Cours en anglais : l'Allemagne réintroduit l'allemand

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland Publié le
Si l'Allemagne a ouvert, depuis quinze ans, des filières en langue anglaise à l'université, elle y mêle aujourd'hui des cours en allemand. Regard outre-Rhin à l'heure de la polémique française autour des cursus en anglais dans les écoles et à l'université.

Bien avant la France, l'Allemagne a introduit il y a quinze ans l'anglais comme langue d'enseignement à l'université. Les établissements allemands avaient en effet pour souci de gagner en visibilité à l'international.

Pari réussi puisqu'aujourd'hui, nombre d'universités peuvent rivaliser avec leurs homologues britanniques ou américains. "Cette initiative a permis de recruter des étudiants étrangers d'un très bon niveau", se félicite Ulrich Grothus, secrétaire général adjoint de la DAAD (Deutscher Akademischer Austausch Dienst, Office allemand d'échanges universitaires).

Pour autant l'Allemagne, qui compte environ 600 filières enseignées en anglais (pour la plupart des masters), tempère aujourd'hui son engouement pour l'anglais. Son usage, autrefois systématique dès la première année de licence, est désormais très souvent accompagné de cours en allemand lors de la troisième voire la deuxième année.

"Nous avons en effet constaté que l'absence de maîtrise de la langue était un obstacle à l'intégration des étudiants étrangers à la société allemande et à leur participation à la vie culturelle du pays", précise Ulrich Grothus. Par ailleurs, dans nombre d'entreprises allemandes, très demandeuses en main d'oeuvre qualifiée, l'usage de la langue de Goethe reste incontournable.

L'université de Duisbourg-Essen, qui a été la première à proposer des cursus en anglais, a d'emblée pris conscience de cette nécessité. "Lorsque nous avons créé nos filières anglaises/allemandes en 1998, il était clair que si nous voulions conserver ces étudiants étrangers dans notre pays, il fallait rendre la langue allemande également obligatoire. Sinon ils nous auraient échappé une fois leur diplôme en poche après avoir profité d' études d'un très bon niveau et gratuites !", expose le professeur Axel Hunger, co-fondateur du programme International Studies in engineering (ISE).

Il reconnaît que l'anglais a à la fois donné une aura internationale et une nouvelle envergure nationale à sa faculté jusqu'alors plutôt régionale. Pour autant, si la parfaite maîtrise de l'anglais est un atout indéniable pour les étudiants allemands comme pour les PME allemandes orientées à l'international, l'université ne peut renoncer totalement à l'allemand. Une certaine forme de pensée allemande même en sciences de l'ingénieur, ne peut être anglicisée !

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