary | Publié le