Développement durable : des moyens encore insuffisants dans les universités et les écoles

Delphine Dauvergne Publié le
Développement durable : des moyens encore insuffisants dans les universités et les écoles
Clara Doly-Tacconi, présidente de l’association Cirses // ©  Clara Doly-Tacconi
Si le métier de responsable développement durable-responsabilité sociale se généralise dans les universités et les écoles, les établissements d'enseignement supérieur ne consacrent pas assez de moyens à cette thématique. Tel est le constat de la dernière enquête du Cirses (Collectif pour l'intégration de la responsabilité sociétale et du développement durable dans l'enseignement supérieur). Analyse avec Clara Doly-Tacconi, présidente de l’association.

Quelles évolutions peut-on constater sur les postes de responsable développement durable-responsabilité sociétale (DD-RS) ?

Depuis 2012, il y a une recrudescence du recrutement sur cette thématique dans les universités et les écoles. Cette fonction attire des administratifs, mais aussi de plus en plus les enseignants-chercheurs (31%), qui y trouvent de l'intérêt dans le cadre de leur enseignement ou de leur recherche. Les administratifs ont des missions plus centrées sur l'énergie du campus, par exemple.

Cependant, 70% des responsables exercent cette mission à temps partiel, ce qui est appréciable car cela permet de recruter des enseignants-chercheurs, mais aussi regrettable car cela traduit un manque de reconnaissance des établissements.

Les établissements sont-ils suffisamment engagés aujourd'hui ?

D'une manière générale, les établissements n'accordent pas assez de moyens au développement durable. Nous sommes en retard, comparé à des pays comme le Royaume-Uni, le Canada ou encore les pays scandinaves, qui mettent notamment en place des labels. Ce manque d'engagement s'explique par l'absence de stratégie clairement identifiée, qui n'aide pas les responsables DD-RS à obtenir plus de moyens. Mais la volonté est là, car l'économie d'énergie est aussi une économie financière...

La plupart des responsables n'ont pas de budget propre, ils travaillent de manière transversale avec les services. Seulement 32% des établissements ont un service dédié à cette thématique, avec un budget alloué. C'est le cas par exemple de l'université de Nantes, de l'Essec, des Mines, ou encore de la Comue de Lille. Les actions peuvent être plus faciles à mettre en place au niveau des Comue, car l'aspect territorial est important.

Le manque d'engagement [des universités et des écoles] s'explique par l'absence de stratégie clairement identifiée.

Quelles actions votre association va-t-elle mettre en œuvre pour favoriser ces investissements ?

Nous avons remarqué chez les responsables un important besoin de formation, nous allons donc créer un kit de démarrage, sous la forme d'un site Internet interactif, pour aider les nouveaux. Cela leur fera gagner beaucoup de temps, mais les aidera également à s'autoévaluer pour mesurer leurs actions et à s'inspirer des bonnes pratiques mises en œuvre dans d'autres établissements de notre réseau. En septembre 2015, nous allons également aider le ministère à mettre en place un label pour les établissements.

Un Collectif pour l'intégration de la responsabilité sociétale et du développement durable dans l'enseignement supérieur
Le Cirses (Collectif pour l'intégration de la responsabilité sociétale et du développement durable dans l'enseignement supérieur) a été créé en octobre 2013. Cette association à but professionnel compte aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents, répartis sur l’ensemble du territoire national. Elle vise à organiser et à structurer le métier de responsable développement durable dans les établissements d'enseignement supérieur français.

La CPU et la CGE ont porté la prise en compte du développement durable dans les établissements depuis 2007, et la création du Cirses en tant qu’association métier a su rassembler ces personnes au sein d’un réseau commun à l’ensemble des établissements.
Delphine Dauvergne | Publié le