Communication scientifique : réagir à l’actualité, mais surtout faire l’actualité

Sophie Blitman Publié le
Pour un service de communication, la tentation peut être forte de réagir aux événements en proposant aux journalistes LE spécialiste qui répondra à toutes leurs questions. Mais encore faut-il avoir les moyens de le faire. D’où l’intérêt de sélectionner ses points forts et d’imposer son tempo.

Au niveau de la presse locale, il existe souvent des liens directs entre chercheurs et journalistes : « Le service communication travaille plutôt sur l’institutionnel et les chercheurs préviennent eux-mêmes les médias quand ils sont porteurs d’un projet grand public », explique Carole Boudic, chef du bureau des enseignants à l’université Bretagne-Sud. Cependant, il reste une grande marge de manœuvre pour faire connaître les travaux. « Cela reste très ponctuel, témoigne-t-elle. Le grand public n’est globalement pas informé que l’université fait de la recherche, et encore moins dans quel domaine. »

Sur le plan national, il n’est pas évident non plus de réagir à l’actualité. « Dans l’idéal, repérer les compétences de ses enseignants-chercheurs permet de rebondir sur l’actualité. Mais dans la réalité c’est beaucoup plus compliqué et cela demande des moyens ! » constate Véronique Raoult, directrice de la communication de l’UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie), qui totalise quelque 5.000 chercheurs. Sans compter que, souligne-t-elle, « les sciences et la santé sont moins en prise avec les commentaires de la société que d’autres comme le droit ou l’économie ».

L’UPMC a donc identifié quelques thématiques phares sur lesquelles elle se prépare bien en amont. Par exemple la semaine Alzheimer : « Nous essayons d’avoir une approche transversale avec des médecins, mais également avec des spécialistes de la robotique qui travaillent sur des appareillages permettant d’améliorer le bien-être », précise Véronique Raoult.

Autre bonne pratique : réagir à un événement non pas directement, mais en le remettant en perspective. C’est ainsi que les révolutions arabes ont donné lieu, en avril 2011, à une publication par l’université Paul-Cézanne-Aix-Marseille 3 : intitulée Paroles d’experts, cette publication, lancée à l’initiative du président Marc Péna, a été suivie en septembre 2011 d’un second opus consacré à la Méditerranée. L’occasion de valoriser le savoir et les travaux de ses enseignants-chercheurs, sans courir après l’actualité.

Egalement au sommaire de ce dossier :

strong>- Sortir l'info des labos

strong>- Se constituer un carnet d'experts

strong>- Sensibiliser et former ses enseignants-chercheurs à la communication

strong>- Diffuser l'information au bon moment, dans le bons medias

- Interview de Jean-Michel Courty (UPMC/CNRS) : "Il faut associer les scientifiques à la communication"

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