Classement des universités européennes du CHE : la France garde la bosse des maths

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Vingt-deux universités françaises sont citées dans le classement 2008 du centre de recherche allemand CHE, élargi cette année à tous les établissements européens. Jusqu’à présent limité aux filières biologie, chimie, physique et mathématiques, il devrait incorporer dans un proche avenir les sciences politiques et la philosophie. Une source d’information intéressante à l’heure où la France veut établir un classement européen des universités.

Un palmarès fondé sur deux catégories de critères. Aux olympiades du centre de recherche sur l’enseignement supérieur de Gutersloh, médailles d’or, d’argent et de bronze ont été distribuées à 500 établissements parmi les 4 500 universités européennes éligibles à Erasmus. Deux catégories de critères ont été retenues : quatre indicateurs sont identifiés pour l’ensemble de l’enseignement supérieur et, pour les universités qui excellent pour trois de ces quatre indicateurs, une analyse plus approfondie est menée sur la base de questionnaires institutionnels. Les résultats obtenus par cet organisme indépendant montrent que l’Europe dispose d’un très haut niveau de recherche et d’enseignement dans les champs académiques
précités. La méthodologie, éprouvée dans un premier temps sur les universités allemandes, suisses et autrichiennes, a été étendue à toute l’Europe dans l’étude publiée en février dernier.


La France en mal d’excellence. L’étude du CHE repose sur une approche disciplinaire et multidimensionnelle des deuxième et troisième cycles de ces établissements. Ainsi, elle prend en compte les préférences des étudiants, le pourcentage de chercheurs féminins et internationaux ainsi que quatre critères « objectifs », tels le nombre de publications dans des revues de renommée internationale, les citations relatives au standard international, le nombre de scientifiques et de prix Nobel et les projets élaborés dans le cadre du programme de recherche Marie-Curie. On s’efforcera d’y voir un phénomène d’impartialité, cependant les universités allemandes, qui par ailleurs souffrent d’un manque de visibilité internationale, se tirent très bien de ces épreuves. Elles se disputent le haut du pavé avec leurs homologues britanniques, tant dans le groupe de tête que dans le classement d’excellence. Dans ce dernier, quatre-vingt-quatre médailles sont décernées aux universités d’outre-Rhin, dépassées par six établissements britanniques. La France arrive au deuxième rang du groupe de tête avec 122 nominations – juste après le Royaume-uni et l’Allemagne ex æquo. Notre pays peine en revanche davantage quand il s’agit d’excellence : il dispute, avec cinq universités et vingt médailles, le sixième rang avec l’Italie, pourtant beaucoup moins peuplée, comme le remarquent avec quelque ironie les auteurs de l’étude !

Physique et bio, lanternes rouges. Les mathématiques prédominent de loin dans les compétences de pointe françaises. À tel point que, dans le classement d’excellence, l’Hexagone arrache la deuxième place avec douze médailles. Il n’y est cependant représenté que dans cette discipline et en chimie. Dans le groupe de tête, les mathématiques placent la France au troisième rang européen, la chimie au quatrième rang ainsi qu’en physique où les universités françaises se disputent ex æquo la quatrième place avec la Suisse et les Pays-Bas. Même chose pour la biologie française qui, avec seulement vingt-cinq médailles, se range derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Paris 11 en tête des universités hexagonales. Au palmarès français, citons Paris-Sud 11 avec six figurations au classement, Rennes et Pierre-et-Marie-Curie-Paris 6, et enfin Paris 7-Diderot, Joseph-Fournier à Grenoble et l’ULP (Strasbourg 1). À signaler que la répartition géographique de l’excellence française est assurée du nord au sud et d’est en ouest. Et, surprise, le CHE tord le cou au mythe de la centralisation française : sur les 22 universités citées, seules six sont situées à Paris-Île-de-France. Néanmoins, le système universitaire français pâtit toujours de son caractère morcelé.Le classement du CHE, comme celui de Shanghai, plaide pour une politique de regroupement des forces dans le cadre des pôles de recherche et d’enseignement supérieur, où se retrouvent les universités et les écoles d’un même territoire.


Valérie Pécresse veut un palmarès européen des universités
Ce sera l’un des chantiers de la présidence française de l’Union européenne au second semestre 2008. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche veut en finir avec le monopole mondial du palmarès établi par l’université Jiao Tong de Shanghai. C’est pourquoi elle a constitué un groupe de travail informel pour définir des critères adéquats. L’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), mais aussi la Conférence des présidents d’université (CPU) devraient être mises à contribution sur ce dossier. L’objectif est de définir un « label qualité » des universités. « Nous devons, dans le cadre de la mobilité des étudiants, mettre en place un classement européen avec un label qualité, rappelait Valérie Pécresse fin février. Les critères devraient être définis au mois de septembre. Parmi eux pourraient figurer la qualité des formations, de la recherche, mais aussi des locaux ou encore de la qualité de vie sur les campus. » Selon nos informations, une grande conférence sur les indicateurs de comparaison internationale sera en outre organisée les 13 et 14 novembre 2008 à Nice.

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