Idex : PSL, Sorbonne Universités et Paris-Saclay à l'épreuve de l'intégration

Céline Authemayou Publié le
Idex : PSL, Sorbonne Universités et Paris-Saclay à l'épreuve de l'intégration
L'Université Paris-Saclay bénéficie d'une période probatoire de 18 mois pour convaincre le jury de sa volonté de créer une université intégrée. // ©  Gilles ROLLE/REA
Depuis vendredi 29 avril 2016, les trois Idex franciliens qui bénéficient d'une période probatoire hésitent entre stress et soulagement. PSL, Sorbonne Universités et l'Université Paris-Saclay ont entre 18 mois et deux ans pour convaincre le jury. Avec l’obligation de se diriger, au cours des prochains mois, vers un modèle intégré et de travailler à leur visibilité, notamment via les classements internationaux.

Dans la guerre des nerfs que représente la compétition Idex, où les "recalés" font connaître leur incompréhension et les "confirmés" leur fierté, les "probatoires" se sont retrouvés, à la suite des résultats du 29 avril, dans un entre-deux.

"Les résultats du jury reconnaissent le travail accompli par les établissements membres de Sorbonne Universités et l'ensemble de leurs personnels", a communiqué sur son site l'UPMC, membre de Sorbonne Universités, qui a obtenu une période probatoire de deux ans. Ils constituent un vif encouragement pour l'UPMC à approfondir ses coopérations avec tous ses partenaires de Sorbonne Universités et à s'engager, avec confiance, dans la construction de la nouvelle université." Allusion faite au projet de fusion entre l'UPMC et Paris 4, annoncée pour janvier 2018.

Un "encouragement". C'est également le terme choisi par PSL (Paris Sciences et Lettres) pour commenter ses 18 mois de probation, se réjouissant, notamment sur Twitter, de cette "preuve de confiance" pour un "nouveau modèle universitaire".

Du côté de l'Université Paris-Saclay, qui a attiré tous les regards en décembre 2015 lors de la remise du rapport d'évaluation tant le consensus était fragile entre ses membres, l'heure était en revanche à la discrétionloin de tout communiqué ou de prise de parole sur les réseaux sociaux.

"Nous sommes satisfaits d'être toujours dans la course, reconnaît modestement Gilles Bloch, président de la Comue. Les résultats montrent bien qu'il s'agit d'un vrai examen, avec des gagnants... et des perdants."

De 18 mois à 2 ans pour "s'intégrer"

Une fois passé le cap de l'évaluation, les trois entités vont devoir mettre les bouchées doubles pour convaincre de la solidité de leur projet. Les résultats du 29 avril 2016 ont sanctionné lourdement les regroupements se détournant d'un modèle intégré, cher au jury. Le cas toulousain, qui a toujours prôné le modèle fédéral, est le plus emblématique.

Mais, en Île-de-France, où les regroupements sont hétérogènes, la fusion paraît également complexe. À Sorbonne Universités, tout repose sur le rassemblement de Paris 4 et de l'UPMC, à l'horizon 2018.

 À Paris Sciences et Lettres, il n'a jamais été question de fusion, comme Thierry Coulhon le rappelait sur EducPros en décembre 2015 : "PSL n'a jamais promis de fusion entre ses établissements." Pourtant, le message du regroupement est clair : dans son communiqué, publié le 2 mai 2016, PSL insiste sur sa volonté de créer "un nouveau modèle d'université intégrée"...

"La décision du jury crée une obligation"

C'est à Saclay que le débat autour de la notion d'intégration risque d'être le plus houleux. Il avait déjà agité les 18 membres de l'UPSay en décembre 2015. "Saclay a frôlé la correctionnelle, mais la période probatoire n'est pas une surprise, note Michel Berson, sénateur PS de l'Essonne et corapporteur de la mission "Recherche et enseignement supérieur" à la commission des finances. Les 18 mois obtenus devront permettre aux membres d'apporter la preuve tangible de leur volonté de créer une université intégrée. La prise de conscience est tout de même assez grande au sein des membres de l'université. La décision du jury crée une obligation et par conséquent va contraindre l'École polytechnique dans ce sens..." Cette dernière étant, sur le plateau, la moins encline à défendre ce modèle intégré.

"On voit très clairement que les modèles qui ne sont pas assez intégrés partent à la corbeille, analyse Gilles Bloch, qui avoue avoir été interrogé sans détours par le jury sur les "turbulences" de l'automne. 18 mois, c'est un temps très court, quand nous nous donnions quatre ans pour établir un nouveau modèle. Nous ne sommes pas encore arrivés à un consensus et cette accélération de rythme ne rend pas les choses simples." Un rythme que le jury voulait encore plus rapide, puisqu'il avait suggéré une période probatoire de 12 mois. Ramenée à 18 mois par l'État.

apparaître dans les classements internationaux

Une autre question, liée étroitement à celle de l'intégration, devra être réglée avant la prochaine évaluation du jury international. C'est celle des classements internationaux et de la place des regroupements dans ces derniers. La veille de la publication des résultats des Idex, le jury recevait les membres des regroupements évalués. Le message a été clair : les projets ne sont pas assez visibles et gagnent à être connus. Quoi de mieux qu'une place honorable dans un classement mondial pour exister sur le marché de l'enseignement supérieur ?

Reste à trancher l'épineuse question du nom de l'établissement qui pourra apparaître dans les classements. À Saclay, le sujet crispe notamment les anciens de l'X, pas prêts à voir disparaître Polytechnique des rankings à l'avantage de l'Université Paris-Saclay.

Dès le 2 mai, pour sa part, PSL annonçait, dans un communiqué, sa volonté de franchir une nouvelle étape : son intégration dans les classements internationaux. "Dès cet été, PSL transmettra ses premières données au Times Higher Education (THE) avant de mettre le cap sur Shanghai, dont les simulations la placent comme la 25e meilleure université du monde."

Valérie Pécresse veut "quatre Idex en Île-de-France"
Le "Grand emprunt", à l'origine des Programmes d'investissements d'avenir, avait été lancé lorsqu'elle était ministre de l'Enseignement supérieur. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, n'a pas tardé à réagir aux annonces du 29 avril 2016. Lors d'une conférence de presse dédiée à son plan lycée, l'élue a plaidé en faveur de quatre Idex franciliens et s'est dite prête à aider les regroupements, si besoin, jugeant "impensable" le fait de ne plus avoir d'Idex d'ici à deux ans, date de l'expiration des périodes probatoires.

Le 30 avril, sur son compte Twitter, elle annonçait déjà  vouloir s'engager "à élaborer une stratégie régionale universitaire et de recherche pour remporter les Programmes d'Investissements d'avenir".

Céline Authemayou | Publié le