Classes prépas : un collège national pour gagner en visibilité

Laura Makary Publié le
Classes prépas : un collège national pour gagner en visibilité
Pour les acteurs du secteur, le collège national des classes prépa permettrait aux CPGE d'être plus visibles en France comme à l'international. // ©  Camille Stromboni
Créer un "collège des classes préparatoires" national, regroupant toutes les CPGE françaises : c’est la proposition portée par plusieurs associations de classes prépas. L'objectif : faire front pour peser davantage en France comme à l'étranger.

Échanger davantage entre cursus, gagner en clarté et en visibilité en France et à l'international, au point de figurer un jour dans les classements internationaux... Voilà quelques avantages d'un collège national des classes prépas. L'idée de cette superstructure, qui regrouperait toutes les CPGE françaises, a été lancée par l'UPSTI (Union des professeurs de sciences et techniques industrielles), vendredi 14 octobre 2016, lors de son point de rentrée.

"Nous pourrions gagner en visibilité à l'étranger et nous retrouver bien placés dans le classement de Shanghai, étant donné que presque tous les prix Nobel français sont passés par nos classes préparatoires", lance Hervé Riou, président de l'association.

Une prise de position qui peut surprendre, quand l'ARWU (Academy ranking of world universities), organisme responsable du fameux classement de Shanghai, refuse encore de prendre en compte les Comue françaises. "Il faut créer la structure avant de résoudre cette question",  tempère Hervé Riou.

le collège national, "Un espace d'échanges"

Quoi qu'il en soit, les associations de professeurs de classes préparatoires sont unanimes sur les bienfaits d'un tel regroupement. Ce dernier permettrait de résoudre en partie "un problème institutionnel sur lequel reposent les prépas", estime Sylvie Bonnet, présidente de l'UPS (Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques). À savoir la gestion des CPGE par deux directions différentes : la Dgesco (direction générale de l'enseignement scolaire) pour l'éducation nationale et la Dgesip (direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) pour l'enseignement supérieur.

"Cet obstacle serait aplani par un tel collège national, qui pourrait regrouper des représentants de chaque direction, note la présidente de l'UPS. En 2013, lorsque nous avons introduit de nouveaux enseignements d'informatique dans les programmes des CPGE, la situation était complexe, car il était difficile pour la direction de l'enseignement scolaire, en charge des professeurs des classes prépas, de trouver des enseignants ! Un collège offrirait un espace d'échange et éviterait ces frictions."

Cette structure pourrait également rassembler des représentants des universités et fluidifier ainsi la signature des conventions, désormais obligatoires entre universités et classes préparatoires. "L'occasion de revenir sur les bonnes pratiques de chacun", souligne la présidente de l'UPS.

Restent à déterminer la structure et la gouvernance que prendra ce nouveau grand ensemble. Philippe Heudron, chargé des affaires internationales de l'APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales) et ex-président de l'organisme, suggère la mise en place d'"un établissement en réseau, avec, à sa tête, un recteur, nommé directeur du collège, et un conseil d'administration ouvert aux universités", regroupant les présidents des associations de professeurs et de proviseurs de lycées comptant des classes prépas, des représentants du ministère et de la CPU. "L'entreprise ne serait pas si complexe à monter, les prépas disposent déjà de programmes et de recrutements nationaux", plaide Philippe Heudron.

de trop grandes différences d'une académie à l'autre

Cependant, d'autres acteurs du secteur se montrent plus réticents. C'est le cas de l'APLCPGE (Association des proviseurs de lycées de CPGE) et de son président, Jean Bastianelli, sceptique quant à la possibilité pour ce collège d'apparaître dans un classement international. "Les prix Nobel ne travaillent pas dans nos établissements. Nous ne sommes pas concernés par le périmètre de Shanghai", pointe le proviseur. Ce dernier suggère plutôt des regroupements par académie, voire au sein même des Comue. "Il existe de trop grandes différences dans le paysage de l'enseignement supérieur d'une académie à l'autre", argumente-t-il. 

Alors que les discussions se poursuivent, l'UPS envisage de mettre en avant cette thématique, à l'occasion de la campagne présidentielle, comme l'indique Sylvie Bonnet : "Nous attendons simplement que le débat se tourne un peu plus vers l'éducation et la recherche..."

Neuf Comue dans le top 200 de Shanghai... d'après une simulation
PSL (Paris Sciences et Lettres) 25e du classement de Shanghai, Saclay 26e, Sorbonne Universités 40e et Université Sorbonne-Paris-Cité 52e. C'est le résultat d'une étude réalisée par Daniel Egret, chercheur et chargé de mission à PSL. Chaque année, depuis 2014, il propose une simulation de la place des Comue au sein du classement de Shanghai. Ainsi, en 2016, 17 regroupements français figureraient dans le top 500 du prestigieux classement international.

Pou rappel, en 2016, 22 écoles et universités françaises étaient classées dans le top 500 du classement de Shanghai, dont trois dans le top 100 et neuf dans le top 200.

Laura Makary | Publié le